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    La ligne du patronat italien sur la dette publique : la relance de la politique de privatisations

     

    par Domenico Moro, économiste membre du Parti des communistes italiens (PdCI)

     

    Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    L'article de fond du Sole24ore [Les Échos italien]du samedi 9 juillet, au lendemain de l'attaque des marchés financiers contre l'Italie, expose les grandes lignes de la politique économique de la Confindustria [le MEDEF italien] qui, au lieu de sauver le « malade », peut définitivement l'achever. Tout en admettant l'importance de la croissance dans la résolution du problème de la dette publique, selon les deux éditorialistes, Perotti et Zingales, « il n'y a plus de temps à perdre pour agir ». Il faut agir rapidement pour donner une réponse rassurante aux marchés financiers. La réponse consisterait à « atteindre l'équilibre budgétaire en une année (…) Il s'agit du sang et des larmes. Mais les larmes et le sang couleront encore plus si nous n'avons pas le courage d'agir tout de suite ». Cela ne suffit pas d'augmenter les rentrées, il faut couper dans les dépenses, à commencer par la Sécurité sociale. Mais cela aussi ne serait pas suffisant. Pour résoudre la situation, « il faut relancer les privatisations (par exemple l'ENI, l'ENEL, la Poste, la Finmeccanica, la RAI) ». Nous y voilà, enfin, au cœur de la chose. La question de la dette publique devient le bélier pour réaliser la privatisation définitive de ce qui reste d'intervention publique dans l'économie. Il semblerait que l'on ait pas appris grand-chose de l'histoire. Une décennie de stagnation qui a suivi les grandes privatisations, a démontré que le problème de la dette publique non seulement ne sera pas résolu, mais il sera aggravé par les privatisations. Voyons-en les raisons :

     

    1 – Les privatisations ont démantelé ou affaibli les quelques secteurs industriels où notre Pays était à l'avant-garde. La croissance du PIB italien des quinze dernières années a été en-deça de celle des principaux pays de l'UE, à cause de la diminution de la productivité. Cela s'est produit aussi parce que les entreprises publiques les plus avancées technologiquement, avec les investissements et le taux de productivité les plus élevés, ont été démantelées avec les privatisations et l'économie italienne s'est de plus en plus concentrée sur des secteurs moins productifs, moins intensifs en capital et basés sur de bas salaires.

     

    2 –La structure industrielle italienne a été de moins en moins dotée, par rapport aux autres pays européens, en grandes entreprises en mesure d'être compétitives dans un marché de plus en plus mondial. La plupart de nos quelques groupes de dimension internationale étaient et sont publics. Les privatisations, en les éliminant, ont affaibli et affaibliront encore plus toute la structure productive italienne et sa capacité à être compétitive. Par ailleurs, les grands groupes privés sont beaucoup plus enclins à délocaliser, comme le montre le cas de Fiat.

     

    3 –Les patrons italiens, aussi et surtout les grands, ont tendance à ne pas investir leurs capitaux propres, et comptent souvent sur le levier de l'endettement poussé à l'extrême (leverage buyout). Racheter des entreprises en s'endettant lourdement signifie devoir destiner les bénéfices vers le remboursement de la dette et non aux investissements et aux innovations, affaiblissant leur capacité à être compétitif. L'affaire de la TELECOM, à la suite de sa vente à Tronchetti-Provera, est un exemple emblématique des effets néfastes des privatisations. Tandis que dans la TELECOM publique, 61,7% des ressources étaient allouées à la modernisation et à l'innovation, dans la TELECOM privatisée seulement 31,8% sont destinées à cette fin.

     

    4 –Les secteurs à privatiser sont des secteurs stratégiques, tels que l'énergie, les communications, etc. Privatiser signifie également priver notre pays du contrôle sur sa structure productive et potentiellement l'abandonner entre les mains de groupes et d'intérêts étrangers, aussi parce qu'il n'est pas dit que l'on trouve des capitaux privés italiens disponibles pour racheter, comme l'a démontré le cas Parmalat.

     

    5 –L'intérêt à la privatisation des entreprises publiques provient du fait que ceux-ci opèrent dans des marchés monopolistiques, à l'abri de la concurrence, ou alors dans des services financiers lucratifs, comme la Banque postale. Ceux qui investiront pourront bénéficier de rentes de position, maintenant des prix de monopole élevés, qui ne diminueront certainement pas avec les privatisations (voir le cas des Autoroutes). Dans le même temps, avec le transfert des capitaux des secteurs les exposés à la concurrence vers les secteurs monopolistiques diminueront les investissements fixes, déjà déclinants, dans l'industrie manufacturière, la rendant encore moins compétitive.

     

    6 – Enfin, la vente des « bijoux de famille » prive l’État de rentrées importantes pour son budget. L'ENI seul a versé en 2010 au Trésor un dividende de 1,21 milliards d'euros. Vendre des entreprises comme l'ENI, la Poste et l'ENEL n'a pas de sens, car cela signifie vendre les poules aux œufs d'or. Pour satisfaire les marchés financiers aujourd'hui, on se prive de rentrées sûres pour l'avenir.

     

    Les récentes hausses des intérêts sur les dettes du Portugal et de la Grèce démontrent que les politiques des « larmes et du sang » et les privatisations sont inefficaces contre la spéculation financière internationale sur la dette souveraine. Tandis que la crise internationale de ces dernières années met en évidence le fait que le marché auto-régulé ne fonctionne pas. En outre, l'histoire italienne récente démontre que les patrons du privé, comme l'a bien souligné Massimo Mucchetti dans « Licencier les padrons ? » ont été des gestionnaires beaucoup moins bons que l’État. Donc, « les larmes et le sang » couleront encore plus l'avenir si aujourd'hui nous finissions de démanteler la base productive du pays, en achevant la transformation de l'économie italienne en ce que l'on pourrait définir comme un « capitalisme monopolistique parasitaire ». Le fardeau de la dette, en tout cas, risque de s'alourdir. En effet, vu que la dette est calculée en pourcentage du PIB, tailler dans les bases structurelles de ce dernier signifie augmenter la dette future indépendamment des efforts réalisés pour la réduire. L'unique politique économique digne de ce nom est l'exact opposé de la recette de la Confindustria : en plus d'empêcher de nouvelles privatisations, il faut aussi et surtout relancer l'intervention publique dans l'économie, à partir de la re-nationalisation des secteurs privatisés.


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  • Règle d'or: "Lettre au président de la République" (Arnaud Montebourg)

                                                     Monsieur le Président de la République,   J'ai bien reçu, et vous en remercie, la lettre que vous avez destinée à tous les parlementaires au sujet de la crise de l'euro et de l'état des finances publiques de la France.  

         J'ai compris que vous souhaitiez assainir les finances publiques de la France.

        Il était temps. Car votre responsabilité est écrasante et historique dans l'aggravation de notre endettement national. Sous votre Présidence, vous avez, à chaque loi de finances, employé l'énergie de votre Gouvernement à réduire les impôts et les recettes de l'Etat en provenance de contribuables privilégiés qui ont eu inutilement votre faveur, pendant que la France empruntait pour payer ses dépenses courantes. Cette imprévoyance s'est accompagnée d'une désinvolture inégalée en ne prenant aucune mesure pour mettre le pays à l'abri des pressions inadmissibles exercées par les marchés financiers : excès de créanciers étrangers, insuffisance de créanciers nationaux, dégradation de notre exposition financière, explosion des intérêts de la dette.   Vous aurez été le premier Président de la République à créer les conditions d'une dangereuse dépendance de notre pays aux comportements de marchés erratiques, volatils et irresponsables. On se souviendra malheureusement que, sous votre magistrature, la politique de la France se sera désormais faite pour et sur les marchés financiers, trahissant une phrase résumant à elle seule une part du consensus national dans laquelle je me reconnais et dont vous reconnaîtrez l’auteur, le Général de Gaulle : "La politique de la France ne se fait pas à la corbeille".

      Vous réclamez la recherche de l'unité nationale autour des problèmes financiers nationaux que vous avez créés et aggravés. Serait-ce le signe de votre incapacité à remettre en ordre les difficultés que vous avez provoquées? Qu'avez vous pris comme peine pour écouter pendant ces dernières années d'autres que vous-même, et éviter au pays les graves erreurs qui resteront comme une tache sur la gravure de notre histoire économique et financière ?   Vous semblez considérer que cette crise viendrait de nulle part, qu'elle est un accident malheureux inévitable, comme le sont les catastrophes naturelles. Pourtant, cette crise a des origines politiques bien connues, relevées par nombres d'économistes parmi lesquels figurent quelques célèbres Prix Nobel.   Cette crise n'est pas étrangère à la volonté de certains responsables politiques de laisser leur pouvoir aux marchés, notamment de capitaux, ainsi qu'à l'industrie financière qui est en train de détruire l'économie européenne. Vous faites partie de ces responsables, car aucune décision de nature à combattre ce pouvoir n'a été prise ni proposée par vos soins pour contrôler ces excès qui coûtent tant aux peuples, aux contribuables des classes moyennes et populaires, désormais convoqués pour payer la facture d'une crise dans laquelle ils n'ont aucune espèce de responsabilité.

      Le plan d'urgence de sauvetage de la Grèce, dont vous louez les mesures, est un arrangement invraisemblable et, pour tout dire, scandaleux, au bénéfice du secteur bancaire qui pourra désormais se délester de ses actifs risqués auprès du Fonds Européen de Stabilisation. Vous avez ainsi orchestré un transfert massif des risques du privé vers le public contre une participation "volontaire" des banques. Les contribuables français et européens ont eu droit à moins d'égards et porteront seuls l'essentiel de la charge que votre Premier Ministre a évaluée à 15 milliards d'euros pour les finances publiques nationales.

      Cette crise, depuis 2008, nous a déjà coûté près de 10 points de croissance. Vous le savez, l'aggravation des comptes publics depuis 2007 est de la responsabilité des marchés financiers. Il est donc inutile, tout comme il est injuste, de se tourner vers le peuple.

        Puisque vous réclamez l'unité nationale, voici mes propositions : interdiction d'activité pour les agences de notation anglo-saxonnes,  interdiction de toute activité spéculative de la part des entités financières agissant sur le territoire national, mise sous tutelle des banques et institutions financières agissant sur le territoire national, taxation de toute transaction financière européenne à 0,001 pour cent afin de financer le remboursement des dettes souveraines des Etats membres de l'Union Européenne mutualisées dans une agence européenne de la dette, embargo de toute transaction financière en provenance ou à destination des territoires non coopératifs, surnommés paradis fiscaux.

        Je vous indique que si tout ou partie de ces mesures étaient soumises au vote de l'Assemblée Nationale par votre Gouvernement, je les voterais sans hésiter, et je crois pouvoir dire que le groupe socialiste auquel j'appartiens en ferait certainement autant.

      S'il m'était permis un conseil, Monsieur le Président, je vous conseillerais d'abandonner la présence insistante et permanente à vos côtés des institutions privées financières, pour vous ouvrir aux analyses des nombreux économistes indépendants et éclairés que nous avons en France. Vous comprendrez alors que les plans d'austérité que vous préparez avec vos amis du Gouvernement allemand de droite, dans la situation où nous sommes, nous fait courir le grand risque de tuer le retour de la croissance dont nous avons tant besoin.

      Vous tirerez certainement un orgueil stérile et déplacé d'avoir pris des mesures impopulaires, mais vous aurez abîmé l'économie française et, une nouvelle fois, inutilement affaibli la France.

      Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma considération respectueuse.  

    Arnaud Montebourg,   Louhans, le 27 juillet 2011


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    Le deuxième exil des communards

    Rédacteurs : Eric Fournier et Quentin Deluermoz, enseignants et publiant sur la commune.

    En cette année 2011, l’importance des commémorations du 140ème anniversaire de la Commune de Paris a surpris bien des observateurs tant par la multiplicité des manifestations que par l’intérêt soutenu d’un public divers. La Commune reste un objet mémoriel notable. Ce qui est d’autant plus intéressant au regard de la faible place qu’elle occupe dans les programmes de l’enseignement secondaire et qui semble vouée à se réduire comme peau de chagrin. C’est l’occasion de s’interroger sur les raisons de cet effacement et sur la manière dont l’enseignement de la révolution communale pourrait singulièrement compliquer la compréhension du dix-neuvième siècle et de notre « modernité » politique.

     Le dix-neuvième siècle, terra incognita scolaire ?

    L’application du nouveau programme de première générale jette une lumière crue sur l’évolution de la place attribuée à la Commune dans l’enseignement secondaire. Dans l’ancien dispositif sa place était honorable. Elle était traitée à deux reprises. En quatrième, dans le cadre de « l’évolution politique de la France (1815-1914) », une séquence d’une heure lui était consacrée. Puis, en première générale, elle pouvait être traitée en une ou deux heures dans le cadre « de la IIème République à 1879 : la recherche d’un régime politique ».  Ainsi, après avoir acquis les bases au collège, le cycle terminal, quoique empreint d’une certaine téléologie républicaine, autorisait un approfondissement permettant de mettre en valeur la complexité des processus socio-politiques qui aboutissaient à la IIIème république.

    La nouvelle version applicable en 2011 propose de significatifs déplacements qui ne concernent pas tant la seule Commune que l’ensemble du dix-neuvième siècle. Auparavant abordé par trois fois (quatrième, seconde, première), celui-ci reste pleinement abordé en quatrième mais, dans le cycle terminal, entre un premier dix-neuvième siècle remisé en fin de seconde et un second dix-neuvième siècle qui ne commence abruptement qu’en 1880 dans le programme de première, la période subit comme un double effacement. Le premier est quasi officiel : il organise un vide entre 1848 et 1880. Le second est plus pragmatique, puisque chacun sait qu’il est quasiment impossible de terminer le programme de seconde. Au total, c’est un vaste premier XIXe siècle qui se trouve ainsi escamoté.  On pourra nous objecter que l’enseignement de l’histoire n’obéit pas une stricte linéarité chronologique et que la Commune est consacrée comme un acquis du collège. Il n’en demeure pas moins que certains thèmes ont droit à un approfondissement au lycée, notamment – et c’est une bonne chose -la Révolution française, le 20e siècle, le fait colonial. Quant au XIXe siècle, lorsqu’il reste abordé, c’est prioritairement dans une plus longue durée et dans ses aspects économiques, sociaux ou culturels, mais étonnamment pas dans sa dimension politique. L’évacuation d’un premier XIXe siècle allant de 1815 à 1880 n’est donc pas anodine et on peut d’ailleurs se demander si elle ne propose pas ainsi justement une autre forme de linéarité, plus consensuelle. Le phénomène déborde le cadre du programme des filières générales : que ce soit en STG ou au lycée professionnel, cette période, et notamment la Commune, ne peut être abordée que très incidemment. Ces absences font sens.

    La Commune, une initiation au siècle des expérimentations politiques

     En insistant sur la Commune, rappelons au préalable qu’il s’agit de considérer la « dernière révolution du XIXe siècle » : un évènement unique, mais indissociable dans le même temps de ce vaste 19e siècle qui est précisément mis à l’index. Sans doute l’actualisation de cette période dans les programmes scolaires peut-elle sembler difficile, dans la mesure où la Commune porte un legs historiographique compliqué qui se double actuellement d’un certain renouveau. Ce n’est ni une Commune « aurore » ni une Commune « épiphénomène » qui se dégage, mais une révolution marquée par une très grande diversité idéologique, un bricolage constant du politique au quotidien, une réalisation maladroite du vieux rêve de la République démocratique et sociale, s’inscrivant à une échelle qui est aussi nationale, dans une étonnante réitération de 1793 et 1848. Elle s’adosse en outre à un Second Empire dont les travaux récents ont montré l’extrême richesse dès que l’on abandonne la canonique lecture « par en haut ». Cet indéniable foisonnement ne doit pas être un obstacle : les professeurs savent transmettre des connaissances justes et adaptées de phénomènes historiques complexes. Que l’on pense à la colonisation ou à l’encyclique rerum novarum que chaque élève de Quatrième maîtrise, conformément au bulletin officiel. Trois ans plus tard, le même élève devrait pouvoir appréhender la Commune en toute sérénité.

    La Commune apparaît donc comme une excellente clé d’entrée à un XIXe siècle beaucoup moins lisse qu’on le voudrait. L’année 1871 montre la diversité des formes possibles nichées dans le mot « République » : république directe et soucieuse d’échanges plus juste, république formelle centrée sur l’autonomie urbaine, république libérale telle que la consacrera la Troisième République… C’est rappeler que celle-ci n’est en 1871 qu’une des issues possibles de l’histoire et que perce à l’horizon un XIXe siècle qui s’est longtemps vécu à la croisée des chemins. Face à la valse des haines, des espoirs, des méprises, des veuleries, des héroïsmes que pensent mobiliser tour à tour les royalistes, les anciens orléanistes, les républicains conservateurs, les bonapartistes de la veille, mais aussi les radicaux, les internationalistes, les blanquistes, les proudhoniens et les politiquement moins définis on peine à imaginer l’installation sereine d’une république inévitable.  Au-delà du strict cadre chronologique, l’événement constitue un puissant démenti à une approche par trop téléologique de l’histoire. Au lieu d’être édifiés par l’invincible ancrage des institutions républicaines, les élèves auraient pu être sensible à la richesse des situations historiques (n’oublions pas l’incidence de la guerre franco-prussienne) et ainsi exercer plus profondément leur esprit critique. Cela, pour ne rien dire des possibilités de comparaison qui, en soulignant, à l’échelle européenne, l’isolement des communards en 1871 par rapport aux précédents de 1830 et 1848, interroge le lien spécifique entre la France et le fait révolutionnaire ainsi que son devenir à moyen terme.

    « La Commune est un sphinx qui met l’entendement bourgeois à une rude épreuve », disait Marx. Du fait des choix opérés dans les nouveaux programmes, le sphinx tend à devenir un fantôme et les élèves ne risquent guère d’éprouver leur entendement – ce qui est pourtant une des fonctions citoyennes de l’histoire – en se confrontant à la Commune, cette clé d’accès à un XIXe siècle qui ouvre à de larges perspectives, interroge nos certitudes.

    Quentin Deluermoz et Eric Fournier

     


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  • L’Humanité soutient le programme alimentaire mondial

    Face à l’insupportable drame de la faim, de la soif, qui décime dans la Corne de l’Afrique enfants, femmes et hommes par milliers, l’Humanité a décidé d’alerter sur ce scandale de notre siècle. Question politique avant d’être un problème technique, la sécheresse dans cette région n’est que l’insoutenable révélateur d’un système qui sacrifie l’humain à la loi de l’argent. Les moyens existent pour empêcher ces souffrances et ces morts. L’arrêt pour seulement quelques heures des dépenses d’armement et des guerres inutiles y suffirait largement. L’UE a débloqué, paraît-il, 165 milliards d’euros pour rassurer les spéculateurs et ne trouve que des miettes à déposer dans la corbeille de la lutte contre ce drame. Face à l’urgence, l’Humanité a décidé de soutenir les efforts des ONG et du programme alimentaire mondial. Nous avons décidé d’insérer dans toutes nos publications une communication du PAM appelant à la solidarité financière, souhaitant que nos lecteurs y participent. D’avance merci.

    Pour en savoir plus
    Famine: la France brasse de l'air, malheureusement

    "Ne parler que du climat est une hypocrisie totale", entretien avec Jean Ziegler

    Vers une catastrophe humanitaire en Somalie

    La descente aux enfers de la Somalie

    Patrick Le Hyaric


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  • 200 000 Israéliens dans la rue pour plus de justice sociale

    C’est une mobilisation sans précédent : des dizaines de milliers d’Israéliens, dont beaucoup de jeunes, sont descendus dans la rue, dans une dizaine de villes, pour protester contre la vie chère.

    C’est un fait unique dans l’histoire d’Israël rapporte la presse locale, jamais autant de monde n'était descendu dans la rue sur un thème social. Les principales revendications concernent la flambée des prix des logements, l'aggravation des inégalités sociales et la dégradation des services publics, notamment dans le domaine médical et de l'éducation. "C'est le printemps israélien" peut-on lire sur les pancartes… La jeunesse des participants comme les manifestations de nuit, les campements et les revendications rappellent également le mouvement des Indignés. De jeunes manifestants campaient depuis deux semaines le long d'une avenue à Tel Aviv (voir Les Israéliens aussi plantent leurs tentes).

    Netanyahu est débordé. Ce matin, des journaux n’hésitent pas à titrer sur sa mort politique. Sa cote de popularité a chuté à 32% d'opinions favorables. Il tente de réagir, annonçant dimanche matin la création d'une équipe interministérielle chargée de réfléchir à des réformes dans les domaines économique et social… De son côté, le directeur général du ministère des Finances, Haïm Shani, a annoncé sa démission, étant opposé à une augmentation des dépenses publiques.

    Les rues de Tel Aviv, cette nuit :


    Sur les Indignés
    Les Israéliens aussi plantent leurs tentes
    La marche des Indignés vers le futur passe par Madrid
    Les "Indignados" de retour à la Puerta del Sol à Madrid

    Sur Israël
    L’armée d’Israël arraisonne le Dignité al-Karama
    Marwan Barghouti appelle à des manifestations de masse


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  • Humanite

    Comment Créer un « nous » de lut te à mê me d'inverser le cours de l'histoire ?

    Projeter l’objet du bonheur possible
     
    Par Jacques Broda, sociologue. 

    Nous sommes passés du temps de l’exploitation (les Trente Glorieuses, 1974), au temps de l’exclusion (chômage massif, 1995), à celui de l’extermination (destruction des services publics, 2007). Les trois procédures se chevauchent, s’intriquent, se contredisent dans une souffrance sociale indicible. Une véritable détresse. Dans son dernier ouvrage, Monique Schneider, psychanalyste, parle du « nebenmensch », chez Freud, celui, celle, qui peut entendre, le cri, l’angoisse, l’effroi, du nourrisson, de l’enfant, il l’interprète, passe du besoin au désir, par la parole (1).

    Opérateur magique du lien social, l’autre, ici figure bienveillante, autorise l’homonisation et l’humanisation. En irait-il de même pour le Parti communiste, le Front de gauche, lieux possibles d’une écoute, d’une interprétation, d’une traduction politique de besoins en désirs, et d’une mise en forme par la vraie parole de lutte ?

    Si oui, il y a urgence à resignifier notre combat dans le champ de l’éthique et de l’extermination. Face à la plongée, au gouffre abyssal dans lesquels se trouvent des millions de personnes, il y a urgence non seulement à entendre le cri, fût-il étouffé dans leur gorge, l’appel à ne pas mourir. Ce cri est muet ; il peut prendre des formes paradoxales, dépressives, mélancoliques, haineuses, dans la torsion du désir.

     
    Désigner la cause du malheur et projeter l’objet du bonheur possible, désigne le travail du politique, d’une politique de l’énonciation. Cette politique s’appuie sur les forces vives, et sur les forces en souffrance, non pas comme boulet, poids mort assistantiel, mais comme braises, où la souffrance est cause du savoir. Il y a ici un gisement, une humanité de possibles pas encore complètement détruits par les ravages de l’exploitation, l’exclusion, la maladie, le désespoir…
      

    Les politiques d’assistance ne sont pas une assistance politique, où l’on déverserait un discours populiste (fût-il de gauche) à des populations placées de fait en position d’infériorité sociale et politique. La conquête de la dignité réside dans la re-connaissance de la dignité. Pour travailler depuis vingt ans dans les quartiers populaires de Marseille, je peux témoigner des trésors d’inventivité, de résistance, de générosité ; le sauvetage déploie l’humain dans l’intime du geste, du regard, du sourire, de la parole, de l’action. Avoir résisté à quarante ans de casse sociale, de racisme, de mépris, de haine forge le caractère de millions de personnes, de jeunes issus de l’extermination.

    À l’inverse, à l’opposé, le populisme exerce des ravages inouïs, de l’absence d’organisation de classe, d’identité de classe, de luttes de classes. Aujourd’hui la lutte de classes se mène dans la classe.

    Un espoir se lève, à gauche, il deviendra réalité dans sa rupture intransigeante avec tous les populismes, ne pas éviter la confrontation, en appeler à la responsabilité et re-connaître le travail de la pensée, de l’organisation, des élus. Ré-affilier l’histoire du mouvement ouvrier et du mouvement social, dans le savoir des luttes. Très sujets historiques, c’est connaître, et reconnaître une forme de dette symbolique à l’égard des formes historiques et politiques de nos droits conquis. Effacer cet héritage, cette connaissance consubstantielle au genre humain est déréalisant, déshumanisant. Révisionniste et négationniste le populisme fait de chacun le reflet de lui-même, il coupe la filiation à la racine de l’être. 

    Nier la filiation, l’engendrement, comme essences même de la subjectivité, émergence vitale de l’autre est mortifère. Seule la parole militante n’est pas incestueuse.

    Bannir le « je » du discours politique, insuffler le « nous » comme émergence d’une parole collective, en train de se construire, telle est la mission du Front de gauche. Le programme certes, co-construit, co-élaboré, doit créer une connivence avec ceux à qui il s’adresse, créer un « nous de lutte », non pas un « nous imaginaire », vaste rassemblement informe, qui tairait et tuerait la lutte des classes, pour faire consensus, fausse homogénéité par le bas de l’utopie naissante. Un « nous symbolique ».

    « L’idéologie interpelle l’individu en tant que sujet », souligne Louis Althusser. Il alerte sur toute dérive narcissique du discours politico-médiatique. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, et forçons le sujet comme être de désir et d’action, le sujet collectif. Revendiquons-le, comme le « nous » du sujet historique, à même d’inverser le cours d’une histoire où l’extermination sociale frappe les tympans percés de beaucoup.

    (1) La Détresse aux sources de l’éthique,

    Monique Schneider. Paris, Seuil, 2011.

    Jacques Broda,



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  • Les Etats-Unis dans l'impasse sur le plafond de la dette sur fond de croissance anémique

    Les Etats-Unis dans l'impasse

    le président démocrate du Sénat Harry Reid (Photo: Xinhua/Reuters)

    WASHINGTON, 30 juillet (Xinhua) -- La Chambre des représentants américaines a adopté un plan sur le plafond de la dette dans un vote vendredi soir, mais le plan a été rapidement rejeté par le Sénat, ce qui a encore amenuisé l'espoir d'aboutir à un accord bipartite avant la date butoir du 2 août.

    Le Parti républicain a réussi à envoyer la mesure au Sénat, en dépit de l'avertissement de la Maison Blanche qui avait annoncé qu'elle allait opposer son veto à celle-ci, et de la forte opposition de la chambre haute.

    Dans le cadre du nouveau plan en deux étapes présenté par le président républicain de la Chambre John Boehner, le Congrès relèverait immédiatement le plafond de la dette du gouvernement fédéral de 900 milliards de dollars jusqu'au début de l'année prochaine et réduirait les dépenses de 917 milliards sur une décennie.

    D'après le plan modifié dans la nuit de jeudi à vendredi, un deuxième relèvement du plafond de la dette l'année prochaine devrait être assujetti à l'approbation par le Congrès d'un amendement constitutionnel au budget équilibré et à son envoi dans les Etats pour ratification.

    Le Sénat dominé par les démocrates a rejeté le plan de Boehner deux heures seulement après son adoption par la Chambre basse.

    Le plan de la Chambre est "défectueux", a estimé vendredi le président démocrate du Sénat Harry Reid, avant d'ajouter que l'économie américaine ne pourrait pas supporter ce genre d'incertitude plus longtemps.

    "La Chambre des représentants continue d'essayer de faire adopter un projet de loi, alors que la majorité des républicains et des démocrates du Sénat ont déjà annoncé qu'ils ne le voteront pas", a expliqué le président américain Barack Obama quelques heures avant le vote de la chambre basse.

    Un plan de compromis sur le plafond de la dette permettant d'éviter un défaut de paiement sans précédent devrait être bipartite pour obtenir l'adhésion des deux partis, a souligné vendredi matin M. Obama lors d'une conférence de presse.

    L'impasse pourrait amener les Etats-Unis à voir leur note de dette souveraine de premier ordre dégradée, a mis en garde le président Obama.

    Une dégradation de cette note pourrait conduire à une "augmentation des taxes" qui pèsent sur les Américains sous la forme d'une augmentation des intérêts sur leurs prêts hypothécaires, leurs prêts automobiles et leurs cartes de crédit, selon M. Obama.

    Les articles concernés

    Le Sénat américain rejette un projet de loi sur le relèvement du plafond de la dette
    La Chambre des représentants américaine adopte un projet de loi pour relever le plafond de la dette
    Toute solution de compromis sur le plafond de la dette devra être bipartisane (Obama)
    Etats-Unis : les bourses restent moroses alors que le débat sur la dette continue
     

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    Madame, Monsieur,

    Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a adressé une lettre à tous les parlementaires pour défendre sa politique économique et européenne.

    Vous trouverez, ci-dessous, la réponse que je viens de lui faire parvenir.

    Cordialement

    André GERIN


    Monsieur le Président,

    Vous avez décidé de vous adresser par lettre à l’ensemble des parlementaires à propos de la crise qui frappe la zone euro, du sommet européen de Bruxelles du 21 juillet et de votre souhait d’inscrire dans notre Constitution ce que d’aucuns appellent la « règle d’or », en clair, l’austérité comme horizon indépassable de toute politique publique, un nouvel abandon de notre souveraineté nationale.

    La Constitution ne prévoit pas ce mode d’expression du Président de la République en direction de la représentation nationale. Mais ne soyons pas formaliste. Je comprends votre choix au regard de la difficulté devant laquelle vous vous trouvez.

    Il semblait, en effet, difficile de convoquer le Parlement en Congrès, en pleine période estivale et alors que la session parlementaire s’est achevée, pour vous y exprimer, comme le prévoit désormais la Constitution.

    Il est, pour vous, tout aussi délicat d’engager la même démarche afin que le Congrès se prononce sur votre « règle d’or ». Vous n’êtes, en effet, pas sûr du tout de recueillir les 3/5ème des suffrages nécessaires à l’adoption de votre texte, ce qui ferait désordre à moins d’un an de l’élection présidentielle.

    C’est pourquoi je vous fais une proposition qui vous permettrait de sortir par le haut, selon une expression désormais courante, de l’impasse dans laquelle vous vous trouvez : organisez un référendum afin que le peuple se prononce.

    Cette consultation serait d’autant plus utile qu’elle permettrait aux français de faire le bilan de cette politique d’intégration européenne dont l’euro est l’expression la plus emblématique et alors que cette politique est en crise.

    Elle leur offrirait la possibilité de donner leur avis sur cette fuite en avant vers l’abandon de notre souveraineté que vous nous proposez, après qu’ils se furent prononcés en 2005 contre cette perspective et que leur décision eut été piétinée.

    Les enjeux valent de porter le débat à ce niveau. Car que nous dites-vous ? L’euro, c’est formidable. Le sommet de Bruxelles l’a sauvé et vous n’êtes pas peu fier d’y avoir participé. Enfin, vous nous invitez à aller plus loin encore avec la mise en place d’une nouvelle gouvernance européenne et d’un gouvernement économique européen.

    Quel déni de la réalité !

    La construction européenne et la mise en place de l’euro, depuis Maastricht et au fil des différents traités, ont fait fi de la souveraineté des peuples et des nations, transformé ce vaste espace en une zone où la « concurrence est libre et non faussée », où les capitaux circulent au gré des intérêts de ceux qui les détiennent, où la chasse est ouverte afin de diminuer sans cesse davantage la rémunération du travail, où, en conséquence, le dumping social et les délocalisations sont la règle, où toutes les activités humaines sont abandonnées aux lois du marché.

    Cette Europe-là est un vaste jeu de monopoly où tous les coups sont permis, où les banques et les institutions financières jonglent avec l’argent au détriment de l’économie réelle. Telles sont les cause profondes des situations grecque, irlandaise, portugaise, espagnole et italienne. Et le sommet du 21 juillet n’a rien réglé, si ce n’est donner de l’argent, encore de l’argent à ceux qui le gaspillent tandis que les peuples sont invités à payer la facture.

    Votre « règle d’or » vise à inscrire ce mécanisme destructeur dans le marbre de notre loi fondamentale. Vous vous parez certes des mérites d’un gestionnaire vertueux et soucieux de l’équilibre budgétaire et du poids de la dette.

    Sous votre quinquennat pas encore achevé, le déficit public est passé de 3,2 % du PIB à 7,1 % ; la dette s’est envolée de 62 % à 84,5 %. « La faute à la crise », me direz-vous. Échappatoire facile.

    Toutes vos réformes fiscales depuis 2007 en faveur des plus riches ont été financées par l’endettement : paquet fiscal, taxe professionnelle, ISF, soit 20 milliards d’euros empruntés chaque année. L’accumulation des niches fiscales représente 30 milliards d’euros, les exonérations de cotisations sociales 173 milliards d’euros. Et il faudrait ajouter à tout cela ce que nous coûtent la casse de nos industries et la baisse du pouvoir d’achat des français. Et le sommet de Bruxelles alourdira encore de 15 milliards d’euros la dette française.

    Et vous voudriez que nous allions plus avant dans cette voie qui nous conduit dans le mur.

    Je vous propose d’en appeler à la souveraineté populaire : organisez un référendum et le vaste échange qui le précédera. Nous pourrions l’envisager dans le courant du mois de décembre 2011.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma haute considération.

    André GERIN


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  • Syrie : journée de mobilisation contre le silence du monde


    « Votre silence nous tue ! » crient aujourd’hui les Syriens. Ils sont dans la rue, comme chaque vendredi depuis la mi-mars, et appellent au départ du président Bachar al-Assad. Ils dénoncent également la différence de la communauté internationale.

    "Où êtes-vous, défenseurs de la liberté?", ou encore "Assez du silence... Votre silence est une balle dans nos poitrines". Ce sont les slogans du jour. Les manifestations ont commencé durant la nuit, pour fatiguer les forces de l’ordre, puis ont repris après la prière.
    Cette nuit : deux personnes avaient été tuées et cinq autres blessées lors d'opérations des forces de sécurité à Zebdani. Une ONG a également confirmé qu'à Deir Ezzor, quatre personnes ont été abattues, dont un enfant qui a succombé à ses blessures dans la mâtiné, et douze autres, dont un adolescent de 13 ans et une femme, y ont été gravement blessées.

    Tôt ce vendredi matin, une explosion a eu lieu sur un oléoduc près de Homs, dans le centre du pays. L'agence officielle Sana, attribue l'attaque à une "bande subversive". Une colonne de 40 blindés a pris possession dans la ville. Les troupes d’Assad font le siège de l’académie militaire d’Homs, dans laquelle s’est retranchée une brigade de l’armée qui a rejoint les insurgés. Impossible de faire un premier bilan des manifestations d’aujourd’hui, très peu d’informations filtrent. Damas est quadrillée par les troupes d’Assad et les communications sont coupées.
    A Deraa, l'armée a confisqué les réléphones portables des hommes de moins de 50 ans, à l'entrée des mosquées.
    On sait que des manifestations ont lieu à Alep, Hama, Deraa et Lattaquié. Dans ces deux dernières villes, la répression est violente, les coups de feux sont nombreux, on y déplore déjà morts et blessés.

    De notre envoyé spécial en Syrie
    Sur les routes brûlantes de la révolte syrienne
    Entretien avec l'opposant historique syrien, Michel Kilo
    Quand Damas tente de passer à l’initiative politique
    Faez Sara : « Une révolte pour la liberté et la dignité »


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  • Il va falloir payer pour aller aux prud'hommes

    Pour lancer une procédure au conseil de prud'hommes, il faudra bientôt débourser 35 euros. Une mesure qui remet en cause la gratuité historique de cette procédure.

    Q.G.

    La balance de la justice.

    La balance de la justice. (© AFP Damien Meyer)

    35 euros. C’est ce qu’il faudra débourser en timbres fiscaux à partir du 1er octobre pour pouvoir engager une procédure aux prud’hommes – juridiction chargée de statuer sur les litiges entre employeurs et salariés. La mesure a été votée le 6 juillet au Sénat lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2011 (le texte ici).

    L’article 1635 bis Q.-I. précise qu'«une contribution pour l'aide juridique de 35 euros est perçue par instance introduite en matière civile, commerciale, prud'homale, sociale ou rurale devant une juridiction judiciaire ou par instance introduite devant une juridiction administrative».

    Les autres instances étaient déjà payantes mais, historiquement, l’accès aux prud’hommes avait toujours été gratuit. La CGT, dans un communiqué, s’est insurgée contre cette décision. Elle juge que «la volonté du gouvernement de réduire le contentieux prud’homal par tous moyens, et ainsi priver les salariés de la possibilité de faire valoir leurs droits, rejoint la volonté patronale de tout faire pour éviter d’être condamné». Elle souhaite également prouver que «cette mesure est contraire à l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme qui édicte le principe d’égal accès à la justice pour tous»

    Selon le site Capital.fr, «les recettes ainsi générées permettront surtout de financer le coût de la réforme de la garde à vue, estimé à 158 millions d'euros, à cause de l'augmentation des rémunérations versées aux avocats au titre de l'aide juridique».

    Pour la syndicaliste Claudy Ménard, dans un numéro Le Droit en Liberté de la CGT, «on ne peut pas se limiter au morceau voyant de l'iceberg», le Conseil des Prud'hommes, «pour les syndicats, c'est tout le contentieux des petites boites en matière électoral qui va sauter.»

    Une somme «assez importante»

    Pour Maître Géraldine Chabonat, responsable du département droit-social au cabinet Gueguen-Carroll, «la somme à débourser est même assez importante, puisque, pour une procédure au TGI par exemple, elle existait déjà mais de mémoire elle était de 15 euros. Cela peut freiner des personnes qui n’en ont pas les moyens, qui ont un retard de salaire ou qui ne touchent pas encore les Assedic.»

    Toutefois, la loi précise que «la contribution pour l'aide juridique n'est pas due par les personnes bénéficiaires de l'aide juridictionnelle» qui «permet, si vous avez de faibles revenus, de bénéficier d'une prise en charge par l'État des honoraires et frais de justice». Sauf que selon Maître Chabonat «il faut attendre quatre ou cinq mois avant de se voir désigner un avocat d’office» ; il y a un dossier à monter avec de nombreux documents, pas forcément évident pour des personnes qui ne maîtrisent pas bien le français par exemple.

    Selon un «avis» du député Nouveau centre Francis Vercamer, présenté au nom de la commission des affaires sociales sur le projet de loi de finances pour 2011, en 2009, il y a eu 224.791 affaires traitées soit une augmentation de 10,58% par rapport à 2008, la rupture du contrat de travail étant le premier motif de recours. Multiplié par 35 euros, cela donne des recettes supplémentaires pour le gouvernement d'environ 7.860.000 euros.

    A l’époque, dans ce rapport, Francis Vercamer s'inquiétait déjà de l'accès pour tous à cette procédure. Selon lui, avec la réforme de la carte prud’homale, 34 départements ne comptent plus qu’un seul conseil de prud’hommes, contre 21 auparavant, «or, l’éloignement géographique des juridictions peut conduire les justiciables les plus modestes à ne pas se déplacer pour faire valoir leurs droits, surtout si les sommes en jeu sont faibles par rapport aux dépenses à engager pour se rendre au tribunal».

    Avec les 35 euros à payer en plus, pour Maître Chabonat, alors que «la justice prud’homale était l’une des plus accessibles, cela en limite désormais l’accès aux salariés.»

    http://www.liberation.fr


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