• A saisir ! Esclaves européens en solde

    29 Juin 2013 par Nathalie Gathié

     

     http://www.marianne.net/A-saisir--Esclaves-europeens-en-solde_a229642.html

     

    Ils viennent trimer sur les chantiers, dans les transports ou les abattoirs, pour 3 à 6 € l'heure, au mépris de toutes les règles de sécurité. Et le plus légalement du monde. Car ces travailleurs "low cost" sont tous européens.

     

    http://www.marianne.net/photo/art/default/970658-1148688.jpg?v=1372438897

    Augusto de Azevedo Monteiro voulait gagner sa vie. Il l'a perdue. Maçon détaché en France par EYP, une boîte portugaise, cet ouvrier usinait sur l'air très en vogue de la sous-traitance à bas coût dans la gadoue d'un chantier de Spie Batignolles, à Villeneuve-la-Garenne. Le 6 décembre, il est mort écrasé par une dalle qu'un coffrage hâtif à force de cadences infernales n'a pas su contenir. 

    Enfant d'Esposende, ville voisine de Braga irriguée par la crise et ses misérables affluents, Augusto de Azevedo Monteiro avait 35 ans, une famille et plus un euro rouillé en poche. Les 565 € brut de son dernier Smic flambés, ses allocations chômage taries, il avait opté pour une mission en France. « Notre pays agonise et nous constituons une main-d'œuvre bon marché, confie une salariée francophone d'EYP. On sait que Spie fait appel à nous parce que nous coûtons moins que nos concurrents français. » 

    Roumaines, polonaises, espagnoles ou portugaises, les plaques d'immatriculation des camionnettes de société ou d'agences d'intérim alignées sur le parking de Villeneuve-la-Garenne disent la géographie de la crise. A en croire le communicant de Spie, pourtant, « EYP a été préféré à deux candidats hexagonaux pour des raisons de disponibilité, rien d'autre ! » Les Portugais parlent plus clair : « Nous n'avons presque plus de clients locaux et, quand c'est le cas, ils n'honorent pas leurs factures, tranche l'employée d'EYP. Spie au moins paie nos prestations : la détresse des uns fait les bonnes affaires des autres, c'est comme ça...» 

    L'(a)moralité de cette histoire, les bâtisseurs français l'ont bien comprise : faute de pouvoir délocaliser leurs chantiers, ils importent à grandes pelletées des ouvriers certifiés low cost par des entreprises sous-traitantes ou des agences d'intérim implantées dans des territoires où le coût du travail s'évalue en nèfles. C'est « malin », c'est légal, c'est européen. 

     

    En 1996, les crânes d'œuf de Bruxelles bétonnent une directive autorisant le « détachement temporaire de travailleurs » entre pays de l'UE. Alimentée par la disette qui sévit au sud, facilitée par les écarts de niveau de vie entre anciens et nouveaux entrants, la braderie tourne depuis le milieu des années 2000 à l'opération déstockage. Soldes à l'année, prix discount garantis. « Cette pratique est compétitive car ces salariés voyageurs restent assurés dans l'Etat d'établissement de leur employeur, avance Fabienne Muller, chercheuse en droit social à l'université de Strasbourg. Or, pour un non-cadre, les cotisations patronales varient de 38,9 % en France à 24,6 % en Espagne, 18,3 % en Pologne, pour tomber à 6,3 % à Chypre ! » Inutile de tyranniser les calculettes pour comprendre qu'entre le détachement et les employeurs français l'attraction est fatale. 

    De 10 000 en 2000, les pèlerins du turbin sont, selon le ministère du Travail, 145 000 aujourd'hui. « Ils permettent aux entreprises utilisatrices de réaliser une économie allant jusqu'à 25 % », note un inspecteur du travail. Juteux, oui, mais pas assez. En février 2011, un rapport parlementaire éclaire la face cachée du phénomène et porte le nombre de détachés à 435 000 : moult itinérants, dont un tiers tribulent dans le BTP, échappent en effet aux statistiques à force de magouilles. 

    « LES FRANÇAIS AVAIENT L'AIR DE PLAYMOBIL TELLEMENT ILS ÉTAIENT PROTÉGÉS. »

    Ouvriers, Bordeaux - PASTORNICOLAS/SIPA
    Ouvriers, Bordeaux - PASTORNICOLAS/SIPA
    En juin 2011, à l'issue d'une série d'accidents du travail non déclarés, Bouygues avait dû divorcer d'Atlanco : cette société de travail temporaire opportunément localisée à Chypre avait envoyé des brassées de Polonais sans couverture sociale sur le chantier de l'EPR de Flamanville, dans la Manche. 

    Dans la foulée de ce couac nucléaire, le parquet de Cherbourg a ouvert quatre enquêtes. Pas moins ! Car, si les nomades de la truelle sont détachés, c'est d'abord de leurs droits. « Les textes prévoient qu'ils bénéficient du noyau dur de notre législation, salaire minimum et horaires de travail en tête. Or, c'est rarement le cas », tonne Laurent Dias, responsable de la CGT construction en Auvergne. 

    « La plupart du temps, les employeurs étrangers présentent des déclarations de détachement dûment remplies, enchaîne Renaud Dorchies, chargé de la lutte contre le travail illégal à l'Urssaf de Basse-Normandie. Mais, entre les salaires mentionnés et les sommes réellement versées, il y a un monde : beaucoup d'ouvriers rétrocèdent une partie de leur obole en rentrant chez eux, se voient infliger des retenues pour l'hébergement ou la nourriture théoriquement pris en charge... Jamais ils ne s'en plaignent : dans cet univers vicié, c'est malheur à celui qui l'ouvre. Aujourd'hui, on a des Bulgares qui se bousculent pour 300 € mensuels... » 

    Le limier de l'Urssaf a récemment épinglé une famille roumaine, fournisseuse de bras pour une entreprise nationale : « Père et fils avaient créé une société boîte aux lettres en Roumanie. Contrairement aux règles en vigueur, elle était dénuée de toute activité sur ses terres et déversait chez nous des soutiers payés à peine plus que le Smic roumain [180 €]. C'est une entourloupe classique. » Classique aussi, l'empilement des prestataires façon mille-feuille. « Sur les gros chantiers, ajoute l'enquêteur, on peut recenser huit ou neuf rangs de sous-traitants : les salariés ne savent plus à qui ils appartiennent ! »

    Passé les bornes, y a plus de limites ? « Il est urgent de démanteler les montages illégaux qui faussent les règles de la concurrence, avance le cabinet de Michel Sapin, occupé à une révision de la directive de 1996. Nous plaidons aussi pour renforcer la responsabilité civile et pénale des donneurs d'ordre. » Les politiques français aboient... Leurs confrères anglais, polonais et autres ayatollahs de la flexibilité, crient au combat d'arrière-garde. Annoncé fin février, le remaniement de la directive a été reporté à des calendes qui pourraient être grecques. 

    Tant pis pour le dumping social alors que, en 2012, les dépôts de bilan dans le BTP ont bondi de 6 % ; tant pis pour les 40 000 emplois menacés d'ici à fin 2013. « Tant mieux pour le marché aux esclaves ! » raille le cégétiste Laurent Dias. Sherlock des parpaings, ce fils de réfugiés politiques portugais s'évertue à débusquer les anguilles sous échafaudages et tonitrue que « la "bolkensteinisation" des masses trimbalées d'un pays de l'UE l'autre pour des clopinettes est actée »

    Et de brandir la fiche de prestation d'un plaquiste polonais : traduite par une interprète, elle indique 628,80 € pour 169 heures. Le contrat de détachement établi voilà quelques mois entre MPP, pointure de l'intérim portugais, et Alberto, vaut lui aussi le coup d'œil : prêté à Sendin SA, prospère armaturier français, Alberto a officié sur une grande œuvre de Bouygues, à Boulogne. Une collaboration couronnée par 610 € mensuels. Champagne ! Pour le DRH de Sendin, « s'il y a eu manquement, c'est de bonne foi ! Tous mes intérimaires étrangers sont déclarés au Smic, mais je n'ai pas accès à leurs fiches de salaire, le droit m'en empêche. Si je pouvais, je vérifierais ! Reste que nous ne bosserions pas pour Eiffage ou Vinci si nous étions des barbares !» A écouter Joaquim, 48 ans, la chose se discute. 

     

    Présentation des résultats, 2010 Eiffage. Jean-François Roverato Chairman et Pierre Berger - MEIGNEUX/SIPA
    Présentation des résultats, 2010 Eiffage. Jean-François Roverato Chairman et Pierre Berger - MEIGNEUX/SIPA
    Originaire de Porto, il s'est démené quatre mois, au printemps 2012, sur le chantier du Carré de Jaude, mégacomplexe immobilier édifié par Eiffage à Clermont-Ferrand. Ferrailleur, il s'activait pour l'armaturier tricolore ASTP via la défunte agence d'intérim lusitanienne Paulo SA.  

    « Les Français avaient l'air de Playmobil tellement ils étaient protégés. Moi, j'œuvrais en suspension sans panoplie de sécurité. » Fruit de ses contorsions : « 600 € mensuels. Paulo SA en retenait 80 pour le mobil-home où je dormais, dans un camping. Les deux derniers mois, je n'ai rien touché. On m'a expliqué qu'ASTP était en redressement judiciaire. » 

    Précisons pour la bonne bouche qu'ASTP, experte ès détachements fumeux, est gérée par le frère du patron de Sendin SA. Une famille formidable ! « Quand j'ai signalé au chef de chantier d'Eiffage que mes sous étaient bloqués, poursuit Joachim, il a soupiré que c'était pénible. » Une empathie à la hauteur des positions du groupe : en septembre 2012, Michel Gostoli, président d'Eiffage Construction, écrivait ainsi à la CGT, mobilisée sur cette affaire : « L'entreprise ne peut être tenue responsable du non-paiement d'un quelconque salarié prêté. [...] Nous ne sommes pas en mesure d'exiger de nos sous-traitants qu'ils nous communiquent des éléments de rémunération de leurs personnels. » Ponce Pilate ne se serait pas mieux rincé les pognes. 

    Joaquim pourtant est résolu à porter son infortune devant les prud'hommes avec le soutien de l'inusable Laurent Dias. « Je veux récupérer mon argent, réagit-il. Au Portugal, avec mes 5,50 € l'heure, je m'en sortais mieux. Ici, je n'étais même pas à 4 €. » A peine plus qu'Hugo et ses 3,17 € : enrôlé avec deux camarades par un compatriote véreux, ce trentenaire déjà voûté veut lui aussi en découdre. « On n'a pas été payés, les prud'hommes de Draguignan doivent nous rendre justice, scande-t-il. Cinq cent cinquante euros mensuels pour 40 heures hebdomadaires, c'est un tarif de chiens et on nous l'a refusé ! Quand l'un de nous s'est sectionné le tendon avec une scie circulaire, il a été jeté à l'hôpital comme un déchet, personne n'a été alerté. On ne mérite pas ça...» 

    Derrière cette valse des pantins, plusieurs marionnettistes : un maître d'œuvre, Var Habitat, qui plaide l'ignorance. Un sous-traitant, La Valettoise, qui jure avoir « cédé au low cost pour surnager à l'heure où tous les coûts sont tirés vers le bas». Une boîte d'intérim, Proposta Final, dissoute après avoir été sanctionnée pour «non-versement des rémunérations»... mais dont Marianne a retrouvé l'agité fondateur. 

    « Moi, je m'en fous, de tout ça, braille-t-il. J'ai monté une autre affaire en France avec une filiale au Portugal : là-bas, mes cinq sœurs trouvent des candidats par petites annonces et me les ramènent. Y a qu'à ramasser ! » Et de fanfaronner : « En ce moment, j'ai 10 gars à Toulon, 15 autres à Grenoble. Avec moi, un patron français économise 800 € par tête d'ouvrier. Je fais mon beurre et le Portugais, il est content. » Ce parangon d'intégrité a baptisé sa nouvelle machine à asservir Pioneiros em marcha, soit « Pionniers en marche ». Pour qui considère l'espace économique européen comme un nouveau Far West, ce n'est pas mal vu... 

    « Nous sommes sans arrêt démarchés par mail, par fax ou de visu par des commerciaux très rentre-dedans, ronchonne Patrick Liebus, de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Ces rabatteurs se comportent comme des maquereaux ! » 

     

    Illustrations par quelques échanges téléphoniques : « Le tarif de nos intérimaires est négociable, on fait des prix de gros, promet Eurokontakt, boîte de placement de personnel temporaire basée à Wroclaw, en Pologne. Plus vous me prenez d'hommes, plus vos coûts de production baisseront. Et, si l'un de nos gars ne vous convient pas, on vous le remplace sans frais. » Un modèle de service après-vente ! 

    Variation sur le même boniment dans les rangs d'Operari, domiciliée à Varsovie : « Tout se marchande, c'est la mondialisation. Si un patron français attaque bien la masse et me recrute assez de types, je lui facture le mec 13 € l'heure, deux fois moins qu'un prolo français. En plus, le Polonais ne fait pas de chichis tandis que le Gaulois - je le sais, je suis français - exige une prime intempérie à la première averse.» 

    La toujours polonaise Budex, qui affiche ses partenariats avec Bouygues et Vinci, vante le « courage » et la « motivation » de ses poulains avec la délicatesse d'un éleveur flattant le cul de ses vaches au Salon de l'agriculture. Au sud, au Portugal, la foire aux bestiaux bat aussi son plein. « Nos ouvriers savent se faire mal sans se rebeller », plastronne un certain Laurentino.
    Fondateur d'une « compagnie » (sic), l'homme « repère les boîtes en faillite dans la presse portugaise, drague les futurs licenciés et les détache en France. Mes équipes triment jusqu'à 60 heures par semaine, au-delà, elles fatiguent : sur les contrats, je diminue les heures réellement effectuées, j'augmente artificiellement le tarif horaire, et ça passe ! » 

     

    Sarkozy salue les ouvriers oeuvrant à la construction du u nouveau siège de la direction générale de la gendarmerie nationale(DGGN) - LUDOVIC-POOL/SIPA
    Sarkozy salue les ouvriers oeuvrant à la construction du u nouveau siège de la direction générale de la gendarmerie nationale(DGGN) - LUDOVIC-POOL/SIPA
    Face à ces contournements, les organismes de contrôle tricolores sont priés de se mobiliser sans moyens. « Sarkozy nous a saignés, nous sommes à peine 1 200, râle un inspecteur du travail. De plus, notre organisation est territorialisée : comment tracer des dossiers transfrontaliers quand on ne peut intervenir au-delà de sa région ? » Pour l'efficace et entêté Renaud Dorchies, de l'Urssaf, « ces affaires peuvent décourager car nous nous heurtons à la résistance de certains pays, dont les administrations ne collaborent pas du tout »

    Et de prévenir que, « faute de contre-feux efficaces, ces pratiques vont tourner au drame économique ». Volubile leader de la Capeb, Patrick Liebus acquiesce : « A systématiquement privilégier le moins-disant, les cadors de la construction ont introduit le ver de la concurrence déloyale dans le fruit. Aujourd'hui, pour remporter les marchés, les sous-traitants attitrés des Eiffage, Bouygues et Vinci sont acculés au low cost, c'est dévastateur. » 

    Membre de la très libérale Fédération française des travaux publics jusqu'en juin 2012, Jean-Yves Martin aurait-il tourné casaque ? Dans un curieux revirement idéologique, il pourfend un « système délirant » : « Soit on s'adapte au train d'enfer mené par les majors elles-mêmes pressurées par les maîtres d'ouvrage, soit on coule. On est dans la même folie que celle qui convertit le cheval en bœuf. » Qui fait le cheval, qui fait le bœuf ? Jean-Yves Martin hésite. 

    Et pour cause : liquidée l'été dernier, Centrelec, son entreprise, a en son temps sollicité un sous-traitant polonais... Vous avez dit double langage ? Prompt à éreinter la « frénésie low cost », Didier Ridoret n'en préside pas moins la patronale Fédération française du bâtiment (FFB), qui draine les mammouths écraseurs de prix : « J'ai 57 000 adhérents parmi lesquels figurent certainement des moutons noirs, mais je défends l'avenir de l'activité. La directive de 1996, même appliquée à la lettre, est devenue intenable. Cette compétition biaisée nous tue. » 

    Déontologue autoproclamé, Ridoret se refuse à tancer les mauvais élèves de la FFB, au motif qu'il« ne dirige pas un ordre ». « Si j'évinçais ceux qui sont en délicatesse avec le fisc, l'hygiène ou les règles du prêt de main-d'œuvre... » Avec des adversaires de cet acabit, le détachement n'a pas besoin de partisans. 

    « En France, ce dispositif est perçu comme honteux, mais cette Europe-là, les politiques l'ont voulue. Il n'y aura pas de retour en arrière : Bruxelles y verrait un abus de protectionnisme », analyse Pierre Maksymowicz, créateur d'In Temporis, spécialiste des mobilités intra-européennes. De Lublin, où il développe honnêtement son business, il témoigne que Maurice Taylor is rich... de partisans. 

    A l'instar du patron de Titan, Pierre Maksymowicz conchie les ouvriers français « obnubilés par leurs pauses- cigarette et incapables de rivaliser avec nos Polonais et nos Roumains en termes de rendement ». Et de lâcher : « Tous mes clients français me disent que, chez eux, c'est "bonjour paresse". Ce refus de la pénibilité se traduit par une énorme pénurie : nos intérimaires ne font que colmater les brèches.» Avec 8 000 chômeurs supplémentaires recensés chaque mois dans le BTP, la pénurie sent l'alibi. 

    Patron du groupe Sesar, 160 salariés, Benoît Perret a sollicité une boîte portugaise pour rafler un appel d'offres d'Eiffage. « Ici, on manque vraiment de candidats dans les jobs d'exécution et, quand on trouve, il y a un déficit d'implication, commence-t-il par justifier. Je suis allé saluer mes intérimaires portugais et tous m'ont remercié de leur donner du travail. Chez nous, c'est impensable. » 

    Serait-ce la seule ingratitude de ses compatriotes qui l'aurait converti aux vertus du détachement ? « Aujourd'hui, admet-il, les donneurs d'ordre négocient prix et délais jusqu'au bout : le prêt de main-d'œuvre est la seule parade à leurs exigences. C'est tragique, mais tout le monde s'y met. »Kader, 56 ans, s'en désole. Chef de travaux pour un géant du secteur, il compare la déferlante low cost à « un virus qui ne profite qu'aux patrons. La misère de ces gars est utilisée pour nous démoraliser et nous convaincre que nos droits d'ouvriers vont régresser. Le pire, c'est qu'on n'arrive pas à expliquer à ces malheureux qu'ils nous précipitent vers le bas : ils sont dressés pour subir. Encore plus opprimés que nous, les Arabes, dans les années 60 ». A l'Europe, rien d'impossible. 

     


    QUAND L'EUROPE ÉTRANGLE SA MAIN-D'OEUVRE 

    Faute d'harmonisation sociale dans l'Union européenne, le recours à des «travailleurs détachés» menace des pans entiers de l'économie, s'alarme un rapport parlementaire rendu public fin mai. Le «détachement» consiste, pour un patron, à envoyer ses employés exercer temporairement leurs fonctions dans un autre Etat membre de l'Union. La manip ? Les charges sociales appliquées restant celles du pays d'origine, ces travailleurs low cost venus d'Europe de l'Est ou du Sud triment pour 3 à 6 € l'heure. Vive le dumping social made in Europe !
     

     


    1,5 

    C'est, en million, le nombre de travailleurs détachés, selon la Commission européenne. Une grande partie d'entre eux n'est pas déclarée.
    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/

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  • A chacun de nous de réagir

    Réagir, ne pas laisser faire, ne pas se résigner ni s’habituer, c’est ce à quoi nous invite Pierre Pradel...
    Il suffit de quelques clics et de faire fonctionner nos capacités de résistance et de protestation.

    Hier 27 juin 2013, la radio m’informe que des salariées de Lens vont perdre leur emploi sans être licenciées : La Redoute a supprimé leur car de ramassage. Sans permis ni transport, elles ne peuvent rejoindre leur lieu de travail et devront donc démissionner sans je le suppose les indemnités de licenciement.

    Dans la même émission, j’apprends que le tour de France part de Porto Vecchio et que pour l’occasion un Ferry de Corsica ferries (le choix de la compagnie n’étonnera personne ici NDLR) a été spécialement aménagé et que le port de Porto Vecchio a été dragué pour pouvoir l’accueillir.

    Le monde de l’argent a ses priorités qui ne sont pas forcément les nôtres !

    Je vous propose d’intervenir auprès de La redoute pour protester contre la suppression du car.

    Je ne mets pas de message type , chacun est à même de leur dire sa façon de penser.

    Pour contacter La Redoute (et leur dire notre façon de penser ou leur poser une question (non prévue par le site !) sur ses choix de gestion, cliquer ici

    Faire suivre si vous le souhaitez.

    Pierre Pradel
    Vitrolles

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article7934


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  •  En Afrique du sud, le Parti communiste et le syndicat de classe COSATU organisent les manifestations contre la visite d'Obama

    sa_protest_organization.jpgCampagne pour protester contre la politique étrangère américaine pendant la visite d’État en Afrique du sud du président Obama

     

    Communiqué commun publié par le Parti communiste d'Afrique du sud (SACP)

     

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    Nous sud-africains, en tant que Parti communiste d'Afrique du sud (SACP), Jeunesse communiste d'Afrique du sud (YCL), Congrès des étudiants sud-africains (SASCO), Association des étudiants musulmans (MSA), Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la santé (NEHAWU), Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), Société des amis de Cuba (FOCUS), Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israel en Afrique sud (BDS south-african) et la Fédération syndicale mondiale (FSM), déclarons notre opposition totale à la venue du président des États-Unis d'Amérique Barack Obama dans notre pays.

     

    Notre opposition repose sur la politique étrangère américaine arrogante, égoïste et oppressive, le traitement des travailleurs et des relations commerciales étrangères enraciné dans le bellicisme, la super-exploitation néo-libérale, le racisme colonial et le mépris ainsi que la destruction de l'environnement, rendant ainsi la réalisation d'un monde juste et pacifique impossible.

     

    La venue du président Barack Obama en Afrique du sud est la première depuis qu'il a été élu chef de l'Etat. Les Etats-unis, sous sa direction, ont intensifié leur offensive contre les droits de l'Homme, la militarisation des relations internationales et continue de gaspiller les ressources mondiales au détriment de l'environnement et des peuples opprimés du monde entier.

     

    Les États-Unis sont profondément impliqués dans l'oppression du peuple du Sahara occidental, le seul pays qui reste colonisé sur le continent africain, par le Maroc. Et à ce jour, la libération des Cinq Cubains et la poursuite d'un embargo sans fondement contre le pays et le peuple de Cuba semblent toujours des questions sur lequel les Etats-unis restent inflexibles. L'appel à la libération des Cinq Cubains a été une campagne internationale importante soutenue même par des vainqueurs du Prix Nobel qui ont publié un document pour leur libération : Zhores Alferov (Prix Nobel de physique, 2000), Desmond Tutu (Prix Nobel de la paix, 1984), Nadine Gordimer (Prix Nobel de littérature, 1991), Rigoberta Menchú (Prix Nobel de la paix, 1992), Adolfo Pérez Esquivel (Prix Nobel de la paix, 1980), Wole Soyinka (Prix Nobel de littérature, 1986), José Saramago (Prix Nobel de littérature, 1996), Günter Grass (Prix Nobel de littérature, 1999).

     

    L'occupation criminelle de la Palestine par l’État d’apartheid d’Israël, quelque chose que nous connaissons bien dans notre pays, n'a été possible que par le soutien financier et politique qu'apportent les Etats-unis au régime raciste israélien. Cela se traduit fondamentalement à la fois par un soutien direct et des aides militaires qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars chaque année – avec une aide américaine à Israel qui surpasse celle destinée à l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie réunis.

     

    En outre, les États-Unis ont depuis des années bloqué, seuls contre tous, tout progrès et se sont totalement isolés et coupés du consensus au sein de la communauté internationale. En fait, les États-Unis sont le pays qui a eu le plus recours au veto de l'ONU: il a utilisé son droit de veto plus de 40 fois pour défendre l'apartheid israélien. En tant que sud-africains, nous nous rappelons douloureusement comment les Etats-unis ont utilisé leur droit de veto pour défendre l'apartheid sud-africain, tout particulièrement contre les résolutions de l'ONU imposant des sanctions économiques et militaires. Les États-Unis, sous Reagan et sous d'autres présidents, ont soutenu l'Afrique du sud de l'apartheid et étaient du mauvais côté de l'Histoire. Pourquoi les États-Unis n'apprennent pas de leur histoire, et ne seraient pas du bon côté de l'Histoire, pour une fois?

     

    Enfin, la politique des États-Unis sur l'environnement, en particulier le fait qu'il est un des plus gros contributeur au réchauffement climatique mondial, et pourtant à ce jour il persiste à refuser d'observer et de signer le protocole de Kyoto, est tout simplement inacceptable.

     

    Les forces progressistes en Afrique du sud ont constamment soulevé ces questions, et tant d'autres, sur le rôle des États-Unis dans la communauté internationale. Nous avons clairement fait connaître le fait que la visite du président des Etats-unis en Afrique du sud n'est pas la bienvenue, et qu'elle fera face à des protestations, des manifestations, des actes de résistances organisées par tous les sud-africains épris de paix et de justice. L'amitié avec l'Afrique du sud doit reposer sur les valeurs de justice, de liberté et d'égalité et c'est que ce les Etats-unis ont insulté, ébranlé et ridiculisé par ses actions sur la scène internationale.

     

    Les questions suivantes seront mises en avant dans les manifestations à venir contre la venue du président Obama :

     

    1Le parti-pris et la persévérance, côté américain, dans la militarisation des relations internationales et de la coopération. On sait bien que les Etats-unis privilégient une approche des conflits dans le monde en incitant, encourageant et parfois en fomentant la guerre, guidés essentiellement par leurs intérêts économiques souvent dissimulés derrière la rhétorique de la défense des droits de l'Homme. La militarisation des relations internationales se manifeste à travers des institutions comme l'AFRICOM, l'OTAN, et la politique perpétuelle du deux poids, deux mesures sur le désarmement nucléaire que les États-Unis prêchent lorsqu'ils s'adressent aux pays du Sud, tout en continuant à collaborer avec une puissance nucléaire comme Israël ;

     

    2La rapacité constante dans la consommation des ressources mondiales par les Etats-unis, illustrée par son soutien à ses multi-nationales qui n'ont aucune considération pour l'environnement, les droits de l'Homme, les lois sociales progressistes etc ;

     

    3Le soutien actif des Etats-unis et la défense des régimes oppresseurs et coloniaux. C'est un aspect de la politique étrangère des Etats-unis qui révèle le plus sa nature hypocrite, quand les régimes qui soutiennent ses intérêts ne sont jamais critiqués ; au contraire, ils sont non seulement soutenus mais maintenus en place par la machine de guerre américaine. Premier sur la liste, Israël, qui continue de servir les États-Unis, au front au Proche-orient, tout en réprimant et maintenant ses politiques d'apartheid racistes contre le peuple palestinien. Un autre exemple, c'est le soutien des États-Unis au Maroc, qui opprime et occupe la Sahara occidental, et le soutien de plus en plus net à des régimes oppressifs, comme en Colombie ;

     

    4Le rôle des États-Unis dans le maintien du continent africain dans le sous-développement ainsi que de relations commerciales impérialistes avec les pays africains ;

     

    5Le blocus injustifiable contre Cuba et la détention injuste des Cinq Cubains ;

     

    6Les États-Unis d'Amérique sont le premier contributeur mondial au réchauffement climatique qui condamne le monde à des catastrophes environnementales ;

     

    Le peuple sud-africain est invité à participer à une Journée nationale d'action le 28 juin, avec une première initiative qui prendra la forme d'une manifestation du siège des Bâtiments de l'Union, siège du gouvernement, jusqu'à l'ambassade américaine à Pretoria.


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  • Le groupe France Télévisions menacé d’asphyxie ?

    par Fernando Malverde, le 28 juin 2013

    Que se passe-t-il à France Télévisions ? Les modifications autoritaires de programmes et, particulièrement, la déprogrammation du JT de la nuit de France 2 (ainsi que celles d’émissions de divertissement comme Tararata et Chabada) se multiplient. Qui décide ? Comment ? Pourquoi ?

    Avant de consacrer un prochain article sur ces déprogrammations d’« inservice public », il n’est pas inutile de revenir sur leur contexte, déjà abordé ici même le 5 octobre 2012 dans un entretien. Nous le faisons en publiant ci-dessous (même si certaines données mériteraient d’être actualisées) un article publié en janvier 2013 dans le n°6 de Médiacritique(s), le magazine trimestriel imprimé d’Acrimed.


    « Pour des raisons juridiques et financières, il parait difficilement envisageable de revenir sur la privatisation de TF1 et sur la durée de la concession qui lui a été octroyée », nous déclarait Aurélie Filipetti, alors porte-parole du candidat François Hollande. Il n’était pas question non plus de revenir sur l’attribution des fréquences de la télévision numérique terrestre. C’était mutiler d’emblée toute refondation d’un service public de l’audiovisuel. Pourtant, plusieurs engagements étaient pris. D’abord, « la mise en place d’un modèle de financement stable et qui garantisse l’indépendance des groupes publics ». Ensuite, « une clarification durable du périmètre, de l’organisation et de l’identité des différentes composantes de l’audiovisuel public ». Cette clarification, nous disait-on, pourrait se traduire, après concertation et débats parlementaires, par trois décisions : « la création d’une chaîne jeunesse sans publicité sur le canal de France 4 (enfants et ados en journée, jeunes adultes en soirée) », la « création d’un portail “information” alimenté par l’ensemble des opérateurs publics », « la remise à plat du système de l’AEF pour sécuriser RFI et TV5 monde et réfléchir à l’avenir de France 24 ». C’était peu. Mais où en sommes-nous ?

    I. Diminuer les ressources et les effectifs ?

    Le redressement créatif de France Télévisions, ce n’est pas pour maintenant. Comment cela serait-il possible quand on commence par raréfier les ressources et par tailler dans les effectifs ?

    Crise financière

    France Télévisions est structurellement une entreprise sous-financée. À l’instar de tous les secteurs publics, l’audiovisuel a subi en France, depuis plusieurs décennies, tous les effets nocifs du libéralisme économique et du désengagement de l’État. Aujourd’hui, à population comparable, la redevance est l’une des plus faibles d’Europe. Mais la crise s’est surtout accélérée après la décision de Nicolas Sarkozy, inspirée par Alain Minc, de supprimer la publicité après 20 heures sur France Télévisions. Une idée pernicieuse, présentée comme une manière de recentrer France Télévisions sur ses missions et des exigences de qualité… tout en l’asphyxiant ! Supprimer la publicité ? Nous y sommes favorables, mais pas à n’importe quelles conditions. En l’absence d’un réel financement de compensation, l’opération de 2008 ne pouvait avoir qu’un seul objectif : fragiliser la télévision publique au profit des groupes privés [1].

    Depuis cet électrochoc, le financement de la télévision publique provient de trois sources :

    - La redevance : c’est la ressource historique et la plus fiable parce qu’elle est intégralement affectée.
    - La publicité avant 20h : c’est une ressource qui fluctue en fonction de l’état de ce marché, des audiences et du dumping des concurrents sur ces tranches horaires.
    - La partie issue du budget et des taxes : c’est la ressource la plus fragile. Le budget est soumis aux économies et les taxes sur les télécoms et les nouvelles recettes publicitaires du privé sont contestées. Heureusement (précision du 27 juin 2013), la Cour de justice de l’Union européenne a validé la taxe sur les opérateurs de communication électronique, qu’acquittent les fournisseurs d’accès à Internet et qui vise à financer le service public télévisuel.

    Le Contrat d’objectifs et de moyens (COM) [2] signé avec le précédent gouvernement pour la période 2011-2015 prévoyait une hausse garantie de la ressource publique de 2,2 % par an. L’encre du contrat n’était pas encore sèche que le gouvernement Fillon a réduit la dotation de 27 millions d’euros. En outre, le budget 2012 avait été bâti sur une prévision de recette publicitaire de 425 millions d’euros dénoncée dès le départ comme trop optimiste. À l’arrivée, les recettes de la pub avant 20h seront inférieures de 90 millions d’euros par rapport aux prévisions ! France Télévisions va donc finir l’année 2012 avec un déficit supérieur à 100 millions d’euros. Une telle crise financière est d’ores et déjà historique.

    Or que fait le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ? Au lieu de donner de l’oxygène, il serre la vis et réduit la dotation budgétaire de France Télévisions. Il augmente la redevance de 4 € pour atteindre 129 €. Une augmentation supplémentaire de 2 € (équivalant à 50 millions d’euros de recettes supplémentaires) a été votée au Sénat. Sera-t-elle confirmée ? En revanche, pas question d’adopter d’autres propositions, comme l’élargissement de l’assiette avec une demi-redevance pour les résidences secondaires (proposition de certains députés socialistes) ou augmentation de 17 € étalée sur quatre ans (SCAM), ou encore une augmentation nette mais progressive d’une redevance rendue proportionnelle aux revenus (telle que nous la défendons).

    Avec des prévisions publicitaires également en recul, le chiffre d’affaires de France télévisions pourrait baisser en tout de 5 à 7 % et de 150 à 200 millions d’euros en 2013 ! Plus grave encore : la taxe de 0,9 % sur le chiffre d’affaires des opérateurs privés des télécoms (SFR, Orange, Free et Bouygues Télécom) mise en place par Nicolas Sarkozy pour compenser partiellement la fin de la pub après 20h pourrait être retoquée par Bruxelles à la suite de la plainte des opérateurs et l’État français être condamné dès le printemps 2013 à leur rembourser 1,3 milliards d’euros ! Bercy aurait provisionné cette somme mais refuse de dire si France Télévisions continuera à percevoir les 250 millions d’euros annuels que cette taxe lui rapportait. Au total ce ne sont pas 200 millions, mais au moins 450 millions d’euros qui pourraient manquer dans les caisses de France Télévisions !

    Et comme toujours en pareil cas on commence par réduire les effectifs.

    Plan social

    Patrice Papet, directeur des ressources humaines de France Télévisions l’a avoué lui-même lors d’un Comité central d’entreprise : « De fait, nous sommes déjà en plan social à France Télévisions »... Ce plan social silencieux est celui qui touche les milliers de précaires qui ne travaillent plus sans avoir reçu de lettre de licenciement. Certains de ces journalistes ou techniciens, ont parfois cumulé des centaines de contrats sur plus d’une décennie. France Télévisions étant quasiment leur seul employeur ils se retrouvent, du jour au lendemain, sans emploi et sans la moindre indemnité !

    Les différentes antennes de France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô) emploient environ 10 400 équivalents temps pleins (ETP), parmi lesquels 8400 permanents et 2000 non-permanents (dont 450 journalistes). Mais l’arithmétique ne rend pas compte de la réalité humaine. Si les non-permanents représentent près de 20 % des effectifs de l’entreprise, il faut savoir qu’un ETP est le plus souvent morcelé entre 3 ou 4 salariés en CDD. De fait il y a près de 7500 salariés occasionnels à FTV... et ce sont les premières victimes du plan de restructuration en cours.

    Le Contrat d’objectif et de moyens (COM) signé par France Télévisions avec le précédent gouvernement prévoyait déjà la suppression d’au moins 500 emplois d’ici à 2015, principalement par des départs à la retraite non remplacés. De fait il y a bien eu de nombreux départs volontaires mais, dans le même temps, des recrutements sur des secteurs en développement tel le numérique, et une réorganisation mal maîtrisée ont paradoxalement conduit à une légère augmentation de la masse salariale de 2,74 % entre 2011 et 2012. Depuis, la situation économique de France Télévision s’est tellement aggravée que l’inquiétude est maximale et il est très difficile de dire aujourd’hui combien d’emplois seront supprimés au final.

    Pourtant, tailler dans les effectifs ne suffira pas. Un nouveau COM est en négociation et tout laisse penser, comme l’a dit le PDG Rémy Pflimlin lors de son audition devant le Sénat, le 24 octobre dernier, que France Télévisions va être confrontée au « plus grand plan d’économie » de son histoire. Premières mesures annoncées au moment où nous écrivons : une coupe 30 millions d’euros dans le financement des programmes de France 2 et une politique de rediffusions systématiques après « Soir 3 ».

    Comment songer un seul instant que ces économies sont compatibles avec le développement d’une télévision de service public. Et ce n’est pas tout…

    II. Réduire le périmètre et amaigrir les programmes ?

    Secteur public n’est pas synonyme de service public. Or aucun service public de l’information et de la culture ne peut exister quand, soumis à la concurrence des chaînes privées, il n’est pas en mesure de garantir le pluralisme de l’information et la diversité des goûts. C’est le cas, cela s’aggrave, et le gouvernement est pratiquement aux abonnés absents.

    Périmètre réduit ?

    L’arrivée de la Télévision numérique terrestre (TNT) a été l’occasion de multiplier les canaux et de faire des cadeaux aux groupes privés alors que France Télévisions a été interdit de tout projet nouveau (sports, enfants, régions, rediffusions...). Avec les premières attributions et les six nouvelles qui démarrent en décembre, ce sont en tout 25 chaînes gratuites qui sont accessibles à tous. Il est indispensable de revenir sur le scandale des attributions des chaînes sur la TNT. Or le nouveau gouvernement n’entend pas intervenir. Sans doute au nom de « la concurrence libre et non faussée ». Malgré des programmes parfois indignes, les chaînes de la TNT captent environ 20 % de l’audience et aspirent 20 % de la pub. Ces chaînes ne coûtent pratiquement rien et n’ont quasi aucune obligation de production. Une chaîne de la TNT peut être rentable avec 3 % d’audience grâce à des catalogues de programmes achetés à bas coût. Pour mesurer le danger et la légèreté du législateur, il faut savoir qu’une fiction d’une heure que la télévision publique a autrefois financé plus d’un million d’euros n’en coûte plus que 3000 à une chaîne de la TNT !

    Canal Plus, dont les programmes ont déjà été financés par les abonnés, se lance à son tour dans la télévision gratuite avec la rediffusion en clair de ses programmes grâce au rachat des chaînes de Bolloré. Les géants de la télé connectée débarquent, et des réorganisations et des concentrations sont prévisibles. Quelle place pourrait avoir la télévision publique dans un secteur totalement dérégulé ?

    France 3 sacrifiée ?

    Sous prétexte de crise, les dirigeants de FTV et les hauts fonctionnaires sont aujourd’hui confrontés à des choix politiques et stratégiques, et s’interrogent : « Y a-t-il une chaîne de trop ? Que faut-il sacrifier ? » Le premier projet qui risque d’être abandonné concerne France 4. Cette chaîne, qui cible les 13/35 ans et qui est en progression constante, énerve beaucoup le patron de M6 qui aimerait la voir disparaître. Dans ses promesses de campagne, François Hollande la voyait en matrice d’une chaîne pour enfants et ados sans publicité. De son côté, la direction de FTV préférerait racheter les parts de Lagardère dans la chaîne à capital mixte Gulli dont elle est actionnaire.

    Mais dans un contexte de baisse des moyens et de projets mutilés, c’est France 3 qui est la plus menacée. Forte de 4500 salariés implantés dans une centaine de sites, elle dispose encore d’une filière de production (moyens lourds de retransmissions, fictions et documentaires) et émet chaque jour 24 journaux régionaux et 44 éditions locales en simultané (23 000 heures de programmes annuels contre 8700 pour une chaîne nationale). Avec son maillage serré dans toute la métropole, France 3 comme France Ô (ex RFO) dans les outre mers, a été pensée historiquement comme un élément d’aménagement du territoire. Or c’est là que la Direction espère tailler dans le vif.

    Quelle mission France 3 devrait-elle abandonner ? Devrait-elle en finir avec des programmes régionaux moribonds ou liquider la filière production ? Va-t-on fermer définitivement des locales, comme c’est déjà le cas pendant certaines périodes, ou bien réduire le nombre de journaux et regrouper des régions ? Va-t-on sous-traiter l’information avec des alliances avec la PQR ? Fermer des stations outremer à France Ô (Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna) ? Toutes ces hypothèses sont envisagées, parfois en même temps. Le principal problème des « décideurs » est la gestion politique plus ou moins compliquée de ces choix.

    Information standardisée ?

    L’un des chantiers déjà annoncé est celui de la fusion des rédactions nationales de France 2, France 3 et France Ô d’ici 2015. La création d’une usine de l’info, en quelque sorte. Six cent journalistes concourent actuellement à la fabrication des différents journaux (Télématin, 13h, 20h, 12/14, 19/20, Soir 3, etc.) des magazines de reportages et de sports. D’où l’idée de mettre en place, sur un lieu unique, une « news factory », sur le modèle de la BBC, où une seule rédaction produirait de l’information 24 heures sur 24. Cette grande rédaction fournirait des reportages pour tous les supports (en particulier pour Internet), toutes les éditions et toutes les chaînes. L’objectif avoué : tailler sévèrement dans les effectifs grâce à une bonne dose de taylorisme. Face aux critiques qui craignent la standardisation, Thierry Thuillier, le directeur de l’information de France Télévisions, a une solution : personnaliser chaque édition grâce à la visibilité de quelques présentateurs et journalistes de plateau. Mais le danger est là : la fragmentation des tâches envisagée va conduire à une sorte de rabaissement journalistique, de « BFMisation » accélérée. Les journalistes sur le terrain vont perdre la maîtrise de leurs reportages fournis à un desk chargé de retravailler une matière brute d’images et d’interviews pour tous les supports... Et le risque est que tous les reportages à haute valeur ajoutée tels que les enquêtes et les magazines un peu pointus soient tous externalisés, comme c’est le cas depuis longtemps déjà pour les documentaires.

    Programmes anémiés ?

    France Télévisions qui n’a pas le droit de produire en interne plus de 5 % de ses programmes est tenue de consacrer 60 millions d’euros par an à la production cinématographique et, surtout, 420 millions d’euros à des programmes audiovisuels que se partagent une quarantaine de producteurs, sans qu’un véritable audit de leurs devis ne soit jamais fait. Le PDG Rémy Pflimlin répète à qui veut l’entendre qu’il ne pourra respecter les montants obligatoires de commandes aux producteurs privés qui sont pourtant inscrits dans la loi, quelle que soit la situation de l’entreprise. Pour l’instant, Aurélie Filippetti, le ministre de tutelle, n’envisage pas de changement : France Télévisions doit faire des économies, tout en faisant des programmes de qualité... et en préservant les intérêts des producteurs privés !

    Mais l’externalisation et les scandaleux profits des producteurs privés n’est qu’un aspect du problème. Dans toute l’Europe, la taille et la santé du secteur audiovisuel dépendent du bon financement des chaînes publiques. En France, si 60 % de la production provient de la commande publique, France Télévisions, sous financée, n’arrive pas à alimenter une industrie audiovisuelle digne de ce nom. Résultat : toutes chaînes confondues (publiques et privées), le volume de production des fictions est l’un des plus faibles d’Europe.

    Ce problème des contenus est un enjeu crucial. Les « décrets Tasca », prévus au départ pour favoriser une production indépendante, en imposant des quotas obligatoires de commandes publiques ont conduit à toutes les dérives : interdiction de produire en interne, externalisation de la production financée par le régime de l’intermittence, profits indécents de quelques producteurs et, surtout, dépossession de France Télévisions de ses propres droits.

    Or, à l’heure de la télé connectée, un simple diffuseur est une coquille vide. Avec la diffusion par Internet, ce ne sont pas les tuyaux ou les fréquences qui comptent mais les catalogues de programmes ! Demain les géants de la télé seront les studios américains producteurs de séries ou de films associés à des agrégateurs ou des distributeurs de contenus tels que Google, Apple ou Netflix. YouTube France ne vient-il pas d’annoncer qu’il mettait d’ores et déjà en ligne plusieurs chaînes en association avec des producteurs ? France Télévisions doit donc retrouver la pleine maîtrise de ses droits et de ses capacités de production cédés aux producteurs par la volonté du législateur. C’est un enjeu absolument stratégique.

    * * *

    Le gouvernement qui a promis une nouvelle loi sur l’audiovisuel a semble-t-il l’intention de la repousser à 2014 ? Donnera-t-il les moyens à la télévision publique de se développer... plutôt que de lui administrer le coup de grâce ?

    Fernando Malverde (avec Henri Maler)

    Notes

    [1] Qu’on n’aille pas croire qu’il s’agissait de critiquer la publicité pour elle-même. Un seul exemple : interdite le soir, la publicité, à la différence de ce qui se passe dans les pays scandinaves, est autorisée dans les programmes réservés aux enfants.

    [2] Les « Contrats d’objectifs et de moyens » sont des contrats pluriannuels conclus entre l’État et les entreprises publiques. Ils portent sur les engagements budgétaires et stratégiques pris par ces organismes, en contrepartie des engagements pris par l’État en matière de ressources.

    http://www.acrimed.org/article4099.html#


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  • Scandale en Irlande : des banquiers sauvés par des chiffres "sortis de leur cul"

    L'Irish Independent a publié des enregistrements internes à l'Anglo Irish Bank, au moment de son sauvetage qui aura coûté 30 milliards d'euros, en 2008. On y entend des banquiers hilares, se moquant ouvertement des autorités financières, auxquelles ils ont refourgué des chiffres "sortis de leur cul" pour leur soutirer du flouze. Histoire d'une escrocrise en bande organisée...

    Scandale Anglo Irish Bank

    L'Anglo Irish Bank (AIB) a été sauvée par l'argent des contribuables, en 2008. De 30 à 40 milliards d'euros, selon les sources, soit un quart du produit intérieur brut irlandais. Et tout cela dans l'intérêt du peuple, entendait-on alors. Mais c'est une toute autre histoire que nous conte l'Irish Independent, qui vient de publier des enregistrements issus du propre système téléphonique de la banque.

    Au cours de ces conversations, un des directeurs de la banque, John Bowe, explique en rigolant à un autre directeur, Peter Fitzgerald, non moins hilare, comment l'AIB a enfumé l'Etat irlandais. Objectif : ne réclamer en premier lieu qu'une petite somme, 7 milliards d'euros, alors que tout le monde, dans la banque, savait qu'il en faudrait beaucoup plus. Une fois que le premier chèque aurait été encaissé, l'Etat n'aurait dès lors plus le choix : il faudrait qu'il aille jusqu'au bout en continuant de régler les douloureuses à répétition, à grand coup d'argent public.

    Un système cul par dessus tête

    Comment a été choisi ce chiffre de 7 milliards ? Bowe l'affirme clairement : "Comme [David Drumm, qui était alors le pédégé de l'Anglo Irish Bank] le dirait lui-même, il est sorti de mon cul". Le tout suivi d'un éclat de rire. "S'ils [la banque centrale irlandaise] voient d'emblée l'énormité [des chiffres], ils vont peut-être décider de faire un choix. Tu vois ce que je veux dire ? Ils pourraient dire que le coût pour le contribuable est trop élevé... Si ça ne semble pas trop important au début, assez pour être important, mais pas au point de tout remettre en cause, alors je pense que l'on a une chance. Je pense donc qu'on pourra ensuite augmenter le montant, sournoisement", explique Bowe. "Ouais", répond Fitzgerald. "Ils mettent leur peau en jeu, et c'est ça, la clé".

    Irlande Chiffres sortis de mon cul

    David Drumm, qui a pris la tangente aux Etats-Unis dans la foulée, rigole tout aussi gaiement : "un jour, un milliard" blague-t-il, en se référant aux pertes que la banque centrale était condamnée à subir. A un autre moment, John Bowe se met à chanter "Deutschland Uber Alles" en évoquant la réaction négative de l'Allemagne sur cette aide publique. Dans un autre enregistrement, Bowe et Fitzgerald rient de nouveau de concert lorsqu'ils évoquent la naïveté des autorités, qui croyaient alors que la banque allait leur rembourser les prêts accordés.

    "Pour la première fois, les contribuables peuvent avoir un aperçu des manigances banquières qui ont coûté sa souveraineté à l'Irlande", conclut amèrement le journal. Il est possible que ces enregistrements aient été en possession des autorités depuis 2009, mais rien n'aurait été fait depuis lors. D'autres révélations sont à attendre, ces prochains jours, qui impliqueraient des politiciens et des hauts fonctionnaires... La banque a été liquidée en début d'année, après avoir été nationalisée en 2009, des milliards d'argent public auraient pu être économisés. Mais ç'aurait été moins drôle, n'est-ce pas ?

    Proverbe irlandais : "Chat timide fait souris effrontée"

    [Sources : independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, independent.ie, irishexaminer.com, lemonde.fr, express.be]

    http://www.lesmotsontunsens.com


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  • Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes

    Social-Eco - le 28 Juin 2013

    Budget

    La Cour des comptes veut plus d’austérité

    L’institution plaide pour 28 milliards d’euros d’économies supplémentaires, notamment par le gel du point des fonctionnaires et la sous-indexation temporaire des prestations sociales.

    Si la France veut respecter son programme de stabilité transmis, en avril, à Bruxelles, elle devra encore réaliser 28 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques. C’est le message de la Cour des comptes dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, rendu public jeudi. Pourtant, François Hollande avait mis le paquet cette année, avec 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires et 10 milliards d’économies budgétaires. Insuffisant, expliquent les sages de la Cour: avec la récession, les recettes de la TVA et de l’impôt sur les sociétés ne seront vraisemblablement pas à la hauteur. L’institution prévoit un manque à gagner pour l’État de près de 6 milliards d’euros en 2013. Résultat, le déficit public pourrait atteindre 4% du PIB, contre 3,7% prévus, et modifier la trajectoire budgétaire établie par le programme de stabilité, dont l’objectif est d’atteindre les 3% de déficit en 2015.

    Niches sociales

    Comme bien d’autres avant celui-ci, ce rapport explique que les politiques d’austérité ne font qu’aggraver les déficits. Mais rien n’y fait, la course doit se poursuivre, pour le premier président de la Cour, Didier Migaud. La France, déclare-t-il, est «à mi-chemin» et l’effort doit désormais porter «pour l’essentiel sur la dépense»: 13 milliards d’euros en 2014 puis 15 autres milliards en 2015. La Cour insiste sur la poursuite de la réduction des niches fiscales et sociales. Mais en citant uniquement celles dont bénéficient les salariés, comme les indemnités journalières de maladie ou la majoration de 10 % des retraites versées aux personnes ayant élevé au moins trois enfants.

    Fonction publique

    Côté dépenses, l’institution s’en prend à la masse salariale des administrations. Et souhaite la poursuite du gel du point d’indice dans la fonction publique en 2014 et 2015, « seul instrument techniquement et rapidement utilisable pour freiner » la masse salariale. Puis, pour éviter de prolonger le gel du point, la Cour propose le non-remplacement d’un départ en retraite sur six (soit la suppression de 10 000 emplois).

    Dans la même veine, les auteurs du rapport ciblent les prestations sociales. Et préconisent une revalorisation de 1 %, soit au-dessous de l’inflation, des retraites, des aides au logement, du salaire de référence de l’assurance-chômage, pour une économie de 4,1 milliards d’euros. Une réduction du rythme de croissance de l’Ondam (Objectif national de dépenses d’assurance-maladie) est également souhaitée. En annonçant, mardi, une réduction de la dépense de 1,5 milliard d’euros l’an prochain, le premier ministre a commencé à répondre aux attentes de la Cour.

    Clotilde Mathieu


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  • François Hollande et Manuel Barroso lors du dernier conseil européen

    Politique - le 28 Juin 2013

    Europe

    Conseil européen: un sommet d’hypocrisie à Bruxelles

    Alors que se tient un Conseil européen, François Hollande fait mine de secouer l’UE lorsqu’il est en France, pour en accepter les recommandations lorsqu’il se trouve à Bruxelles. La réforme des retraites, en particulier, y trouve l’essentiel de son inspiration, dont le recul de l’âge de départ.

    La vindicte alimentée à Paris contre José Manuel Barroso est une belle trouvaille. Pour un gouvernement, secouer un peu l’Union européenne et la charger de tous les maux reste une facilité, et le commissaire européen, il faut le dire, jugeant « réactionnaire » la notion d’exception culturelle, s’y prête bien. Alors que s’est ouvert hier soir un Conseil européen crucial, qui doit endosser les recommandations adressées le 29 mai par Bruxelles aux pays de l’Union européenne, la France demandait une réécriture de ces dernières la concernant, pour y supprimer en particulier la mention d’un report éventuel de l’âge légal de la retraite parmi les mesures ordonnées, en échange du report de deux ans de l’équilibre budgétaire. La Commission européenne demande à la France de prendre des mesures d’ici à la fin 2013 pour « équilibrer durablement » ses régimes de pension, « par exemple (...) en augmentant encore l’âge légal de départ à la retraite ». Elle évoque aussi une adaptation des règles d’indexation des pensions, un allongement de la durée de cotisation, le réexamen des régimes spéciaux, « tout en évitant une augmentation des cotisations sociales patronales ». Une réforme des retraites clés en main, mais écrite par la Commission de Bruxelles : inacceptable pour un chef d’État.

    La France ne déroge pas à ses engagements

    Le jeu est rodé désormais : d’un côté, le président de la République, qui tonne que la Commission « n’a pas à dicter » ce qu’il doit faire, tempête contre une Europe qui « punit », qui, si elle reste dédiée « à ce qui empêche, à ce qui entrave, alors il y aura cette rupture que l’on constate aujourd’hui entre les citoyens et l’Europe ». De l’autre, un ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, qui met de l’huile dans les rouages et assure à ses partenaires que la France ne dérogera pas à ses engagements. Cruel décalage entre un gouvernement dont la porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, admet à Paris partager « sur le fond » les propos d’Arnaud Montebourg accusant José Manuel Barroso d’être « le carburant du Front national », et un Pierre Moscovici qui, cinq jours plus tôt, le 21 juin à Luxembourg, approuve avec ses collègues ministres des Finances européens les projets, quasiment à l’identique, de recommandations économiques rédigées par la Commission en mai dernier. À la marge, Paris a ainsi obtenu de remplacer dans le texte « âge légal » de départ par « âge effectif ». Des « modifications acceptables », selon Pierre Moscovici, bien que la possibilité de « relever encore l’âge minimal de départ à la retraite et l’âge de départ à la retraite à taux plein » demeure en toutes lettres… dans un autre paragraphe.

    François Hollande pris en tenaille

    On comprend que le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, en perde son latin et se dise « stupéfait » par la réaction courroucée de François Hollande, au moment où Paris et Berlin semblaient s’accorder sur la nécessité et les grandes lignes d’une gouvernance économique de la zone euro.

    C’est que le chef de l’État français est dans un étau, pris entre l’obligation d’obtenir le report à 2015 de l’exigence de descendre les déficits publics à 3 % du PIB – avec son corollaire, bien décrit par la Commission : réduction des dépenses sociales, libéralisation accrue des marchés – et le calendrier électoral.

    Les dernières élections législatives partielles, catastrophiques pour le PS, sans que les scores du FN, sur une base antieuropéenne prononcée, ne donnent lieu à une analyse poussée rue de Solferino, font que François Hollande se méfie, à un an des élections municipales puis européennes, d’un euroscepticisme dont le parti au pouvoir pâtirait. D’où la prise de distance d’un Laurent Fabius contre le « Barroso-bashing » : « Le débat avec la Commission, oui, mais tout ce qui est pugilat, non », a dit le ministre des Affaires étrangères, quand son collègue à l’Économie solidaire, Benoît Hamon, relevait que « la désespérance, ça mène parfois au Front national ». Pas sûr que d’autres points des recommandations faites au mois de mai, comme l’ouverture à la concurrence du trafic des voyageurs de la SNCF, ou la fin des tarifs réglementés de l’énergie pour les entreprises, n’y mènent pas, à la désespérance.

    L’UE a (presque) un budget. Les présidents de la Commission, du Conseil et 
du Parlement ont annoncé, hier, être parvenus à 
un accord sur le budget européen 2014-2020, qui s’établira 
à 960 milliards d’euros, en deçà du montant voulu par 
le Parlement. « En donnant son accord au cadre financier pluriannuel, sans consultation préalable des groupes politiques 
au Parlement, Martin Schulz (le président du Parlement) 
a négligé les principes démocratiques », ont dénoncé les députés de la Gauche unitaire européenne.

    Lionel Venturini

    Le rideau de fumée nommé Barroso, l'éditorial de Jean-Paul Piérot

    Les critiques, pour justifiées qu’elles soient, qui ont été exprimées au cours de ces derniers jours par plusieurs responsables français à l’encontre de José Manuel Barroso ne seront-elles qu’un rideau de fumée destiné à dissimuler un accord sur l’orientation austéritaire de l’Union européenne ?

    Alors que se réunissent à Bruxelles 
les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept, c’est malheureusement l’hypothèse la plus probable. Jamais auparavant l’austère président de la Commission européenne n’avait occupé une telle place dans la communication gouvernementale après qu’Arnaud Montebourg, réagissant à la défaite de Villeneuve-sur-Lot, l’eut qualifié de « carburant du Front national ». Sans doute Barroso l’avait-il bien cherché, en taxant 
de réactionnaire l’exception culturelle, c’est-à-dire 
la protection des activités culturelles de la marchandisation généralisée, prônée par l’accord transatlantique de libre-échange. Mais enfin, ses positions ultralibérales n’étaient pas une découverte, il est plus grave en revanche qu’il ait été nommé pendant deux mandats à la tête de la Commission avec l’assentiment des dirigeants des pays membres.

    Ces controverses montées en mayonnaise ont fait passer au second plan l’objectif premier de ce Conseil européen, qui doit avaliser les injonctions de la Commission européenne à l’adresse de chacun des États membres en matière de réformes structurelles, en d’autres termes, de nouveaux reculs sociaux. Paris s’est vu accorder un délai de deux ans supplémentaires pour atteindre des objectifs fixés de réduction des dépenses publiques, mais le report de l’âge de départ à la retraite au-delà de 62 ans est posé. L’attitude de François Hollande sera observée avec vigilance par les syndicats et l’ensemble du monde du travail. Au-delà des mots, allait-il faire entendre une voix ferme, ou s’apprêtait-il une nouvelle fois à s’incliner ? L’expérience de sa promesse non tenue d’obtenir après son élection une renégociation du traité européen n’incline guère à l’optimisme. « Tout le monde aura à veiller à ce qu’on trouve l’apaisement », précisait-on hier dans l’entourage du chef de l’État. À quel prix ?

    Les dirigeants européens ne peuvent pas ignorer les ravages des politiques d’austérité qui conduisent à la récession plusieurs pays européens et auxquelles se confrontent des mouvements de résistance sociale à répétition. En particulier, l’ancien premier ministre portugais que fut José Manuel Barroso a pu constater qu’à l’heure où se réunissait le sommet de Bruxelles, son propre pays était paralysé par une grève générale contre la suppression de 30 000 postes dans les services publics, l’allongement du temps de travail, le gel des pensions, la baisse des remboursements de la Sécurité sociale… Une politique d’austérité mise en place sous l’impulsion de la Commission et du FMI, lequel aujourd’hui reconnaît la nocivité de ses propres recettes, en Grèce et ailleurs.

    La lutte contre l’austérité dans chaque pays et au niveau de l’Union est-elle en passe de devenir un élément fédérateur d’un véritable mouvement social européen contre ceux qui s’acharnent à provoquer désespérance, colère et repliement ? Face à Barroso 
et à ses pairs, c’est à coup sûr le seul moyen de défendre l’idée européenne, un autre modèle européen.


    Par Jean-Paul Piérot


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  • Miracle sur le front du chômage, foi de Sapin!

    27 Juin 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs  

    Oui, cela va mieux, a cocoricosé Michel Sapin, celui du palais de l'Elysée en charge du chômage et de la précarité: "100 chômeurs de plus pour le mois de mai 2013, c'est du 0,00001% d'augmentation (et encore peut-être me suis-je trompé dans le %)".

    Vous rendez compte, 100 un chiffre tout rond, ça fait presque résultat électoral dans une dictature. Surtout que l'Insee affirme que cette "stagnation" est compensée par une envolée de la précarité et que dans ces 100 tout rond ne sont pas comptabilisés les chômeurs des DOM. Ah ben non, on ne mélange pas tout en France de l'égalité et de la fraternité. Il y en a qui sont pas aussi chômeurs que d'autres.

    Du coup, pour s'apercevoir que tout roule comme sur des roulettes à la mode Sapin, le camarade Ayrault est parti visiter les dits DOM. Eux avaient voté beaucoup plus qu'en métropole le changement c'est maintenant du camarade Hollande. Mais il semblerait que Ayraultport ND des Landes s'en rapporte justement à la grâce de notre dame qui êtes au ciel, tant la situation est explosive dans les Antilles de chez nous, notamment en Guadeloupe, selon Elie Domota, porte-parole du LKP:

     

    http://www.potomitan.info/gwadloup/images/lkp.jpg

    « Qu’attendez-vous de la visite du Premier ministre aux Antilles ?
    ELIE DOMOTA: Nous n’attendons absolument rien de sa venue. M. Ayrault vient ici pour s’extirper du bourbier dans lequel il est en métropole : les affaires, la hausse du chômage, l’impopularité du gouvernement… Il vient se changer les idées trois jours avant de repartir, mais ici nous n’attendons plus rien de lui ni de M. Hollande.


    La Guadeloupe et la Martinique ont pourtant voté très majoritairement pour François Hollande en mai 2012…
    Aujourd’hui on voit bien que le slogan « le changement c’est maintenant » est une vaste blague. Depuis un an, c’est la continuité de la politique de Nicolas Sarkozy. La loi sur la vie chère de M. Lurel est une escroquerie, en fin de compte il s’agit aujourd’hui de répartir la « profitation » entre les importateurs et les distributeurs. On fait croire aux gens qu’il y a une liste de produits à bas prix, mais les prix n’ont jamais baissé. Au contraire, ils augmentent ! Les marges des importateurs-distributeurs sont toujours aussi opulentes. Même chose pour le carburant. La présidence a changé sur le papier, ce sont les socialistes qui sont au pouvoir. Mais ils ne sont socialistes que par leur nom.

    Les accords négociés après le mouvement social de 2009 n’ont pas amélioré la situation ?
    L’Etat vient d’annoncer l’arrêt du revenu supplémentaire temporaire d’activité (RSTA: mesure permettant aux salariés avec un revenu inférieur ou égal à 1,4 fois le smic de recevoir jusqu’à 100 € supplémentaires par mois. Plusieurs fois prolongée, supprimée il y a un mois). Il s’était engagé à amorcer des discussions avec les organisations syndicales et patronales pour permettre une pérennisation de ce dispositif, mais cela n’a pas été fait. Aujourd’hui beaucoup de patrons disent qu’ils ne paieront pas les 100 €, alors qu’ils s’y étaient engagés.

    Jean-Marc Ayrault vient signer des emplois d’avenir et des contrats de génération. Cela pourra-t-il aider sur le plan de l’emploi ?
    Ce ne sont pas avec ces mesurettes qu’on va s’attaquer au chômage ! Il ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui près de 35 % de la population active est sans emploi. Chez les jeunes de moins de 25 ans, le chiffre est plus effrayant car environ 60 % sont au chômage. Nous sommes dans une situation catastrophique. Nos élus se contentent de faire de la figuration alors qu’il y a des engagements très forts à prendre en termes de développement économique, en matière de production agricole, et en matière d’éducation et de formation professionnelle.

    Selon vous, la situation est donc aussi tendue qu’en 2009 ?
    La situation est tout aussi explosive qu’il y a quatre ans. En 2009, le mouvement social a servi de soupape d’évacuation. Les gens sont descendus dans la rue car ils en avaient marre, mais c’était dans un cadre syndical. Au lieu de respecter les engagements, ils ont craché dessus. Nous sommes aux portes d’une explosion sociale, et malheureusement elle sera moins contrôlée qu’en 2009. Chacun devra assumer ses responsabilités. »

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • Villeneuve-sur-Lot : UBUESQUE, vous dis-je

    Le candidat FN Etienne Bousquet-Cassagne et l'UMP Jean-Louis Costes.
    Papa est au comité de soutien du  candidat UMP et le fiston c'est le candidat du FN : pas de problème, tout passe, tout baigne. Le Front républicain a gagné ... 

    A vrai dire j'ai comme un doute le front républicain vraiment? Mais c'est quoi pour vous la république pour pouvoir dire des conneries pareilles? 

    Quand je vois les déclarations de Coppé lors des "manif pour tous", je m'étonne qu'on ose parler de république, c'est sans doute que pour vous et moi ça ne veut surement pas dire la même chose. 
     
    Remarquez bien que je ne pense pas non plus que le Parti socialiste, dont le rose commence à bien bleuir sous l'ardeur de la tâche impossible d'imposer l'austérité tout en disant qu'elle ne l'impose pas, soit très républicain.

    ILS, (les députés représentants de la nations) ont voté, sans presque même le discuter, la destruction du droit du travail, ce plan du patronat approuvé par des syndicats minoritaires.
    ET ILS  
    (les députés représentants de la nations), sont près à recommencer avec le plan retraite. Je ne vous parle pas du plan autisme qui va livrer des centaines d'enfants à des méthodes dignes de ces camp de rééducation pénitentiaire. Il y a aussi cet aéroport, vieux projet dérisoire, mais qu'il faut faire au nom de la métropole tueuse des libertés communales et de la gestion des communes par ceux qui l'habitent. 

    Tout est mensonge et faux semblant, et surtout le front républicain . On va nous demander en 2017 de choisir entre Nicolas et Marine ... au nom de la république.

    Non ne croyez pas que je sois devenue FN ... Ce que je veux seulement dire c'est que la République c'est comme les communes devant la métropole, elle est devenue une coquille vide soumise au bon vouloir d'une Europe délirante, capitaliste et dirigée par une commission non élue.

    Faut tout de même pas nous prendre pour des cons.


    Maryvonne Leray



    Il est agriculteur, président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne et s'était engagé officiellement en faveur du candidat UMP Jean-Louis Costes en vue de la législative partielle. Mais la situation personnelle de Serge Bousquet l'a contraint à un numéro d'équilibriste : c'est son fils, Etienne Bousquet-Cassagne, qui portait les couleurs du FN. Il y a quelques jours, il confiait au "Nouvel Observateur" avoir "du mal à trancher entre le cœur et la raison". Au lendemain d'un second tour remporté par l'UMP, il livre ses impressions sur cette bataille locale très à droite, sur les liens entre UMP et FN et sur le front républicain.


    Jean-Louis Costes a remporté la législative face à votre fils, Etienne Bousquet-Cassagne. Quel goût a, pour vous, cette victoire ?

    - Un goût de satisfaction : le but premier était d'évincer les socialistes. Je suis de droite. J'avais dit en plaisantant, à la veille des résultats : "Quoiqu'il advienne, l'un de mes proches sera élu". Bien sûr j'étais partagé, entre le soutien d'un père à son fils et mon ancrage politique propre. Mais il existe aujourd'hui des ponts entre la droite classique et le FN, qui vont devenir des aqueducs.


    Comprenez-vous le choix de votre fils de représenter le FN ? A-t-il suscité des débats entre vous ?

    - Au départ oui. Je suis pragmatique : pour faire de la politique, il faut être élu, ce qui est rarement le cas des candidats FN. Je lui ai donc dit : "Tu dois être soit PS, soit UMP". Au-delà de ça, le FN est un parti que je considère comme respectable. Marine le Pen ne dit pas plus de conneries que Jean-Luc Mélenchon.


    Comment analysez-vous la poussée du FN dans cette circonscription ?

    - Au départ le département se situe dans une tendance radical-socialiste. Le FN pouvait y obtenir de bons résultats, sans plus. Les gens n'avaient pas apprécié certains traits du gouvernement sous Sarkozy, et pensaient que Hollande allait faire mieux. Or, un an après, ils se rendent compte que ce n'est pas le cas, s'en trouvent désemparés et le font savoir via les urnes. Avant, ce mécontentement se transformait en vote communiste, aujourd'hui en vote FN. Ces votants appartiennent aux mêmes catégories sociales : des petites gens tout à fait respectables, artisans et commerçants. Difficultés, chômage... c'est sur eux que tout tombe.

    L'affaire Cahuzac n'y est pas pour grand-chose : il est très apprécié localement et déjà pardonné, malgré cette grosse connerie, sorte de déni de grossesse. Je suis persuadé que s'il se présentait de nouveau, il serait élu.


    Y a-t-il eu un front républicain à Villeneuve-sur-Lot ?

    - Non. Les gens ne respectent plus les consignes de vote données par les partis, mis à part quelques encartés. Les socialistes qui s'en félicitent sont hypocrites et pensent aux prochaines élections, en espérant un renvoi d'ascenseur. Cette fracture définitive, où vous étiez soit de gauche soit de droite, n'existe plus. D'ailleurs, ni le thème de l'immigration ni celui de la sécurité n'ont été abordés dans la campagne menée par le FN. Le social, le malheur des gens étaient davantage au centre.


    Comment avez-vous fait la part des choses, durant cette campagne, entre engagement politique et soutien personnel à votre fils ?

    - Quand Jean-Louis Costes m'a proposé d'intégrer son comité de soutien, j'ai accepté dans le but d'éliminer le candidat socialiste au premier tour. J'ai opté pour la neutralité au second : je m'y devais. J'ai passé la soirée électorale avec mon fils. Aujourd'hui, personne ne me fait la gueule : je ne m'en suis pas si mal sorti !


    Vous sentez-vous soulagé que l'élection soit derrière vous ?

    - C'est fini pour mieux repartir, il y aura d'autres élections. Qu'un gamin de 23 ans, doté par ailleurs de sacrées qualités, obtienne plus de 46% des voix constitue un avertissement, d'autant qu'il s'agit d'un réel vote d'adhésion.
     

     

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