•  Insurrection» citoyenne en trompe-l’œil ou défense honteuse de l’Union Européenne et de son monstrueux euro ?

    Une déclaration du PRCF

    (Pôle de Renaissance Communiste en France)

    prcf-logo

    Présidé par Pierre Laurent, - l’actuel secrétaire national du PCF-PGE -, le Parti de la Gauche Européenne (PGE) s’efforce de récupérer à son profit la révolte des peuples d’Europe contre les effets de la politique continentale d’austérité qui dévaste les acquis sociaux, l’emploi et les salaires dans tous les pays de l’Union Européenne.

     

    Dans ce but, ce « parti » européen, financé par Bruxelles sous l’expresse condition qu’il accepte l’Europe supranationale et qu’il ne remette pas en cause l’euro -, organise à Bruxelles un prétendu « sommet européen alternatif » pour, dit-il, exiger une « Europe sociale, démocratique et écologique ». 

     

    C’est pourquoi le PRCF avertit clairement les syndicalistes sincères qui, à la faveur de la dynamique créée autour de Jean-Luc Mélenchon en France, et surtout, à partir des luttes pré-insurrectionnelles (non pas en paroles mais en actes !) menées en Grèce, en Espagne, en Allemagne et en Italie (la France actuelle est quelque peu paralysée comme on pouvait s’y attendre, par la campagne électorale), qu’il s’agit là d’un piège grossier, d’un enterrement de première classe pour les luttes en Europe, et même pire : d’une manière de canaliser les luttes sociales en vue de les rabattre dans le cadre de la monstrueuse « construction européenne » actuelle. Celle-ci est en effet destinée de A à Z à détruire la souveraineté nationale  et tous les acquis sociaux des peuples d’Europe tout en alignant les ex-partis communistes et les confédérations syndicales originaires de la FSM (fédération de lutte des classes à laquelle a longtemps appartenu la CGT) sur les pratiques réformistes et collaborationnistes de la C.E.S. (confédération européenne des syndicats).

     

    En effet, les organisateurs de cette manifestation bruxelloise font comme si l’Europe supranationale était un cadre politiquement neutre, si bien que la pression des peuples pourrait à volonté modifier le contenu social des politiques adoptées. C’est le même mensonge que cultive la Confédération Européenne des Syndicats, ce flanc-garde de l’Europe patronale qui accepte l’euro, qui « dialogue » en permanence avec le rapace patronat européen et qui accepte les prétendues « dettes souveraines » : raison pour laquelle la CES ne fait rien de sérieux pour fédérer la seule Europe qui vaille, celle des luttes contre les effets, mais aussi contre les causes de l’ « eurostérité ».

     

    En réalité, de l’histoire de l’Union Européenne du traité de Rome à nos jours au contenu ultra-verrouillé des institutions européennes en passant par celui des politiques mises en place à l’unisson par la social-eurocratie et par l’eurodroite,, tout montre que l’Union Européenne est une dictature continentale, arrogamment dirigée depuis Berlin qui nomme désormais ses proconsuls à discrétion de Rome à Athènes, un empire férocement anticommuniste qui généralise peu à peu la chasses aux rouges en provenance des pays de l’est, un cartel de puissances impérialistes grand ouvert à l’extrême droite raciste et systématiquement aligné sur Washington quand il s’agit d’ « aligner » les peuples du Sud par la guerre, le blocus et l’ingérence.

     

    Par exemple, il est mensonger d’affirmer que l’euro puisse être réformé dans un sens social. Structuré autour du Deutschemark, conçu pour mettre en place en Europe une zone crypto-protectionniste autour de l’industrie allemande, renchérissant tous les produits de l’Europe du sud et les rendant inexportables, entièrement lié aux dispositifs austéritaires des critères de Maastricht, de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de sa politique monétariste gravée dans les traités, intrinsèquement lié à l’article 6 de Maastricht faisant de l’Europe une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », l’euro est conçu de A à Z pour écraser les salaires (et d’abord ceux des ouvriers allemands !), détruire les prestations sociales et les services publics, permettre le déploiement et la délocalisation mondiale des trusts capitalistes et favoriser l’écrasement des petites entreprises liées au marchés national ou local.

     

    Il est honteux, alors qu’une majorité d’ouvriers, en France comme en Europe, vomit l’euro qui n’a apporté que vie chère et austérité, la direction d’un parti communiste rabatte les luttes vers un soutien indirect vers l’euro en prétendant, - aux calendes grecques ? – en faire un « instrument du progrès ». Pierre Laurent ne peut ignorer que ce qu’il propose en fait, c’est, -en attendant une invraisemblable « réorientation progressiste de l’euro et de l’Union Européenne » (il y faudrait l’unanimité des pays de la zone euro dirigés par des gouvernements de l’ultra-droite) -, de maintenir bien sagement les travailleurs en lutte à l’intérieur de l’euro et de l’Union Européenne.

     

    Le but de ces faux « insurgés » est de dresser un contre-feu contre la seule revendication qui vaille, tant pour construire le « tous ensemble » dans chaque pays que pour mettre en place l’Europe des luttes : la fin de la monnaie unique, la restauration pour chaque pays de sa souveraineté nationale et budgétaire, le refus de la prétendue « dette souveraine », la dislocation complète de cette dictature européenne transnationale qu’est l’UE, le rétablissement du droit de chaque peuple à disposer de soi, - non pour s’isoler, mais pour coopérer avec les autres pays souverains du monde ENTIER.

     

    Oui,si un pays comme le nôtre avait enfin le courage de claquer la porte et de sortir de l’Union Européenne/Euro sur des bases progressistes et internationalistes, alors oui, une situation insurrectionnelle et prérévolutionnaire secouerait l’Europe et le système capitaliste mondial. Et c’est ce dont ne veulent à aucun prix les dirigeants réformistes du Parti de la Gauche Européenne, que nos camarades du Parti communiste de Grèce ont bien fait de tancer tout récemment en leur reprochant de pleurnicher sur les effets funestes de l’Union Européenne sans contester les causes structurelles de la politique réactionnaire actuelle.

     

    Protéger l’Union Européenne et l’Euro comme le fait le PGE, direction du PCF en tête, ce n’est pas construire l’insurrection citoyenne, c’est la dévoyer et la neutraliser pour éviter que le chaudron ne pète, y compris en France, quand, les élections passées, le président en place devra exécuter l’énorme plan d’austérité qui attend notre pays. Mais en attendant, on aura réussi à mettre l’Union européenne à l’abri du débat présidentiel français ; pire, on aura abandonné cette question de l’euro au hideux FN, qui d’ailleurs ne veut pas réellement sortir de l’euro puisqu’il soumet (cf. le site du FN) cette décision au bon vouloir de…« l’Axe franco-allemand » ; et évidemment Marine Le Pen n’est pas prête de faire la moindre peine, traditions versaillaises et vichystes obligent, à Angela Merkel…

     

    Si la dynamique électorale créée autour de Mélenchon peut porter un espoir, ce n’est nullement parce que Mélenchon refuse de rompre avec l’Union Européenne et avec l’Euro : c’est au contraire ce point de son programme qui l’empêche de dessiner une véritable alternative porteuse d’un rassemblement populaire majoritaire fédérant tous les partisans républicains du non à la constitution européenne ; et il est lamentable que le PCF-PGE, et en son centre, l’appareil du PCF soit dans ce cadre le meilleur défenseur continental de l’euro !

    Au contraire, si Mélenchon a créé une dynamique, c’est parce qu’il a su, en rupture avec les thèmes habituels de la direction européiste du PCF-PGE, unir le drapeau rouge au drapeau tricolore, la Marseillaise et l’Internationale, la thématique de classe aux thèmes républicains, comme savaient le faire naguère Jacques Duclos ou Georges Marchais (et comme n’a cessé de le faire courageusement le PRCF à contre-courant de toute la fausse gauche) : mais toute cette symbolique ouvrière et républicaine restera très en-deçà des nécessités politiques si le « Front de Gauche », jusqu’ici tenu en laisse par le PGE de Pierre Laurent, continue d’épargner l’Euro ( « notre monnaie », comme dit Jean-Luc Mélenchon à propos de cette arme de destruction massive des acquis !) en réduisant l’appel au patriotisme à un slogan sans lendemain. On ne peut servir deux maîtres et le « Front de Gauche » sera obligé de choisir entre son programme social et sa subordination actuelle aux thèmes « euroconstructifs ».

     

    Plus que jamais, le PRCF appelle donc les syndicalistes et les progressistes, notamment les communistes, à s’émanciper du PS maastrichtien en rejetant le mot d’ordre social-maastrichtien de l’ « Europe sociale » qui transforme l’insurrection citoyenne annoncée en tigre de carton , si ce n’est en rabatteur de l’Europe supranationale et capitaliste en crise ouverte.

    A l’heure où le MEDEF en appelle ouvertement dans son manifeste intitulé « Besoin d’aires » à remplacer la France par les « Etats-Unis d’Europe », à organiser de « nouveaux transferts de souveraineté » et à « reconfigurer les territoires » pour casser la République, l’heure n’est pas à s’aligner de gauche sur la construction européenne. Elle est à organiser partout le rejet de l’UMP, du FN et aussi celui de la monstrueuse « construction européenne » du capital.

    Le 31 mars 2012


    votre commentaire
  • Un rapport publié jeudi 29 mars 2012 montre l'ampleur des dégâts fait par le système capitaliste en France.

    Plus de 11 millions de Français sont touchés par la pauvreté ou l'exclusion. Cette pauvreté sous toutes ses formes a augmenté en France depuis le milieu des années 2000.

    Les conséquences de la crise 2008-2009 sont "lourdes, multiples et échelonnées dans le temps", souligne l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) dans son rapport 2011-2012.

    Les chiffres disponibles sont de 2009, donc en dessous des réalités dramatiques d'aujourd'hui: 11,2 millions de personnes étaient touchées soit par la "pauvreté monétaire", soit par "des privations matérielles sévères" soit par une "très faible intensité de travail".

    Parmi elles, 700.000 personnes cumulaient les trois indicateurs.

    Si l'on considère les données de l'INSEE, le taux de "pauvreté monétaire" concerne 13,5% de la population:

    8,2 millions de personnes vivaient ainsi en 2009 avec moins de  954 euros.

    Près de deux millions de personnes vivaient avec moins de 640 euros par mois, soit 3,3% de la population, en nette progression depuis 2005.

    Ce mouvement de remontée de la pauvreté est selon l'organisme officiel "en lien,  avec la hausse généralisée des inégalités de revenus aux deux extrêmes de la distribution" des richesses.

    L'ONPES attire l'attention sur des publics particulièrement vulnérables: les familles monoparentales (près de 30% de pauvres), les jeunes (22,5%) ou les femmes âgées (environ 15%).

    L'instance officielle constate aussi que "disposer d'un emploi n'est plus une condition suffisante pour franchir le seuil de pauvreté", tant l'emploi s'est raréfié et précarisé (chômage, CDD, intérim, temps partiel).

    Ces chiffres montrent l'urgence d'en finir avec cette société. Cette situation faite au peuple ne supporte aucun compromis, aucune paix sociale.

    Peut-on à la fois gérer à la fois les affaires du capital et les énormes dégâts qu’il occasionne ? Il faut en finir avec ce « dialogue social. Il faut se faire entendre et se donner les moyens d’en sortir en arrachant au capital notre dû.

    Source : d’après le « site communistes »


    votre commentaire
  • Une centaine de sans-papiers a occupé le siège de la fédération du Nord de l'UMP, hier après midi à Lille. La police, après les avoir délogés, a procédé à un contrôle d'identité.

    Sept sans-papiers ont été interpellés.
    Les cinq militants UMP présents dans le local de la fédération Nord du parti présidentiel ont été surpris, hier en début d'après-midi, par l'irruption d'une quarantaine de sans-papiers et sympathisants (CSP 59, Jeunes communistes, CGT ou se présentant comme anarchistes). Trois semaines après avoir occupé le local de l'association Emmaüs, le Comité des sans-papiers du Nord a organisé une nouvelle opération coup de poing. Avec les mêmes revendications à la clé.
    « Nous voulons interpeller l'UMP et la préfecture, signale le porte-parole du CSP 59, Roland Diagne, qui manifeste devant l'UMP départementale avec une cinquantaine d'autres militants. Nous demandons à être reçus par le préfet Bur : nous n'acceptons plus les refus de régularisation systématiques et réclamons le retour au cas par cas, comme avant 2007. » Pour se faire entendre, le comité menace d'entamer une grève de la faim.

     

    Lille : occupation du local de l'UMP par une centaine de sans-papiers


    « C'est ce que nous appelons une guérilla urbaine pacifique », avance Éva Lumanisha, autre voix du CSP 59.
    Le procédé n'a toutefois pas été du goût du secrétaire départemental de l'UMP, Bernard Gérard, qui le « condamne fermement » : « Une permanence politique est un endroit où s'exerce la démocratie, ce n'est pas un lieu d'occupation et de provocation » , estime le député maire de Marcq-en-Baroeul.
    Après avoir bloqué la circulation de la rue Solférino entre les places Sébastopol et Philippe-Lebon, la police a chargé les manifestants et évacué les occupants. L'occasion étant belle, les forces de l'ordre ont effectué un contrôle d'identité à la sortie et procédé à l'arrestation de sept personnes en situation irrégulière. « Il est logique que la police s'enquière de l'identité de ceux qui s'introduisent de force dans des locaux », note Bernard Gérard.
    Alors qu'ils s'étaient réunis place de la République, les autres militants se sont rendus devant l'hôtel de police de Lille où une centaine d'entre eux a improvisé un sit-in. Un important dispositif policier a été déployé, entraînant la fermeture de l'entrée du commissariat. « Ils sont actuellement à l'intérieur et risquent la mise en centre de rétention à l'issue de la garde à vue », explique Éva Lumanisha. « Nous attendrons jusqu'à leur libération », affichait-il encore passé 20 h.
    Hervé-Marie Morelle, candidat UMP dans la 1ère circonscription, est resté devant le siège de l'UMP durant toute la manifestation. Il s'est ensuite rendu au commissariat pour porter plainte, au nom de son parti, pour intrusion, dégradations et injures. Une imprimante aurait été touchée et des affiches arrachées.


    JULIEN GILMAN


    votre commentaire
  • Antiterrorisme: opération com' de Sarkozy ce vendredi matin

    Opération policière de ce vendredi matin prise sur le vif

    Nicolas Sarkozy l'a annoncé en direct sur Europe 1 ce vendredi matin. Une opération de police très largement médiatisée sur le terrain contre les "milieux islamistes radicaux" a conduit à la mise en garde à vue de 17 des 19 personnes arrêtées, selon le ministère de l'Intérieur.

    Plusieurs chaînes de télévision et de nombreux photographes étaient sur place tôt ce matin pour filmer les interventions sans lien avec l'affaire Merah menées par l'unité d'élite du Raid et du Groupe d'intervention de la police national (GIPN) à Toulouse et dans sa région, mais aussi à Nantes, autour de Lyon, dans la région parisienne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

    Interrogations sur les armes saisies

    "Je peux vous dire qu'un certain nombre d'armes, dont des kalachnikovs, ont été saisies", a déclaré Nicolas Sarkozy. Une affirmation atténuée par une source judiciaire, qui invitait à la "prudence" sur ces résultats car les perquisitions étaient en cours en milieu de matinée et qu'il n'était pas certain dans l'immédiat qu'elles soient utilisables.

    D'autres opérations à venir…

    L'opération, qui intervient à trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, n'a aucun lien avec l'affaire Merah, a reconnu le candidat UMP à la présidentielle. Mais ce dernier a annoncé de pareilles opérations à venir dans les prochains jours. "Ce qui s'est passé ce matin va continuer, il y aura d'autres opérations qui continueront et qui permettront d'expulser du territoire national des gens qui n'ont rien à y faire", a dit le président-candidat sur Europe 1.

    Sarkozy : les interpellations "vont continuer" par Europe1fr

    … dont la police doute de leur efficacité

    Il semble que ces arrestations concomitantes aient bien été précipitées pour coller au calendrier politique. Selon Reuters, cette opération qui vise une "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", mais ne porte sur aucun projet d'attentat ou de recrutement de combattants, était envisagée ces dernières semaines par la haute hiérarchie policière mais suscitaient des réserves.

    Le débat portait alors sur l'opportunité d'une telle opération en période électorale et surtout sur sa pertinence en terme d'enquête, certains magistrats et policiers penchant pour une poursuite des surveillances déjà en cours afin d'approfondir la connaissance des réseaux éventuels.

    Sarkozy, premier flic de France

    Le gouvernement semble avoir trouvé les arguments pour que trois juges d'instruction antiterroristes signent la commission rogatoire permettant l'intervention policière. Cette nouvelle séquence d'un Nicolas Sarkozy premier flic de France intervient après son omniprésence médiatique lors de l'affaire du Tueur au scooter et des drames de Montauban et Toulouse (à lire: Sarkozy se donne à voir à Montauban et Toulouse)

    Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a réfuté vendredi que le coup de filet dans les milieux islamistes radicaux soit une "opération de communication", affirmant que les personnes interpellées étaient animées par "une idéologie de combat".

    Un groupe islamiste radical visé. Plusieurs des personnes arrêtées sont soupçonnées d'être proches du groupement islamiste radical Forsane Alizza ("Les "Cavaliers de la fierté"), dissous en février par le ministère de l'Intérieur.


    votre commentaire
  •  
    Manifestation dans le centre de Barcelone, jeudi 29 mars, contre l'austérité et la réforme du travail élaborée par le gouvernement de Mariano Rajoy.

    Quelques heures seulement après une grève générale accompagnée de manifestations monstres, l'Espagne présente, vendredi 30 mars, son projet de budget 2012, attendu comme le plus rigoureux de son histoire, tandis que les inquiétudes montent en Europe à son sujet. Mission du gouvernement : ramener en douze mois le déficit public de 8,51 % à 5,3 % du PIB.

    Pour y arriver, les premières estimations parlaient d'environ 35 milliards d'euros à trouver, entre économies et nouvelles recettes, mais le chiffre sera certainement plus élevé, en tenant compte de la récession, qui devrait réduire le PIB espagnol de 1,7 % cette année. "Ce sera plus ou moins 50 milliards, peut-être même un peu plus", explique Soledad Pellon, analyste à la maison de courtage IG Markets. L'agence de notation Moody's parle de 41,5 milliards, la Fondation des caisses d'épargne (Funcas) évoque 55 milliards.

    INQUIÉTUDES

    Après avoir déjà annoncé des coupes budgétaires de 8,9 milliards d'euros et des hausses d'impôts pour 6,3 milliards, il reste à l'Espagne à trouver la modique somme de 30 à 40 milliards. Le budget sera donc "très austère", a prévenu le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy. "Le plus austère de la démocratie", a même dit le ministre du budget, Cristobal Montoro, avec "un effort budgétaire comme nous ne n'en avons certainement jamais réalisé dans notre pays jusqu'à présent". Cet effort devra être convaincant, alors que les mises en garde de ses partenaires se multiplient : le pays "donne beaucoup d'inquiétude à l'Europe", a déclaré samedi le chef du gouvernement italien, Mario Monti.

    "L'Espagne a du mal à tenir ses objectifs", alors que "la situation de l'économie espagnole est bien pire que la nôtre", a renchéri mardi le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé. C'est sans aucun doute la banque américaine Citi qui a été la plus virulente, affirmant mercredi que "l'Espagne devra probablement entrer dans un programme de type Troïka [donc une aide de l'UE, de la BCE et du FMI] cette année, comme condition pour obtenir plus de soutien de la BCE à la dette souveraine espagnole et/ou aux banques espagnoles".

    "RÉDUCTION DU DÉFICIT QUASI IMPOSSIBLE"

    Le gouvernement veut geler à nouveau les salaires des fonctionnaires et baisser les budgets des ministères de 14,5 à 15 %, même s'il écarte toute hausse de la TVA et des autres impôts touchant à la consommation. De quoi susciter des doutes : "Nous sommes quelques analystes à penser que, même en faisant tout cela, la réduction (du déficit) à 5,3 % est quasi impossible", écrivait jeudi Fernando Faces, de l'Institut international San Telmo, dans le journal Expansion. Deutsche Bank va dans le même sens : "Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement réussisse à ramener son déficit à 5,3 % du PIB cette année", écrit Gilles Moec, qui table sur 6 % et prévoit que le budget présenté vendredi sera "centré sur les coupes budgétaires" et n'augmentera que très peu les impôts.

    "Sans monter les impôts, sans toucher à la santé ni à l'éducation, c'est impossible que nous arrivions à un déficit de 5,3 %", dit Soledad Pellon. "Cela a été démontré dans tous les pays, il est très difficile de réduire le déficit public au milieu d'une récession, parce que celle-ci réduit les recettes et augmente les dépenses, via les prestations chômage", dans un pays où près d'un actif sur quatre est sans emploi, souligne José Carlos Diez, économiste à la maison de courtage Intermoney. "Du coup, nous ramons à contre-courant, avec une capacité pour ramer mais au final, nous nous épuisons", estime-t-il : "L'Espagne a besoin de temps mais il semble que Bruxelles ne soit pas disposée à lui en donner."

    http://www.lemonde.fr


    votre commentaire
  • En Espagne, à Barcelone, ils ont la frite (en plus des tapas), et surtout ils savent faire passer des messages avec brio et avec classe.)

     

    Des Espagnols pleins de talent vont dans les banques faire des concerts, avec musique, danse et chant. Les textes sont militants et dénoncent la finance, la musique donne furieusement envie de taper du pied.

    Les comédiens ont fait de nombreuses actions dans diverses banques du pays, de Séville à Barcelone, même devant la banque d’Espagne. Vous pouvez retrouver de plusieurs vidéos de leurs actions sur leur site : FLO6X8. Y compris un tutorial en images si l’envie vous prend d’importer l’action, avec la chorégraphie, dans nos tristes banques françaises. La chanson se nomme : Ce n’est pas la crise, ça s’appelle le capitalisme. (Via reflets)

    Pas besoin de comprendre parfaitement la langue ibérique pour saisir  ce qui est exprimé dans cette vidéo. C’est peut-être là que se trouvent les solutions, dans l’aspect festif de la contestation, de la dénonciation d’un système qui ne correspond plus aujourd’hui aux attentes de la majorité des citoyens ? Imaginez des centaines de milliers (des millions ?) de personnes allant danser et chanter dans les banques, les hypermarchés, les hall des grandes multinationales ? Ah, cette vidéo est terriblement rafraichissante…


    votre commentaire
  • 130397969920061107110818-manifestacion-avt2Grève générale historique en Espagne

     

    11 millions de grévistes, 3 millions dans les rues contre la réforme du travail poussent les syndicats prompts au « dialogue social »

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Sixième grève générale en trente ans en Espagne, et d'après les chiffres divulgués par les syndicats, il s'agirait de la grève la plus suivie de ces trois dernières décennies, bien au-delà des journées de grève de 2002 ou 2010.

     

    D'après les syndicats, 77% des salariés espagnols auraient participé à cette journée de grève générale du 29 mars, soit près de 11 millions de travailleurs qui ont répondu à l'appel lancé par les Commissions ouvrières (CC.OO) et l'UGT.

     

    Cette journée de grève générale était convoquée sous le mot d'ordre « Non à la réforme du travail ! ».

     

    La réforme du gouvernement de droite prévoit notamment une réduction des indemnités de licenciement, 33 jours par année travaillée (et seulement 20 en cas de licenciement économique) au lieu de 45, etl'institutionnalisation de « contrats aidés », payés par l'Etat pour le privé, contratsprécarisés au salaire minimum.

     

    Si le patronat et le gouvernement ont tenté de minimiser le grève, ils ne pouvaient masquer l'ampleur d'une grève qui a paralysé les transports urbains des grandes villes : seuls 30% des métros de Madrid étaient en état de marche, 30% des trains régionaux et 20% des trains régionaux. Une grève qui a fait chuter la consommation d'électricité de 23%, preuve de la paralysie du pays.


    4475619w-365xXx80

    Cette grève se concluait ce soir par 111 manifestations dans tout le pays qui ont mobilisé sans doute au-delà des 2 millions de manifestants du 19 février dernier.

     

    Les premiers chiffres dans des petites villes de province donnaient déjà le vertige : 100 000 à Vigo, 60 000 à La Corogne 50.000 manifestantes àValladolid ou 60 000 à Palma de Majorquec'est du jamais vu. D'après les derniers chiffres, on serait à 1 million de manifestants à Madrid, 400 000 dans les diverses cités d'Andalousie, 300 000 à Barcelone et à Valence.

     

    « Le succès indiscutable » d'une grève qui touche tout le pays et tous les secteurs, et en premier lieu l'industrie

     

    « Cette grève a été un succès indiscutable »a déclaré le secrétaire de l'UGT Candido Mendez lors de la conférence de presse. Ignacio Fernandez Toxo, des CC.OO, a partagé le constat ajoutant toutefois que « son ampleur a été plus importante dans l'industrie que dans les services ».

     

    Difficile de contester, même dans les services, le succès d'une grève qui a mobilisé 70% du personnel de l'Education nationale, 70% des agents des collectivités locales, 85% du personnel universitaire et surtout 95% des travailleurs des transports.

     

    Dans les secteurs où la grève a été moins suivie, comme dans la santé et les administrations centrales, un travailleur sur deux a arrêté le travail.

     

    1245150.jpg C'est dans l'industrie que la grève a été le plus largement suivie, avec 97% de grévistes.

     

    49 sites industriels ont été arrêtés et occupés par les travailleurs : dans les grandes usines autombiles (Nissan, Renault, Mercedes, Seat, General Motors), leurs équipementiers (Mann-Hummel, Fico Mirrors, Valéo), les mines (Hullera Vasco-Leonesa), l'aéronautique (EADS), la sidérurgie (Acerinox, Siderurgica Balboa, Sidenor).

     

    Face à des manifestants qui appellent à une « grève générale illimitée », les syndicats lancent un appel à la « négociation » pour corriger la réforme !


    Le potentiel de mobilisation est inédit en Espagne, 15 millions de personnes en grève, 3 milions dans les rues, une combativité qui se mesurait au mot d'ordre scandé par les manifestants à Madrid et ailleurs : « Allez, allez, ne reculons pas d'un pas sur la réforme. Grève générale ! »

     

    Le mot d'ordre des syndicats lors de la conférence de presse étaient tout autre. Ainsi, Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire des CC.OO, et président de la CES (Confédération européenne des syndicats) : « La grève est une grande occasion pour changer de cap et ouvrir une phase de dialogue. Nous sommes ouverts à la négociation, nous avons des propositions et des alternatives ».

     

    Mais le dirigeant syndical met en garde le gouvernement, si il veut aller à la confrontation, « le conflit social ira en s'intensifiant, jusqu'à ce que nous obtenions la modification de la réforme du travail ».

     

    Pas de retrait de la loi, mais sa modification ainsi qu'un appel à la « concertation », on est loin des attentes des grévistes du 29 mars.

     

    Une « concertation sociale » déjà mise en œuvre par les deux syndicats qui avaient négocié avec le gouvernement des « services minimums »dans les grands services publics et dont Fernandez Toxo s'est revendiqué : « Nous avons respecté scrupuleusement les services minimums ! », a-t-il déclaré à la presse.

     

    Le PSOE, responsable de 6 des 8 dernières lois de libéralisation du marché du travail, prompt à la récupération !

     

    Un mouvement énorme freiné par les syndicats, et dont le PSOE, fidèle à sa tradition, est prompt à récupérer. A la tête de la manifestation madrilène, se trouvait outre le coordinateur général d'Izquierda Unida Cayo Lara, le secrétaire à l'organisation du PS, Oscar Lopez.

     

    On retrouvait dans le cortège plusieurs dirigeants socialistes dont Manuel Chavez, ancien ministre du travail de 1986 à 1989,lui qui fut aussi le maître d’œuvre d'une contre-réforme du marché du travail dans le gouvernement Gonzalez, et qui a connu une des six grèves générales de l'après-franquisme, en décembre 1988.

     

    C'est un comble que les socialistes qui furent à l'origine de six des huit contre-réformes du travail depuis la chute du franquisme, qui ont mis en œuvre avec zèle sous Zapatero la politique d'austérité de 2008 à 2011, puissent se faire passer pour l'opposition aux projets gouvernementaux !

     

    L'avenir du mouvement social espagnol, entre pression de la base pour une grève générale illimitée et freins de directions syndicales acquises à la ligne du « dialogue social », est incertain. Toutefois, comme au Portugal et en Grèce, le potentiel existe pour construire un mouvement de convergence des luttes susceptible de mettre en échec les plans du gouvernement Rajoy.


    votre commentaire
  • Marx Mort

    Significatif qu’un journal comme Marianne s’intéresse à Marx au point de publier une enquête en plusieurs volets sur l’actualité du marxisme. Marx capital ? On est bien d’accord !


     

    Philippe Petit prolonge dans Marianne2 l’enquête « Pourquoi Marx redevient capital ? » publiée dans le numéro actuellement en kiosque. Premier volet, un entretien avec Jacques Bidet, directeur honoraire de la revue « Actuel Marx » et auteur de l’Etat-monde.


     

    Marianne : La crise financière de 2008 et ses suites, signent-elles selon vous le retour d’une certaine actualité des thèses de Marx concernant les rapports de l’Etat avec ceux qu’ils nommaient « les fondés de pouvoir du capital » ?

    Jacques Bidet : Cette crise, pour tout observateur, est révélatrice de problèmes structurels. Diversement interprétables, il est vrai. Beaucoup, y compris à droite, sont prêts à admettre qu’elle relève d’un pouvoir exorbitant du capital financier, qui échappe à tout contrôle. Les divergences commencent quand on se pose la question de savoir quelle sorte de contrôle devrait s’exercer sur la propriété capitaliste, sur les capacités d’initiative et d’emprise économique et politique qu’elle procure.

     

    C’est là la partie conflictuelle qui se joue dans les Etats-nations. Le pouvoir d’État, officiellement du moins, appartient aux citoyens, capables d’imposer des lois qui limitent les droits de propriété (on ne peut produire n’importe quoi, utiliser n’importe comment la terre et les forces de travail, il y a notamment un droit social), et qui permettent qu’une partie de la production soit, via l’impôt, organisée dans des formes non marchandes (voir éducation, santé, etc.). L’Etat-nation définit un contexte où le marché n’est pas tout puissant : le contexte dans lequel sont apparues des tentatives dans le sens du « socialisme ». Avec des résultats fort variables, comme on le sait.

     

    Mais, à partir des années 80, le cadre national de production s’est trouvé dépassé, notamment en raison des capacités d’organisation à l’échelle planétaire que procurait l’informatique. Les grands intérêts capitalistes se sont ainsi trouvés en mesure d’ébranler les pouvoirs nationaux (ceux, du moins, des nations dominées) et d’imposer un système de dérèglementation universelle. Le capital financier a, dès lors, pu se lancer dans une conquête générale de toutes les sources possibles de profit — richesses naturelles, entreprises publiques, avoir des particuliers — et en est arrivé à des aventures spéculatives conduisant les banques à la faillite et les populations à la ruine. Selon un jeu de dominos dont on attend la suite.

     

    Il n’est cependant pas très évident que cette situation fonde un « retour de Marx ». Comme on le proclame un peu vite. Prise à la lettre, la théorisation de Marx conduisait au projet d’une « abolition de la propriété privée et du marché ». Ce sont là ses formulations. La révolution bolchevique s’inscrivait dans ce droit fil. On reste cependant dans l’esprit de Marx quand on se représente que la vraie « révolution » consiste plutôt à vaincre le pouvoir du marché. Mais seul l’État-nation fournissait le cadre d’une certaine emprise possible d’une organisation commune sur le marché capitaliste. Or le problème se trouve désormais, pour une part du moins, transféré à l’échelle du monde. Ce que l’on appelle aujourd’hui « le marxisme » développe sa critique mondiale contre la domination systémique des Centres vers les Périphéries. Á juste titre. Mais cela ne devrait pas empêcher de voir que ce « système-monde » s’entrelace désormais étroitement à un « État-monde ». C’est en ce sens, me semble-t-il, qu’une réflexion héritière de Marx devrait pousser son analyse.

     

    La lutte « moderne » des classes

    M. : La lutte des classes demeure-t-elle un concept opérant ?

    J.B. : Tout dépend de ce que l’on entend par « classe » et par « lutte ». Il faut, selon moi, reconsidérer le schéma marxiste traditionnel de structure de classe. Je me réfère à la thèse selon laquelle la domination de classe, à l’époque moderne, découle d’une « instrumentalisation de la raison », c’est-à-dire des deux « formes de coordination rationnelle à l’échelle sociale », comme disent les économistes, soit d’une part le marché et d’autre part d’organisation. Marx a développé le premier volet : il a montré que le traitement de la force de travail comme une marchandise fait du marché un marché capitaliste.

     

    Mais le rapport d’organisation, qui divise en dirigeants est dirigés dans toutes les configurations sociales constitue l’autre facteur de classe. La classe dominante comporte donc deux forces sociales, à la fois conniventes et antagonistes, dont l’une monopolise la propriété sur le marché, et l’autre la « compétence » dans les rapports d’organisation de la production et de la culture. Ce second volet est celui qu’étudient Bourdieu en termes de « capital culturel », et Foucault en termes de « savoir-pouvoir ». Quant à l’autre classe, elle n’est pas seulement une classe dominée : c’est la « classe fondamentale », le peuple au sens fort du terme. Ce n’est pas seulement une « classe ouvrière ». Elle rassemble la grande masse de la population : salariés du privé ou du public, « indépendant », ou chômeurs.

     

    La lutte moderne de classe advient d’en haut en termes d’exploitation et de domination. D’en bas, son objectif est d’abaisser et si possible de briser cette force supérieure ; elle vise à réaliser l’unité entre les différentes fractions de la classe fondamentale ; elle implique une alliance stratégique avec le pôle des « compétents » en vue de briser leurs liens de connivence avec les « capitalistes ». C’est du moins ainsi qu’un Machiavel du peuple définirait la stratégie.

     

    La « lutte des classes » diffère de la guerre entre les nations en ce qu’elle se développe toujours, d’en haut comme d’en bas, à l’époque moderne du moins, sous l’invocation du même principe universel d’égalité et de liberté. Les uns s’engagent à le faire advenir, les autres pour dire qu’il est réalisé, autant que la chose est possible. C’est pourquoi la lutte de classe n’est pas visible d’en haut, sauf quand le choc est violent.

     

    Le « matérialisme historique » selon Marx

    M. : Que retenez-vous essentiellement de Marx ?

    J.B. : Son programme scientifique consiste à considérer dans chaque société l’interaction entre le politique, l’économique, le social, le juridique et le culturel. C’est ce qu’on peut appeler le « matérialisme historique ». Marx n’a pas inventé cela, mais il a fourni la bonne piste : considérer comment la production de la vie matérielle se trouve configurée dans des rapports de propriété et de pouvoir, qui ne sont pas seulement des rapports entre des individus mais aussi entre des classes, c’est-à-dire selon des clivages qui se reproduisent. Il faut donc penser en termes de classes.

     

    La question posée ouvre à l’infini… L’important est, me semble-t-il de souligner que Marx n’est pas seulement un philosophe. Il se place sur le terrain de la science (sociale). Sa théorie est donc à interroger en termes de vrai et de faux. Elle comporte, à mes yeux, une erreur, une déficience essentielle. Il avance l’idée fausse d’un remplacement du marché par une organisation supposée « concertée » entre tous. Il ne voit pas que dans cette organisation se profile un autre pouvoir de classe. Il le pressent. Il le souligne dans ses remarques critiques sur le Programme de Gotha : l’emprise du « travail intellectuel » sur le « travail manuel », en d’autres termes l’emprise du « savoir pouvoir » sur le peuple travailleur. Mais il en fait un problème à régler plus tard. On connaît la suite à l’Est. Mais la question se pose aussi au sein des sociétés de l’Ouest. Car on ne peut réduire la classe dominante aux seuls capitalistes : elle comporte deux pôles, disons (aujourd’hui) la « finance » et « l’élite », selon les privilèges reproductibles de la propriété et de la compétence.

     

    Il y une seconde déficience de son approche. Il montre bien comment une classe dominante s’empare des moyens de production, selon un processus structuralement reproductible. Mais il ne se pose jamais la question de savoir comment une communauté humaine (une nation par exemple) peut se déclarer maître d’un territoire, dire « ceci est à moi », et reproduit ce privilège. Ses concepts permettent l’analyse des rapports de classe, non l’analyse des rapports entre nations et autres territoires. D’où la difficulté historique du marxisme à comprendre les problèmes de l’Etat-nation, du colonialisme (même si les marxistes furent les pionniers de sa critique), et aujourd’hui la complexité de l’Etat-monde.

     

    Marx et le Marxisme

    M. : Faites-vous une différence entre Marx et le marxisme ?

    J.B. : Le marxisme est, trivialement, l’ensemble des approches qui héritent des vues de Marx : un ensemble divers et contradictoire. On peut aussi appeler « marxisme » la grande utopie émancipatrice du XXe siècle, qui a profondément contribué à une certaine humanisation du monde où nous vivons. Le mot utopie est à prendre en positif, et il lui correspond une part de vérité, comme telle encore inaccomplie.

     

    Il y eut le marxisme des Internationales, puis le marxisme de l’Est. A partir des années 60 du siècle dernier, le marxisme a donné lieu à une grande diversité de courants plus ou moins en guerre entre eux. Aujourd’hui, ces diverses recherches tendent à se fondre dans un marxisme plus ou moins œcuménique, qui rassemble les héritages du léninisme, de Gramsci, de l’Ecole de Francfort, des théories du système-monde, d’Althusser, des Cultural Studies, du féminisme radical, de l’écologie politique…, qui se nourrit de Bourdieu et Foucault, etc… Le marxisme n’existe plus comme système fermé. Cela ne veut pas dire qu’il ne reproduise pas certaines déficiences qui viennent de loin, c’est du moins ce que j’ai suggéré.

     

    M. : Les nouvelles générations s’emparent-elles de Marx aujourd’hui ?

     

    J.B. : Il y a assurément un intérêt nouveau pour Marx, notamment dans la jeunesse des universités, et plus largement dans les nouveaux courants de la critique sociale et du militantisme de terrain. Du côté de l’écologie, de « l’indignation sociale », du post-colonialisme, des luttes pour l’école, l’emploi, etc. Cela va avec une lecture nouvelle. On pose aux écrits du passé des questions nouvelles. On aborde Marx sans complexe (on peut le voir dans des travaux d’étudiants et de jeunes chercheurs : Marx n’est plus tabou, il est projeté dans un temps plus long, ce qui ne l’empêche pas de le traiter comme un contemporain).

     

    D’un autre côté, le marché du livre tend à proposer des versions assez frustes du « marxisme ». Le succès est assuré aux auteurs charismatiques qui sauront parler dans les meilleurs termes du grand « vampire » capitaliste. De quoi inspirer quelque mouvement de révolte. Mais cela fait aussi partie de ce que les puissances médiatiques accordent volontiers au peuple.

     

    Rédigé par Philippe Petit le 21/03/2012 source Marianne 2

    Transmis par Linsay


    URL article : http://www.rougemidi.fr/spip.php?article6697


    votre commentaire
  • DCRI Donc, il est mort. Les seules sources d’information dont nous disposons proviennent du gouvernement, du RAID et de la DCRI. Lemensonge étant un mode de travail courant dans ces milieux, nous pouvons raisonnablement douter de la réalité des faits ! La preuve de sa culpabilité ne vient que des déclarations qu’il aurait faites au cours de ses « négociations » avec la police.

     

    Et, comme il est mort, personne ne viendra contredire ces allégations.

     

    Et sa mort semble bien être un choix : Christian Prouteau, ancien chef et créateur du GIGN, explique à qui veut l’entendre que le choix tactique du RAID ne pouvait conduire qu’à une issue fatale, alors que le prendre vivant était tout à fait possible.

     

    La version des faits est simple : Mohamed Merah serait le coupable unique et il aurait agi seul, mu par sa propre détermination. Il n’y a aucune explication sur ses revenus, sur l’acquisition de plusieurs armes, ni sur ses véhicules. Remarquons que ces armes, qu’on nous dit bon marché et abondantes, relèvent plus de la propagande destinée à apeurer les populations à l’égard des quartiers populaires que de la réalité. Pour l’instant, les armes dispersées par les guerres du capital, dans les Balkans, en Libye, en Afghanistan et ailleurs, réapparaissent dans les mains de voyous trafiquants, comme on pense l’avoir vu à Marseille, et pas dans les quartiers populaires, où il n’y a aucun fait à ce jour.

     

    Ces voyages en Afghanistan et au Pakistan l’auraient conduit à être « suivi » parla DCRI. Un jeune homme, tout juste sorti d’une adolescence délinquante, est un « sujet » que les spécialistes des services spéciaux se font une spécialité de manipuler ! De plus, sa soi-disant arrestation en Afghanistan, qui n’aurait laissé aucune trace judiciaire, est soit une invention pure et simple, soit une réalité. Mais alors, ce serait la CIA qui serait en cause, bien connue pour être à l’origine de retournements et de manipulations dans ses prisons spéciales.

     

    Il aurait tué trois militaires français désarmés en représailles contre les sales guerres où l’armée française est engagée. Or, si la population peut légitimement condamner ces guerres, jamais des militaires en garnison n’en ont été tenus pour responsables. L’acte est proprement sidérant !

     

    Et on atteint le comble de la sidération dans l’assassinat d’enfants, dans la cour de leur école ! Le lien entre le fait que ces enfants soient juifs et les exactions de l’État d’Israël est quand même dur à avaler !

     

    Ces actes, autant barbares que stupides, laissent pantois !

     

    On est donc en droit d’avoir un doute raisonnable. D’autant que les conséquences politiques sont assez claires. Et il y en a au moins deux.

     

    • D’abord, montrer du doigt les musulmans comme une source de danger pour la société, toujours prêts à basculer dans le djihadisme. Les responsables musulmans n’en peuvent plus de se justifier, expliquant que l’Islam est une religion de paix. Que ne proclament-ils pas que le terrorisme islamique est une invention de l’Empire ? Que ce sont ces djhadistes-là qui ont fait le coup de feu en Libye et en Syrie pour le compte dela rédaction. Europole, qui rassemble les polices d’Europe, tient des statistiques. De 2006 à 2010, pendant ces cinq ans, 85 % des actes classés terroristes sont les attentats séparatistes (en France, ces 85 % d’attentats sont tous en Corse !). Les attentats djiadistes représentent moins de 0,5 % des attentats commis dans le monde… et aucun en France ! Où est le danger djihadiste ?

     

    • Ensuite, il faut étayer un sentiment de frayeur dans la population, qui deviendrait redevable d’un Président protecteur ! Puisque ça a marché en 2007, pourquoi pas en 2012 ? L’appel à l’unité nationale autour de peurs inventées est répugnant, d’autant plus quand on connaît le mépris très européen pour la Nation que professent les promoteurs dela méthode. Ils cherchent à se refaire un humanisme à bon marché en pleurant sur les victimes, eux qui ont bombardé sans émoi la population libyenne et qui ragent de ne pouvoir le faire en Syrie.

     

    La fièvre électorale agite tout ce petit monde sarkozyste, sans que leurs prétendus adversaires ne soulèvent la moindre remarque.

     

    Mais la campagne électorale va reprendre son cours, après que ce soit répandu le sang de sept victimes. Le capital a choisi depuis plusieurs mois le vainqueur. Nicolas Sarkozy ne peut pas être ce vainqueur, car il a laissé derrière lui trop de ressentiments qui pourraient conduire à l’émeute. Le gagnant sera donc de gauche, pour apaiser les esprits et faire croire à un changement. Mais il n’en sera rien : son programme reste l’austère Europe.

     

    DR


    votre commentaire
  • Importante fuite de gaz sur une plate-forme Total en mer du Nord
    Le colmatage de la fuite sur la plate-forme Elgin pourrait prendre six mois

    Il s’agit du plus grave incident qu’ait connu le groupe français en mer du Nord depuis au moins 10 ans. Et comme toujours dans pareille situation, les associations de protection de l’environnement doutent de la version officielle.

     

    Total, l’entreprise la plus prospère de France, s’ouvre de plus en plus aux énergies renouvelables. Leurs homologues fossiles demeurent néanmoins, sans contestation possible, son secteur de prédilection. D’où une mauvaise réputation aux yeux du grand public, qui n’a pas oublié la catastrophe de l’Erika. Ceux qui suivent l’actualité environnementale de près connaissent en outre la détermination de Total à exploiter les gaz de schiste dans nos frontières, détermination d’autant plus fondée que si la fracturation hydraulique est interdite dans l’Hexagone depuis cet été, la prospection des hydrocarbures de roche-mère à des fins scientifiques demeure tout à fait envisageable et même probable.

    L’accident d’avant-hier ne contribuera évidemment pas à restaurer l’image du groupe, qui va devoir soigner sa communication sur la durée (en tout état de cause, faire mieux que la direction de BP à la suite de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique en avril 2010) et dépêcher d’importants moyens pour limiter la casse. Une fuite de gaz dont l’ampleur exacte et la cause restent à déterminer est survenue dimanche midi sur la plate-forme Elgin – surnommée « le puits de l’enfer » par le directeur de l’ONG norvégienne Bellona Frédéric Hauge et qui produisait jusqu’ici 9 millions de mètres cube par jour (soit l’équivalent de 3 % de la production britannique de gaz naturel) ainsi que 60 000 barils de brut léger -, dans le champ gazier du même nom, situé à 240 kilomètres à l’est d’Aberdeen (Écosse). Si les 238 employés présents sur la structure au moment des faits, évacués hier par hélicoptère et par bateau, sont de fait hors de danger, que l’alimentation a été coupée, que le gaz n’a pas pris feu et que deux bateaux-pompes se tiennent prêts à intervenir, colmater la fuite pourrait de l’aveu même de Total nécessiter… 6 mois. « Il y a deux options pour intervenir. L’une consiste à creuser un puits de secours, […] l’autre est une intervention sur la plate-forme pour sceller le puits, ce qui serait une option plus rapide […] Nous prévoyons de décider d’un plan dans les jours à venir », a précisé David Hainsworth, responsable Sécurité, Santé et Environnement chez Total Exploration&Production UK, dont les propos ont été repris sur le site Internet de LCI. La direction a en outre mis à contribution la société Wild Well Control, déjà intervenue à la suite de la marée noire dans le Golfe du Mexique, et mobilisé de dix à vingt ingénieurs spécialisés.

    Un nuage inquiétant

    Et alors que les autorités ont décidé d’interdire les vols à moins de 3 milles nautiques (5,5 kilomètres) et la navigation à moins de 2 milles nautiques (3,7 kilomètres) de la plate-forme accidentée, on en sait un peu plus sur les conditions dantesques dans lesquelles s’effectuait l’exploitation. Sur son site Internet, Total – qui a ouvert un site dédié à l’accident - fait ainsi état d’une pression et de températures « extrêmes » (NDLR : le groupe évoque une pression de 1 100 bars, c’est-à-dire 300 de plus que dans le puits de Deepwater Horizon), le réservoir de gaz étant enfoui à quelque cinq mille mètres de profondeur.

    Quatre vols de surveillance ont été effectués depuis dimanche, et aux dernières nouvelles, la situation serait actuellement « stable ». « Nous continuons à prendre toutes les mesures possibles pour tenter d’identifier la source et la cause de la fuite et de la contrôler », a également indiqué Total, tandis que le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell, qui a lui-même été confronté à un accident en mer du Nord en août dernier, a évacué à son tour, par précaution, sa plate-forme Shearwater et son puits d’extraction voisins Noble Hans Deul, rapportent nos confrères du Figaro.

    Et Total d’ajouter : « Les premières indications montrent qu’il n’y a pas d’impact significatif sur l’environnement et que l’utilisation de dispersant n’est pas nécessaire à ce stade […] Un avion de surveillance a confirmé la présence d’irisations à proximité de la plate-forme. Il s’agit de boues de forage et/ou de produits légers associés au gaz. » Une nappe fine d’hydrocarbures de 4,8 miles carrés (12,4 kilomètres carrés) s’est formée, du liquide s’étant échappé avant le gaz, lequel a fui à hauteur de 23 tonnes en l’espace de 48 heures. Assez dense pour être visible depuis d’autres plate-formes installées en mer du Nord, le nuage de gaz qui gravite autour d’Elgin serait sans danger pour l’environnement aux dires du pétrolier français, par ailleurs « presque sûr que la fuite provient de la partie de la plate-forme située au-dessus du niveau de la mer, ce qui rendrait probablement plus faciles les opérations de réparation ».

    Total paraît vouloir jouer la transparence et donne le sentiment d’avoir pris la mesure de la situation. Tel n’est cependant pas l’avis de M. Hauge, pour qui « le problème échappe à tout contrôle ». Interrogé par la BBC, l’océanographe Simon Boxall a quant à lui souligné les risques d’inflammation et de toxicité du nuage précité.

    Tout porte à croire que nous n’en sommes qu’aux débuts d’une énième tragédie de l’exploitation offshore de ressources fossiles. La deuxième en l’espace de sept mois en mer du Nord…

    Crédits photos : flickr / Enrico Strocchi – Richard Child

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires