• Traditions. Un militant « historique » de la CGT évoque ses souvenirs de la fête du travail.

    Théorie marxiste

    1 er mai : fête et revendications

    Charles Gaugne n’est pas nostalgique des grandes années du syndicalisme. Mais pense qu’il faut « rester ferme sur les traditions ».

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      Il ne sait pas encore s’il pourra être au parc du Morambeau, au Breuil, demain. Charles Gaugne est affaibli par des problèmes de santé. Mais à 79 ans, il a la mémoire affûtée de ceux qui ont écrit l’histoire.

    Avec son épouse Chantal, Charles Gaugne fait partie de ces militants « historiques » de la CGT qui ont connu les grandes heures du syndicalisme. Mais pas question pour le fondateur de l’union locale du Creusot, en 1965, de se laisser aller à la nostalgie. « Les temps ont changé, le syndicalisme n’est plus ce qu’il était. Mais pour la fête du travail, il faut rester ferme avec les traditions », juge le Creusotin.

    Dans la cité du Pilon, justement, le 1 er mai « nouvelle version » est né il y a 40 ans. Dans le parc du Morambeau ce dimanche, une exposition retrace ces décennies de rencontres festives. « Avant 1971, on se rassemblait et on allait déposer une gerbe au monument aux morts. Au bout d’un moment, on a eu du mal à mobiliser, se souvient Charles Gaugne. C’est alors que Robert Lescure, responsable de la section métallurgie, a eu l’idée d’une fête populaire ». Le comité d’entreprise de Creusot Loire, propriétaire du château de Prelay, à Broye, accepte de prêter les lieux. « Nous posions trois jours de congés payés pour préparer la fête. On mettait en place des bus pour amener les familles car les voitures étaient rares ». Le militant est fier de rappeler que la fête du 1 er mai avait attiré, pour sa première édition, « plus de 5 000 personnes ! »

    En 1984, Creusot Loire explose et le CE avec. Les syndicats se rabattent sur la commune du Breuil. C’est toujours là que sont organisés les rassemblements de la fête du travail du Creusot.

    Une fête que Charles Gaugne espère « festive mais surtout revendicative. Si j’avais un conseil à donner aux salariés, c’est d’aller s’amuser en famille mais ne pas oublier de prendre une heure pour s’informer sur la défense de leurs droits. Je pense surtout aux jeunes qui oublient que les luttes sociales peuvent faire progresser leur situation. Il faut connaître son passé pour assurer son avenir », affirme Charles Gaugne.

    Dans les années 1970, le Creusotin se souvient avoir fait cette prédiction : « Plus les gens ont du temps de loisirs, moins ils militent ». Il constate aujourd’hui qu’il ne s’était pas trompé. Mais compte sur la nouvelle génération pour perpétuer la tradition des travailleurs.

    Florence Poli

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  • Nos ministres aiment les voyages car ils forment la jeunesse !

    Après  le tour  de  France , dans les agences de pôle Emploi,   de Laurent Wauquiez  ( qui n'a pas évité le malaise grandissant et persistant )  c'est au tour de Xavier Bertrand qui  visite les CAF.

    Notre ministre  souhaite en effet  développer les pénalités financières et administratives qu'encourent les fraudeurs. Il a rendu publiques ce vendredi de nouvelles sanctions : des  sanctions administratives qui s'ajoutent au remboursement des sommes indûment perçues, et qui pourront  coexister avec une procédure judiciaire dans les cas les plus graves.

    " l'Etat se montrera intransigeant avec la fraude sociale. Un fléau qui coûte environ 3 milliards d'euros chaque année au régime général de la Sécu, selon un récent rapport de la Cour des Comptes."

    «Il faut appliquer et alourdir les pénalités existantes»

    «Elles doivent être appliquées par toutes les branches».

    «Passer à travers les contrôles va devenir mission impossible», a-t-il plaidé.

    «Ce n'est pas du système D, c'est du vol»

    On peut lire dans  le Figaro  : " Le gouvernement et les organismes gestionnaires ont intensifié la lutte contre la fraude ces dernières années. En 2008, une délégation nationale de lutte contre la fraude, logée à Bercy, a été créée. Et les contrôles ont été sensiblement renforcés: selon un bilan présenté à la fin 2010, les organismes de la Sécurité sociale ont détecté 384 millions d'euros de fraude en 2009, soit une hausse de 70% par rapport à 2006. «Les contrôles des arrêts de travail ont permis d'économiser plusieurs centaines de millions d'euros», a précisé Xavier Bertrand."

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    Si notre  ministre met en avant le rapport de la Cour des comptes , je  rappelle le dernier rapport  qui critique sévèrement   certains gaspillages, qui dans leur ensemble ,sont sans commune mesure avec le montant des fraudes présumées !

    Notamment:

    • Les salaires dans la fonction publique : "   la « baisse de 0,6% de la masse salariale en 2012 puis de 0,7% en 2013 après une hausse de 0,8% en 2011, si bien qu’elle serait, en 2013, inférieure de 0,4% à son niveau de 2010 » est assez incertaine « compte tenu de l’évolution des rémunérations. » note le rapport .

    "Nous avions d’ailleurs déjà souligné que la révision générale des politiques publiques avait été souvent l’occasion d’augmentations très conséquentes de primes et de salaires." indique le rapport.

    La Cour propose donc une mesure de bon sens -déjà proposée par le dernier rapport Attali sur la croissance- qui est le « gel de la valeur du point de la fonction publique jusqu’à la fin de 2013 (donc trois années de suite) ». La Cour explique très bien que, si les dépenses de personnel ne sont pas contenues, elle est assez circonspecte sur la possibilité de faire baisser le déficit.

    Mais, dans leur réponse, jamais les ministères ne s’engagent à geler la valeur du point d’indice sur trois ans alors que ce gel ne suffirait même pas à bloquer l’augmentation des salaires qui se fait en moyenne de + 3% par an à l’ancienneté

    • Les personnels du Port de Marseille sont aussi dans le collimateur. Le rapport sur les suites données aux précédentes observations de la Cour note entre autres « qu’un portiqueur est susceptible de gagner mensuellement entre 3.500 € et 4.500 € nets » pour 12 heures de travail par semaine et souligne que « Les dépenses de personnel pèsent de façon croissante sur les résultats du port.
    • Dans le cadre du suivi des recommandations de la Cour, l’insertion concernant le Contrôle aérien est particulièrement sévère  : la régularisation n’a pas entraîné de refonte globale des indemnités versées à certains personnels  qui  sont particulièrement complexes (tenant compte du statut, du métier, de la localisation, aux fonctions exercées).
      A la clé, la constatation de l’illégalité du paiement de ces indemnités par les comptables publics de la DGAC. Paiements illégaux qui représentent tout de même 260 millions d’€.

    Rapport de la cour des comptes version intégrale

     

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  • Théorie marxiste

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     SORTIR DE LA PEUR DE "TOMBER PLUS BAS"

    PAR UNE VRAI REVALORISATION SALARIALE

    Il y a urgence. Pour des millions de salariés une augmentation des salaires est devenue vitale pour faire face à l'explosion des prix et des dépenses incompressibles, comme le loyer ou l'énergie. Alors que les stars du CAC 40 ont cumulé plus de 80 milliards de profit en 2010, la droite, de Villepin à Le Pen en passant par Sarkozy, occupe sans vergogne le terrain du « porte-monnaie ». Que fait la gauche?

    La France d'en bas voit, jour après jour, son pouvoir d'achat grignoté par l'explosion des prix de l'énergie, des produits alimentaires et des loyers. Une situation qui fâche .! Les salariés constatent que les stars du CAC 40 ont cumulé plus de 80 milliards de profit en 2010. 

    Le printemps des revendications salariales touche tous les secteurs et toutes les régions: Brink's (Toulon, Perpignan, Marseille), Assystem (Belfort), Camaïeu (Roubaix), Toyota (Onnaing), Biffage (Lille, Paris, Valenciennes), Equant (Rennes, Nice, Paris), DCNS (Lorient), Système U (Nantes), Villeroy&Boch(Valence-d'Agen),Nestlé, Carrefour. Le retour de cette mobilisation s'explique par le fossé entre les déclarations des patrons et les résultats réels des entreprises, selon Frédéric Briesma-lien, délégué CGT d ' Unilever (Oise), dont les salariés viennent d'obtenir une augmentation de 2 % :

    « En 2009 , pas d ' augmentation, c' était la crise. Les salariés avaient peur de perdre leur emploi. En 2010, on s'est contentés de 0,8 %. Puis on vient de constater que les bénéfices en 2010 s'élevaient à 5 millions d'euros. Ça a mis le feu aux poudres ! » Beaucoup de ces luttes ont débouché sur des augmentations, réelles mais modestes. Comme si les salariés se contentaient du minimum vital pour sortir la tête de l'eau à chaque fin de mois. Dans son dernier rapport comme médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye exprime cette hantise: «J'estimeà 15 millions le nombre de personnes pour lesquelles les fins de mois se. jouent à 50 ou 150 euros près. » Toujours selon le médiateur, « les Français sont souvent en situation de grande fragilité sociale (...). Cette peur de tomber plus bas encore illustre cette fatigue de la société française. »

    Des tensions sociales captées par Nicolas Sarkozy qui tente aujourd'hui d'honorer, enfin, sa promesse d'être le « président du pouvoir d'achat ». 

    Face à son échec patent, le chef de l'État veut réoccuper le terrain des revenus. Il a demandé à la ministre de l'Économie, Christine  Lagarde, et à celui du Travail, Xavier Bertrand, de plancher sur une mesure « lisible » sur la feuille de paie. Avec, comme à son habitude, un effet d'annonce sur une prime de 1000 euros susceptible de toucher les 8 millions de personnes employées dans les entreprises de plus de 50 salariés. De son côté, l'ex-premier ministre, Dominique de Villepin, a détaillé ses propositions pour 2012. Il annonce « un revenu citoyen de 850 euros. C'est la garantie donnée à chaque citoyen qui ne dispose d 'aucune ressource de pouvoir disposer de 850 euros », affirme-t-il. 

    La droite, qu'elle soit d'inspiration gaullienne comme Dominique de Villepin, ou néolibérale comme Nicolas Sarkôzy, a décidé d'occuper le terrain du « porte-monnaie ». Avec cette bonne vieille méthode qui consiste à rester dans le flou sur les modalités d'application et surtout de reprendre d'une main ce que l'on cède de l'autre. 

    Par exemple, la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune(ISF) annoncée par le gouvernement le 13 avril « n'est pas une suppression de l'ISF », mais elle « s'en approche », considère l'économiste Thomas Piketty : les 1900 foyers déclarant un patrimoine net taxable supérieur à 16 millions d'euros économiseraient « en moyenne plus de 160000 euros par rapport au système actuel ».

     Marine Le Pen a aussi flairé la manne électorale que peut représenter ce malaise social. Elle se tient en embuscade pour capter un mécontentement réel, une distanciation vis-à-vis des politiques et une absence de visibilité de la gauche sur ce terrain des salaires. Ainsi par exemple, lorsqu'elle dit s'opposer à l'immigration, elle précise « qu'elle ne combat pas les immigrés », qui sont ajoute- t-elle « les principales victimes du système, mais les patrons qui les exploitent et qui tirent ainsi les salaires de l'ensemble des travailleurs vers le bas ». Dialectique diabolique de la leader frontiste et une urgence pour la gauche de préciser ses propositions en matière salariale avec des chiffres précis. 

    Pour les élections européennes de juin 2009, le Front de gauche proposait la création d'un salaire minimal européen égal au minimum à 60 % du salaire moyen de chaque pays. Deux ans plus tard, dans l'accord signé par ses trois principales formations politiques en vue des élections présidentielle et législative de 2012, le PCF, le PG et Gauche unitaire proposent déjà, avant même que soit achevée l'élaboration de leur programme populaire et partagé, la création d'un revenu et d'un salaire maximal, et surtout l'augmentation du SMIC à 1600 euros net. Sur les principales revendications sociales, exprimées lors des mouvements contre la réforme des retraites et de grèves, le Front de gauche est en phase avec les aspirations populaires. 

    Dans son projet, le PS envoie quelques signaux. Sur la question des salaires, il propose un « rattrapage du pouvoir d'achat du SMIC», et de «reconquête de la valeur travail ». À la tête du PS, tout le monde n' est pas forcément sur la même longueur d'onde. Les proches de François Hollande et de Dominique Strauss-Kahn veulent être réalistes. Un adjectif qui appelle à la modération des mouvements sociaux quand bien même ceux-ci seraient à l'origine d'une victoire de la gauche.

     D'autres, comme Arnaud Montebourg, candidat à la primaire, veulent que le PS soit à l'origine d'une véritable « alternative » et non unesimple « alternance » en matière de contenu.

    Parmi les personnalités socialistes, il faut noter également l'appel des 25, lancé par l'ancien ministre Paul Quilès, et soutenu entre autres par Marie-Noëlle Lienemann, qui s ' inquiète de l'absence d'un projet fédérateur nécessaire au rassemblement de toute la gauche, et de la faiblesseidéologique du projet du PS. 

    Dans les faits, la proposition du Front de gauche d'augmenter le SMIC à 1600 euros paraît en phase avec les difficultés exprimées par les Français dans leur vie quotidienne. Tous réclament très majoritairement une augmentation des salaires et des minima sociaux. Néanmoins, les 1600 euros net, contre 1070 euros aujourd'hui, constitueraient une augmentation sans précédent depuis mai 1968, où le salaire minimal avait bondi de 35 %.

    Ce chiffre n' a pas encore été avancé par les mouvements syndicaux ou les mouvements sociaux. Le nombre de salariés concernés serait considérable, puisque le revenu médian est à 1500 euros. Si le Front de gauche est en mesure de faire passer le message que c'est possible et même souhaitable (l'augmentation du SMIC en mai 1968 avait largement dopé la croissance économique), peut-être que ces 1600 euros pourraient devenir un « marqueur » mobilisateur et peser dans la balance pour 2012 .

    Comme la revendication des 35 heures en leur temps, bien avant la victoire de la gauche en 1997
     

    DIEGO CHAUVET, JEAN-PIERRE CHAMPIAT  

    dchauvet@humadimanche.fr, 

    jpchampiat@humadimanche.fr

       


     


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  • Quotas discriminatoires: la FFF va enquêter (dossier)

     Théorie marxiste

     

    Les troubles révélations de Mediapart font leur chemin. Les "quotas discriminatoires" qu'auraient mis en place officieusement la direction technique nationale de la Fédération française de football pour la formation des jeunes joueurs, avec l'assentiment de Laurent Blanc, ont été démenties ce vendredi midi par le sélectionneur lui-même. La FFF a annoncé dans le même temps et par la voix de son président intérimaire, Fernand Duchaussoy, qu'elle ouvrait une enquête interne. (à lire: La Licra indignée par ce "FFF gate")

    • Le président de la FFF confiant

    "Toute la lumière sera faite sur cette affaire, j'ai une confiance absolue en  mes collaborateurs, a annoncé Fernand Duchaussoy dans une  conférence de presse vendredi au siège de la FFF. Nous allons faire une enquête  interne, peut-être avec une direction du ministère de la Jeunesse et des Sports  et peut-être avec une personne incontestable du monde du football".

    "Je suis sûr que cela démontrera que c'est une affaire qui n'est pas à la  hauteur de ce qu'on veut nous faire porter. Si l'on voit qu'il y  a des choses à reprocher à ceux qui nous ont accusés, nous prendrons les  dispositions nécessaires pour contre-attaquer".

    • Laurent Blanc réfute les quotas

    Laurent Blanc,  sélectionneur, s'est lui exprimé dans une  conférence de presse  à  Bordeaux. Le technicien a insisté sur l'absence  "de projet auquel (il  aurait)  participé, qui impose des quotas". "Un  tel projet ne verra  jamais le jour", a  encore souligné Blanc.

    "Depuis  une quinzaine  d'années, le projet de jeu a été discriminatoire pour  un  certain  nombre de joueurs, les critères athlétiques et physiques ayant  été   retenus essentiellement", a surtout fait remarquer l'ancien  défenseur  de  l'équipe de France. En prenant les clés de l'équipe de  France l'été  dernier, Laurent Blanc avait d'ailleurs déjà fait remarquer que  l'échec des Bleus au Mondial sud-africain était en partie dû au  modèle  de formation à la française dépassé, fondé sur la "production" de   joueurs physiques et techniques".

    "En ce moment, les ''petits''  (gabarits) sont pénalisés, ce qui est  discriminatoire", a-t-il détaillé  en faisant une analyse des pôles Espoirs et  des centres de  pré-formation. "Je veux permettre à ces jeunes joueurs qu'on ne  soit  pas radical. Ce qui me dérange le plus, c'est qu'on y ajoute des  couleurs. Qu'on me  reproche ce type de discrimination, ça me dérange.  La diversité existe, dans la rue comme dans le football."

    • Jamais eu de réunion secrète

    De son côté, le directeur technique national (DTN), nommément mis en cause par Médiapart, a déclaré: "Bien sur que je démens. Venez  voir toutes nos actions. C'est une évidence. Ni centre de formation, ni Pôle  espoirs (n'ont reçu de telle consigne de quotas).... Notre seul problème, c'est celui des double nationalités (formés en France  et qui jouent ensuite pour d'autres sélections à l'étranger). Ca  intègre des joueurs de toutes les origines. Rien à voir avec la couleur de peau.  Il y a aussi des gens originaires des pays de l'Est ou des Latins qui se  trouvent dans les mêmes conditions".

    "On a fait un état des lieux sur la binationalité, reprend François Blaquart. 45% de nos jeunes qui sont en  sélection ont une double nationalité et la question que l'on s'est posée est: est-ce que le rôle de la Fédération est de former les joueurs des autres  pays. Une large réflexion s'est engagée sur la sélection et la formation mais je  démens les accusations de Mediapart. Aucune consigne n'a été donné aux centres  de formations ni aux pôles espoirs."

    • Lyon et Marseille nient aussi

    Mis en cause par Mediapart, l’Olympique Lyonnais a, via un communiqué, démenti "avec la plus grande fermeté" ces allégations. L’OL "s’indigne de cet odieux procès d’intention, sans aucun fondement, qui lui ait fait, et informe qu’il a immédiatement demandé à ses conseils d’étudier les voies de recours pour défendre son honneur ainsi bafoué sur ses valeurs les plus fondamentales." Dans L'Equipe de ce vendredi, José Anigo, directeur sportif de l'OM, explique: "On a toujours considéré au club que la mixité était une richesse."

    • Mediapart va révéler ses preuves

    Jeudi soir, Mediapart assurait: "Pour les plus hautes instances du football français, l'affaire est  entendue: il y a trop de noirs, trop d'arabes et pas assez de blancs sur les  terrains". "Plusieurs dirigeants de la Direction technique nationale (DTN) de la  Fédération française de football  (FFF), dont le sélectionneur des Bleus en personne, Laurent Blanc, ont approuvé  dans le plus grand secret, début 2011, le principe de quotas discriminatoires  officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays", selon cette enquête. Ce matin, le site d'investigation assurait qu'il allait produire ses preuves dans les jours à venir.

    • Un contexte explosif à la FFF

    Au sein de la FFF, les scandales s'enchaînent avec une rapidité folle depuis la débandade de la dernière Coupe du monde (grève des arbitres, affaire des primes des joueurs, démission surprise de l'ancien numéro deux de la fédération Jacques Lambert, de l'ex-DTN Gérard Houllier, conflit aux Prud'hommes avec Domenech...). Le contexte y est propice. La plus puissante fédération vient certes d'éteindre la guerre entre pros et amateurs au profit des premiers en adoptant un nouveau mode de gouvernance. Mais le siège de président reste à prendre. Avant son élection fin juin, Fernand Duchaussoy n'est qu'un président par intérim, donc affaibli.

    Le DTN François Blaquart, visé par Mediapart, est une pièce dans ce jeu de dupes. Installé à ce poste par Fernand Duchaussoy, il ne pèse pas aussi lourd sportivement et médiatiquement que ses prédécesseurs Gérard Houllier et Aimé Jacquet.

    Si les révélations de Mediapart s'avéraient exactes, elle créeraient un nouveau séisme capable de décapiter entièrement la FFF, du président au sélectionneur, en passant par le patron de la politique sportive.

    • Le monde du foot dubitatif

    Noël  Le Graët, vice-président de la Fédération française de football et  candidat à la présidence en juin prochain: "La philosophie de notre  projet n'a en aucun cas été conçue comme ça. S'ils ont des preuves  (Mediapart), c'est à eux de les montrer. La FFF va confirmer son  intransigeance sur des propos qui ne peuvent pas être tenus (ceux de  Mediapart). Aller en justice ? Sur un sujet aussi sensible, la FFF ne  peut pas laisser passer ce genre de chose", a ajouté M. Le Graët.

    Jean-Pierre  Escalettes, ancien président de la FFF: "Quand vous lisez ça, ça  vous tue. On a lu beaucoup de choses mais celle là elle est incroyable.  Ca fait très très mal, je suis outré. Si une Fédération peut être citée  en exemple, c'est bien la nôtre".

    Patrick Braouezec, président de  la Fondation du football: "A   aucun moment nous n'avons entendu parler de  quotas dans des centres de   formation en fonction de l'origine des gens.  Cela me surprend beaucoup   car la Fondation est née à l'origine d'une  volonté de la Fédération  de  réfléchir sur ces question de respect, de  respect de l'autre. Je  suis  assez surpris. "Je ne sais pas sur quoi se  base Mediapart. Si  cela  était vérifié, nous réagirions. Au sein même de  la Fondation, au   conseil d'administration, nous avons des représentants  du football   amateur, du football professionnel, des membres de la FFF,  et tout cela   serait vraiment en contradiction avec ce qu'ils défendent  au sein  même  de la Fondation".

    Didier Deschamps,  entraîneur de l'OM: "Cela me paraît impossible de tenir de tels propos.  Je connais bien Laurent Blanc aussi, et je ne peux pas croire à de  telles réunions et décisions. On met en cause l'OM. Mais regardez notre  équipe. Nos joueurs viennent d'Afrique du nord, d'Afrique noire,  d'Amérique du sud... Le sport est universel, il n'est pas question de  discrimination. Je suis comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je  vois, il est très grave de tenir de telles accusations."

    Jean-Pierre  Louvel, président de l'UCPF, syndicat des clubs professionnels,  souhaite que "la lumière soit faite le plus rapidement possible sur ces  graves accusations. Aucun de nos dirigeants n'a jamais eu connaissance  officiellement ou officieusement de pratiques de cet ordre, c'est faire  insulte à notre sport et à ses responsables que de laisser entendre que  ceci ait pu avoir cours et qui plus est être cautionné. Si Mediapart  dispose de preuves tangibles nous demandons qu’elles nous soient  communiquées et procéderons bien entendu, si tel était le cas, aux  mesures qui s'imposent."

    • Les réactions politiques

    EELV: "S’ils sont avérés, ces propos ramènent aux pires heures de notre histoire avec les présupposés racistes les plus odieux. Notre pays a inventé les droits de l’Homme. Instaurer un apartheid dans la sélection des joueurs de l’équipe du sport le plus populaire du pays est contraire aux valeurs fondamentales de la France et de l’Europe… Tout cela témoigne d’un climat délétère au sein du football français et d’une incapacité des instances officielles à gérer les dérives racistes et homophobes qui le traversent.  Ces événements témoignent aussi d’une banalisation du racisme à tous les niveaux de notre société, de l’Elysée en passant par la FFF.

    Jean-Luc Benhamias, député européen, vice-président du MoDem: "Comme dans l'ensemble des strates de notre société, la lutte contre les discriminations est à la base de notre pacte républicain. Et en cela le football ne peut faire exception. Dans l'attente des éclaircissements, on ne peut s'empêcher de constater que lorsque les gouvernements (le nôtre ne faisant malheureusement pas exception) cautionnent des propos similaires à la droite extrême et populiste, c'est inévitablement contagieux."

    Parti socialiste: "C’est avec stupeur que le Parti Socialiste apprend... les propos qu’auraient tenus des dirigeants du Football français. Le principe républicain d'égalité doit être appliqué partout et pour tous. Nous attendons du gouvernement et en particulier de la Ministre des sports qu'ils fassent la lumière sur cette affaire et qu'ils en tirent  cas échéant toutes les conséquences nécessaires pour faire respecter nos principes et nos lois républicains.

     

    Pour aller plus loin:

    • A lire:

    Le monde professionnel, fossoyeur du football amateur

    Après des mois de pression et de chantage, le foot professionnel  se taille la « part du lion » dans la gestion de la 3F. Lire la suite...

    • A lire aussi:

    Quand le foot d'en bas tire vers le haut

    Quatre mois après l’épisode bâclé des états généraux du foot  français, une association mobilise la base pour redonner « un autre visage » au  ballon rond. Lire la suite...

    • A lire enfin:

    "Aucun suivi pour le rôle social du foot"

    Engluée dans ses problèmes de gouvernance, la Fédération  française n’a toujours pas donné suite aux propositions de la commission « foot  citoyen » menée par Nathalie 
Boy de La Tour. Lire la suite...


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  • Théorie marxiste

    Quelques heures avant l’assemblée générale des actionnaires, les salariés des sites d’ingénierie du groupe se sont rassemblés pour exprimer leur colère aux actionnaires.

    Ce matin, jour de l’assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe Renault, plusieurs centaines de salariés étaient rassemblés devant les sites d’ingénierie à Rueil, Guyancourt, Lardy, Villiers Saint Frédéric. Ils répondaient à l’appel de l’Intersyndicale CGT, CFDT et Sud, invitant à « faire entendre très fort notre colère et notre mécontentement ». Après une année 2010 aux résultats florissants, les salariés sanctionnent la politique salariale du groupe. « Après deux années de crise, durant lesquelles les salariés se sont investis pour atteindre ces résultats, la direction a concédé  une augmentation générale des salaires de seulement 1,7% pour 2011, dénonce Bernard Bachetta, de la CGT Renault-Lardy. Une véritable provocation, d’autant que plus de la moitié des salariés n’ont reçu aucune augmentation individuelle. Dans les sites d’ingénierie, seuls 38 embauches en CDI sont prévues en 2011, alors qu’en moyenne 230 personnes partent chaque année, la direction privilégiant les contrats d’intérimaires. »  Du côté du Palais des Congrès, à Paris, les actionnaires devaient entendre Carlos Ghosn, PDG du groupe, sur le scandale de l'affaire de faux espionnage. Pour le syndicaliste, cette affaire d’espionnage est à l’image de la gouvernance du groupe. « Tout part d’en haut, on n’écoute pas les salariés, on casse l’image de la marque et au final on nous demande des efforts pour réparer les erreurs. Et pour Carlos Ghosn, c’est l’impunité ».  Aussi à l’ordre du jour de l’assemblée, 14 résolutions, dont l’approbation des comptes annuels et consolidés, ainsi que l’augmentation des jetons de présence aux membres du conseil d’administration de 30 000 euros par an à 60 000 euros d’ici à 2012, -pour la participation à trois ou quatre réunions par an, pour un coût de 1,2 million d’euros. Une somme qui pourrait servir « à l’augmentation du pouvoir d’achat des salariés, au développement de l’outil industriel, à la recherche et à l’emploi », observe l’intersyndicale dans son communiqué.

    A lire :

    --> 2010, année de résultats record pour Renault

    --> Renault soupçonné de délocaliser en cachette

    Clotilde Mathieu


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  • Théorie marxisteTerra Nova tente (encore une fois) de faire taire la gauche de gauche [issu du blog CPPN]

    La semaine dernière, le think tank "progresssite" (c’est lui qui le dit) Terra Nova a encore lancé une campagne visant à faire taire toute voix plus à gauche que le PS. Libération a, comme à son habitude, complaisemment relayé cette campagne. En utilisant la peur d’une nouvelle arrivée du FN au second tour, le think tank ne propose rien de moins que la mort de l’expression pluraliste au moment des élections.

    L’auteur du blog CPPN revient sur l’identité et les financements de la bande derrière cette grossière manoeuvre.

    L’article original peut être lu ici (il contient des illustrations et des liens que je n’ai pas réussi à reproduire ici).


    21 avril, journée nationale du bipartisme

    On avait déjà la journée de la femme, le 8 mars, la journée sans voiture, le 22 septembre, la journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition, le 10 mai et beaucoup d’autres journées spéciales. Il semble bien que, désormais, nous aurons chaque 21 avril, une journée du bipartisme, également appelée « Journée nationale contre les violences faites aux partis dominants par les électeurs ».

    C’est l’association Terra Nova, think tank tellement progressiste qu’il le répète à toutes les pages de son site, qui est à la pointe du mouvement en faveur de cette idée. Libération (époque Joffrin et désormais époque Demorand), s’associe tous les ans à cette courageuse idée. Pour l’instant, la campagne se focalise surtout sur la gauche, la droite ayant, avec l’UMP, déjà en grande partie réalisé son unité.

    En quoi consiste cette journée ? Rappeler aux électeurs que 12 candidats à la présidentielle, c’est 10 de trop et qu’il n’y a que deux options qui vaillent : le modèle social-libéral du PS ou le modèle néolibéral de l’UMP. Sortir de ce modèle ou présenter à l’élection des candidatures n’entrant pas dans ce schéma crée le risque de l’émiettement du corps électoral et l’arrivée du candidat du FN au second tour de l’élection présidentielle, comme lors du 21 avril 2002. Bref, c’est le match DSK-Sarkozy ou le fascisme, le choix entre le modèle néolibéral (soft ou hard) ou le chaos. Le traumatisme d’une accession de Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 sert de croque-mitaine pour justifier des propositions qui restreignent encore davantage le pluralisme politique, pourtant déjà largement anémié dans le débat médiatique.

    Pour exemple, si on regarde les invités des interviews politiques du matin des trois grandes stations de radio généralistes (RTL, France Inter et Europe 1), on observe une surreprésentation des personnalités issues de l’UMP ou du PS. Sur RTL, Jean-Michel Aphatie a reçu, depuis le début de l’année 2011, 55 hommes politiques : 30 de l’UMP (ou apparentés dans des partis croupions), 16 du PS, les autres partis ne représentant que neuf invitations cumulées. L’UMP et le PS trustent 83,6% des invitations. Sur France Inter, Patrick Cohen a reçu, en 2011, dans son interview de 8 heures 20, 53 hommes politiques : 22 UMP, 17 PS, (soit 73,5% des invités pour ces deux partis), 12 n’appartenant pas aux deux partis précités (six étant membres d’Europe écologie – les Verts). Sur Europe 1, depuis le 15 mars 2011 (les archives du site d’Europe 1 ne vont pas au-delà), Jean-Pierre Elkabbach a reçu 23 invités politiques : 16 de l’UMP (69,5% du total pour ce seul parti !), 4 du PS (soit 87% du total pour ces deux partis) et trois « autres ». En outre, les invités n’appartenant pas au PS ou à l’UMP peuvent se résumer à une poignée de personnalités : Bernard Kouchner (dont le positionnement politique toujours fluctuant ne me permettait pas une classification exacte), Dominique de Villepin, François Bayrou, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Daniel Cohn-Bendit et Cécile Duflot. Ces invitations en disent long sur le climat politique en France où Jean-Luc Mélenchon est la seule voix autorisée à exprimer une pensée plus à gauche que celle du PS. Pas d’invitation pour le NPA ou le PC.

    On comprend que dans un climat pareil, il était important de proposer des mesures pour éviter « l’émiettement ».

    Terra Nova a commencé sa charge contre « la fragmentation » en août 2009 quand elle a lancé une grande campagne en faveur d’une « primaire à gauche », primaire qui devait permettre de rassembler la quasi-totalité des partis de gauche derrière un candidat unique. Appelé « l’appel des 100 », cette pétition rassemblait essentiellement des membres de Terra Nova, des sympathisants de l’aile droite du PS et des Verts et des proches du Modem de François Bayrou. La date choisie pour publier cette pétition visait à faire de l’idée de la primaire la question centrale de l’université d’été du Parti socialiste. Cet appel fit la Une du quotidien Libération, propriété du groupe Rothschild, groupe auquel appartient, au poste de directeur général adjoint, Christophe Bejach, membre fondateur de Terra Nova. La pétition reçut également les louanges du Nouvel Observateur, alors dirigé par Denis Olivennes, membres des « Gracques », un rassemblement de hauts fonctionnaires et de chefs d’entreprises souhaitant une fusion entre le PS et le Modem.

    Le préambule de « l’appel des 100 », publié en première page du site internet que Terra Nova lui avait consacré, était clair : « Nous appelons à une primaire populaire, ouverte au vote des sympathisants, afin que les citoyens de gauche et de progrès puissent choisir leur candidat à l’élection
    présidentielle. ». Toute l’ambigüité de l’appel était résumée dans cette phrase. En effet, il n’était pas question d’ouvrir la primaire aux seuls électeurs de gauche, mais également à ceux ne se reconnaissant pas dans cette étiquette mais se considérant comme « progressiste » ou « de progrès » (comme Terra Nova), terminologie suffisamment floue pour inclure l’électorat centriste et de centre-droit déçu par le sarkozysme. Avec un tel corps électoral, nul doute que le candidat qui serait arrivé en tête de cette primaire aurait été un candidat social-libéral. Terra Nova, sans l’avouer, souhaitait faire ressembler encore davantage le PS au parti démocrate US.

    Le think tank reçoit régulièrement des émissaires de ce parti venant lui donner des conseils et éclairages sur la façon d’organiser les primaires. Terra Nova ne cache d’ailleurs pas que le modèle du camp « progressiste » dont il se réclame est Barack Obama après avoir été le duo Bill Clinton-Tony Blair. A l’époque où Terra Nova publia son « appel des 100 », le think tank présentait également parmi ses mécènes le German Marshall Fund (GMF). Le GMF est une organisation créée à la fin des années 70 grâce à une dotation de l’État allemand à l’initiative du chancelier Helmut Schmitt qui souhaitait donner des gages à Washington dont les dents avaient tendance à grincer depuis le lancement de l’Ostpolitik de son prédécesseur Willy Brandt. Bénéficiant d’un budget annuel de 20 millions de dollars (et d’un capital estimé à 200 millions), le GMF a pour but affiché de rapprocher l’Europe et les États-Unis… en fait de rapprocher l’Europe des États-Unis. Malgré son financement originel allemand, l’organisation ne compte désormais que des citoyens US dans son conseil d’administration (démocrates et républicains confondus). Pendant la Guerre froide, son action consistait principalement à faire du mécénat d’intellectuels et de journalistes atlantistes en Europe. Tombé en désuétude après la chute du mur de Berlin, le GMF a retrouvé un second souffle à la fin des années 90 quand a commencé à germer l’idée d’un grand marché commun euro-atlantique. Aujourd’hui, le GMF ne figure plus parmi les mécènes mais ses études et articles sont régulièrement cités en première page du site de Terra Nova.

    La manœuvre de « l’appel des 100 » était grossière et elle fut bien vite dénoncée comme un moyen de mettre la gauche en ordre de bataille derrière un candidat centriste par l’aile gauche du PS, le PC et le Parti de gauche. L’idée de la primaire « à gauche » fut oubliée et fut remplacée par une primaire au sein du Parti socialiste.

    Visiblement, Terra Nova n’était pas décidée à abandonner la partie et, à l’occasion du 21 avril et en s’appuyant sur la peur d’une nouvelle accession d’un candidat FN au second tour de la présidentielle, le think tank « progressiste » est reparti à l’assaut.

    Le think tank a lancé cette fois un « appel du 21 avril » centré sur deux idées : inviter les candidats à signer un « pacte générationnel », gentil texte sur l’emploi des jeunes, n’engageant pas à grand-chose, et qui ressemble davantage à une collection de bonnes intentions qu’à un programme politique concret, et – surtout – appeler, comme dans « l’appel des 100 », à ce qu’il n’y ait qu’un seul candidat « de gauche » à l’élection présidentielle de 2012. L’astuce de cet « appel du 21 avril » consiste à associer entre elles deux idées sans liens : des objectifs vagues contre la précarité des jeunes actifs et un appel à l’unité derrière un candidat social-libéral. Ainsi, Daniel Cohn-Bendit a été présenté largement comme un des signataires de l’appel avant que ce dernier n’indique qu’il ne soutenait que le « pacte générationnel ». Terra Nova s’enorgueillit d’avoir reçu de nombreuses signatures en faveur de cet appel, mais une lecture des noms des signataires laisse penser que les webmestres du think tank n’ont pas fait preuve d’une grande rigueur dans l’étude des noms publiés.

    En même temps que cet « appel » Terra Nova a publié un rapport, signé par Olivier Ferrand, président de Terra Nova, intitulé : « Réformer l’élection présidentielle, moderniser notre démocratie ». Comme en août 2009, Libération a consacré sa Une et une grande part de ses premières pages à cette initiative et Nicolas Demorand y consacra le billet creux et pompeux dont il gratifie désormais les (rares) lecteurs de Libération depuis qu’il a pris la direction du titre.

    La principale idée du rapport est de remplacer le vote lors de l’élection par « le jugement majoritaire » : au lieu de voter pour un candidat, l’électeur recevrait une fiche sur laquelle il « noterait » chaque candidat (Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter). Le vainqueur de l’élection présidentielle est celui recevant la meilleure moyenne. Une méthode sentant bon la transposition en élection des études d’instituts de sondage. C’est principalement cette mesure du rapport qui a été débattue dans la presse mais le document contient d’autres propositions, la plupart visant à renforcer le poids des grands partis.

    Ainsi, la mesure 4 prévoit de réduire le temps de la campagne de premier tour de la présidentielle mais de rallonger l’entre deux tours afin de centrer davantage le débat électoral sur les deux candidats arrivés en tête. Dans la même logique, la mesure 5 prévoit de remplacer l’égalité du temps de parole dans la campagne officielle par « l’équité » : le temps de parole sera proportionnel aux résultats pronostiqués par les instituts de sondage, une mesure qui favorisera outrageusement les candidats des principaux partis et donnera des pouvoirs exorbitants aux instituts de sondages. Toujours dans la même logique, Terra Nova propose de déplafonner les dépenses de campagne électorales à condition que les sommes dépassant un certain seuil ne soient issues que de « petits » dons n’excédant pas 100 euros. Outre le fait que ces petites contributions remises bien souvent en liquide à la fin des meetings peuvent assez facilement servir à blanchir des financements plus opaques, cette mesure favorise également les partis disposant de structures suffisantes pour susciter ces contributions.

    Bref, avec ces propositions, Terra Nova ne demande rien d’autre que des mesures pour favoriser le bipartisme, une configuration qui écrase le poids électoral des idées hétérodoxes. Ils ne sont pas les seuls à défendre cette position. Ainsi, lors de la campagne présidentielle de 2007, Etienne Mougeotte, alors vice-président de TF1, avait déclaré à François Bayrou : « nous roulons pour le bipartisme. Parce que la vraie démocratie, c’est ça. Et c’est ça que je voudrais pour mes enfants ». En commentaire de la Une de Libération, Nicolas Demorand ironisait sur la multiplication des candidats issus de « petits partis » : « Qu’importent les risques majeurs liés à la fragmentation de l’offre politique, l’essentiel est de participer ». Demorand démontrait ainsi qu’il était le digne successeur de Laurent Joffrin qui, lui-aussi, en février 2007, s’était emporté contre le grand nombre de candidatures à gauche, jugeant que les candidatures se réclamant du communisme ou de l’étatisme n’avaient aucune légitimité.

    Depuis les années 80 et la réémergence d’une gauche néolibérale, cette dernière n’a cessé de se présenter comme la seule voix légitime de la gauche. Après l’élection présidentielle de 2002, les partisans de ce courant de pensée ont rejeté l’hypothèse selon laquelle un candidat ne pouvait fédérer les électeurs de gauche en privatisant les services publics et en s’engageant dans le discours sécuritaire et ont fait de « la fragmentation » de l’offre électorale la seule responsable de l’échec de Lionel Jospin. Une fois ce postulat inscrit dans la doxa médiatique, la seule conclusion qui s’imposait était de soutenir des mesures réduisant l’audience et les possibilités de participation aux élections des partis plus à gauche que le PS.

    Les mesures proposées par Terra Nova démontrent que le temps où les idées communistes ou étatistes étaient présentées comme archaïques et ringardes arrive à sa fin. Désormais, la réflexion se porte sur les moyens de supprimer la possibilité pour les tenants de ses idées de s’exprimer ailleurs que dans les débats internes de partis qui, quoi qu’il arrive, présenteront des candidats sociaux-libéraux. Le tout au nom de la démocratie et de la lutte contre l’extrême-droite.

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article116580


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  • Théorie marxisteLégislatives au Pays de Galles : les communistes gallois présenteront des candidats partout pour proposer une alternative au « blanc bonnet et bonnet blanc »

     « Votez communiste pour les services publics, des emplois et un Pays de Galles populaire » le 5 mai

    Les communistes Gallois ont lancé leur manifeste à Cardiff ce 15 avril pour les élections à l’Assemblée nationale du Pays de Galles avec une attaque cinglante contre les partis du ’blanc bonnet et bonnet blanc’, les deux partis ayant échoué à faire preuve d’une alternative à la crise économique. Il est possible de lire ici le Manifeste en anglais et en gallois.

    Il exhorte les électeurs à « voter Communiste pour des services publics, des emplois et un Pays de Galles populaire » le 5 mai, alors que le Parti communiste concourant dans toutes les cinq régions Galloises avec un total de 20 canidats.

    Le secrétaire-général du parti, Robert Griffiths, a averti que le secteur privé ne compenserait pas la perte de 100 000 emplois Gallois conséquence des coupes dans les dépenses publiques du gouvernement Conservateur-libéral.

    « L’Assemblée nationale devra utiliser ses nouveaux pouvoirs législatifs pour promouvoir la planification économique, la propriété publique de l’industrie y compris des chemins de fer, le plein-emploi, les logements publics et la réorganisation de l’éducation secondaire ainsi que du secteur audiovisuel afin de répondre aux besoins du peuple Gallois », a insisté M.Griffiths.

    Mais il a également appelé les militants de quartier et syndicaux à protester contre les coupes et à faire tomber ce « gouvernement illégitime à Westminster pour qui personne n’a voté ».

    Le manifeste du Parti communiste gallois appelle à l’augmentation de l’imposition des plus riches et du grand capital pour réduire le déficit financier et investir plus largement dans l’industrie, la science, le logement, les transports publics et les énergies renouvelables.

    « Les quatre grands partis n’ont aucune idée de quoi faire avec les nouveaux pouvoirs de l’Assemblée nationale », a déclaré en conférence de prsse la tête de liste communiste pour le Sud-ouest gallois, John Morrissey.

    « Ils sont blanc bonnet et bonnet blanc, tous effrayés d’utiliser le mot qui commence par un ’F’, comme Financial powers, les pouvoirs financiers dont l’Assemblée nationale aura besoin pour investir dans l’emploi et les services publics », a accusé M.Morrissey.

    La candidate pour la région du Sud gallois, Gwen Griffiths, a promis que la première mesure qu’un député communiste gallois prendrait serait de déposer une motion condamnant ce qu’elle a appelé « la cynique et illégale intervention de l’OTAN en Libye, profitant de la guerre civile pour servir les intérêts impérialistes occidentaux ».

    Traduction AC à partir d’un article du PC de Grande-Bretagne

    http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-legislatives-au-pays-de-galles-les-communistes-gallois-presenteront-des-candidats-partout-pour-proposer-une-alternative-au-blanc-bonnet-et-bonnet-blanc-72754393.html


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  • Les manifestants ont tracté sur le parking de la grande surface. Photo J. -M. M.

      En marge de l’action pour la reconnaissance de la pénibilité au travail, les manifestants de Chalon ont rejoint une trentaine de salariés du Leclerc qui avaient débrayé pour l’occasion. Un geste qui a très mal été accueilli par le PDG du centre commercial, M. Bizieux, qui est à la tête de l’enseigne chalonnaise depuis mars 2010.

    Selon les salariés grévistes, pour la plupart qui ne travaillaient pas cet après-midi, « notre PDG nous a empêchés d’approcher nos collègues en poste, a refusé de nous recevoir et a menacé ceux qui pouvaient nous rejoindre de licenciement ». Pour Claude Cadot, secrétaire général de l’union locale CGT, « le comportement de M. Bizieux est inadmissible car il bafoue un droit de citoyen : le droit de grève, inscrit dans la constitution ». Les salariés du Leclerc de Chalon qui ont dernièrement créé un syndicat, dénoncent la disparition des primes d’ancienneté et de présence, soit une perte de revenu de 1 022 € par salarié et par an. Ils dénoncent également un surcroît de travail avec l’agrandissement de la surface marchande (2 000 m² supplémentaires) qui s’est accompagné d’une perte d’une cinquantaine d’employés. La direction a refusé de rencontrer les membres du cortège de manifestants venus tracter sur le parking du magasin.

    J. -M. M.

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  • Chapitre 1 — Le mode de production de la communauté primitive

    1.1. L’apparition de la société humaine.

    L’homme est apparu au début de la période actuelle de l’histoire de la Terre, dite période quaternaire, qui compte selon les savants un peu moins d’un million d’années. Dans différentes régions d’Europe, d’Asie et d’Afrique au climat chaud et humide vivait une espèce très évoluée de singes anthropomorphes dont l’homme est descendu à la suite d’une longue évolution qui passe par toute une série de stades intermédiaires.

    L’apparition de l’homme a marqué un tournant décisif dans le développement de la nature. Ce tournant s’est opéré lorsque les ancêtres de l’homme se sont mis à confectionner des instruments de travail. L’homme commence à se distinguer foncièrement de l’animal au moment où il se met à fabriquer des instruments, aussi simples soient-ils. On sait que les singes se servent souvent d’un bâton ou d’une pierre pour abattre les fruits de l’arbre ou se défendre quand ils sont attaqués. Mais jamais aucun animal n’a confectionné même l’outil le plus primitif. Les conditions d’existence incitaient les ancêtres de l’homme à fabriquer des instruments. L’expérience leur suggéra qu’ils pouvaient utiliser des pierres aiguisées pour se défendre en cas d’attaque ou pour chasser. Ils se mirent à confectionner des outils de pierre en frappant une pierre contre une autre. Ceci marque le début de la fabrication des outils. Et c’est par la fabrication des outils que le travail a commencé.

    Grâce au travail, les extrémités des membres antérieurs du singe anthropomorphe sont devenues les mains de l’homme, ainsi qu’en témoignent les restes du pithécanthrope (être intermédiaire entre le singe et l’homme) trouvés par les archéologues. Le cerveau du pithécanthrope était beaucoup moins développé que celui de l’homme, mais déjà sa main se distinguait relativement peu de la main humaine. La main est donc l’organe, mais aussi le produit du travail.

    À mesure que les mains se déchargeaient de tout emploi autre que le travail, les ancêtres de l’homme s’habituaient de plus en plus à la station verticale. Quand les mains furent prises par le travail, s’accomplit le passage définitif à la station verticale, ce qui joua un rôle très important dans la formation de l’homme.

    Les ancêtres de l’homme vivaient en hordes, en troupeaux ; les premiers hommes aussi. Mais entre les hommes un lien était apparu, qui n’existait pas, et ne pouvait pas exister, dans le règne animal ; ce lien, c’était le travail. C’est en commun que les hommes fabriquaient des outils, en commun qu’ils les mettaient en œuvre. Par conséquent, l’apparition de l’homme a aussi marqué le début de la société humaine, le passage de l’état zoologique à l’état social.

    Le travail en commun a entraîné l’apparition et le développement du langage articulé. Le langage est un moyen, un instrument à l’aide duquel les hommes communiquent entre eux, échangent leurs idées et parviennent à se faire comprendre. L’échange des idées est une nécessité constante et vitale ; sans elle les hommes ne pourraient se concerter pour lutter ensemble contre les forces de la nature, la production sociale elle-même ne pourrait exister.

    Le travail et le langage articulé ont exercé une influence déterminante sur le perfectionnement de l’organisme de l’homme, sur le développement de son cerveau. Les progrès du langage sont étroitement solidaires des progrès de la pensée. Dans le processus du travail, l’homme étendait le champ de ses perceptions et de ses représentations, il perfectionnait ses organes des sens. À la différence des actes instinctifs des animaux, les actes de l’homme au travail prirent peu à peu un caractère conscient.

    Ainsi, le travail est la condition fondamentale première de toute vie humaine, et il l’est à un point tel que, dans un certain sens, il nous faut dire : le travail a créé l’homme lui-même.

    ( F. Engels, « Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme », Dialectique de la nature, p. 171,
    Éditions sociales, Paris, 1952. )

    C’est grâce au travail que la société humaine est née et qu’elle a commencé à se développer.

    1.2. Les conditions de la vie matérielle dans la société primitive. Le perfectionnement des instruments de travail.

    L’homme primitif dépendait dans une très large mesure de la nature environnante ; il était complètement écrasé par les difficultés de l’existence, de la lutte contre la nature. Ce n’est qu’avec une extrême lenteur qu’il est parvenu à dompter les forces de la nature, par suite du caractère rudimentaire de ses instruments de travail. Une pierre grossièrement taillée et un bâton ont été ses premiers outils. Ils continuaient en quelque sorte artificiellement les organes de son corps, la pierre prolongeant le poing et le bâton le bras tendu. Les hommes vivaient en groupes comptant au plus quelques dizaines de membres : un nombre plus élevé d’individus n’aurait pu trouver à se nourrir ensemble. Quand deux groupes se rencontraient, des conflits éclataient parfois entre eux. Beaucoup de ces groupes mouraient de faim ou devenaient la proie des bêtes féroces. Aussi le travail en commun était-il pour les hommes la seule possibilité et une nécessité absolue.

    Longtemps l’homme primitif a surtout vécu de la cueillette et de la chasse effectuées collectivement à l’aide des instruments les plus simples. Les fruits du travail en commun étaient de même consommés en commun. La précarité de la nourriture explique l’existence chez les hommes primitifs du cannibalisme. Au cours des millénaires, les hommes ont appris en quelque sorte à tâtons, par une expérience très lentement accumulée, à fabriquer les instruments les plus simples, propres à frapper, à couper, à creuser et à exécuter les autres actions peu compliquées auxquelles se réduisait alors presque toute la production.

    La découverte du feu a été une grande conquête de l’homme primitif en lutte contre la nature. Il a d’abord appris à se servir du feu allumé fortuitement : il voyait la foudre enflammer un arbre, il observait les incendies de forêt et les éruptions des volcans. Le feu obtenu par hasard était longuement et soigneusement entretenu. Ce n’est qu’après des millénaires que l’homme perça le secret de la production du feu. À un stade plus avancé de la fabrication des instruments, il nota que le feu s’obtenait par le frottement, et il apprit à le produire.

    La découverte et l’usage du feu permirent aux hommes de dominer certaines forces de la nature. L’homme primitif se détacha définitivement du règne animal ; la longue période de la formation de l’homme avait pris fin. La découverte du feu modifia profondément les conditions de sa vie matérielle. D’abord, le feu lui servit à préparer les aliments et à en augmenter ainsi le nombre : il put désormais se nourrir de poisson, de viande, de racines et de tubercules féculents, etc., en les faisant cuire. Ensuite, le feu commença à jouer un rôle important dans la fabrication des instruments de production ; d’autre part il protégeait du froid, ce qui permit aux hommes de se répandre sur une partie plus étendue du globe. Enfin, il permettait de mieux se défendre contre les bêtes féroces.

    Longtemps la chasse resta la principale source de moyens d’existence. Elle procurait aux hommes les peaux dont ils se vêtaient, les os dont ils faisaient des outils, une nourriture carnée qui influa sur le développement ultérieur de l’organisme humain, et surtout du cerveau. À mesure qu’il se développait physiquement et intellectuellement, l’homme devenait capable de produire des instruments de plus en plus perfectionnés. Il se servait pour chasser d’un bâton à bout aiguisé. Puis il fixa à ce bâton une pointe de pierre. Il eut ensuite des lances à pointe de pierre, des haches, des racloirs, des couteaux, des harpons et des crochets de pierre, instruments qui permirent de chasser le gros gibier et de développer la pêche.

    La pierre est restée très longtemps la principale matière dont on faisait les outils. On a donné le nom d’âge de la pierre à l’époque où prédominent les instruments de pierre, et qui s’étend sur des centaines de milliers d’années. Plus tard l’homme apprit à fabriquer des outils en métal, en métal natif pour commencer, et d’abord en cuivre (mais le cuivre, métal mou, ne pouvait être largement utilisé pour la fabrication d’outils), puis en bronze (alliage de cuivre et d’étain) et ensuite en fer. À l’âge de la pierre succède l’âge du bronze, puis l’âge du fer.

    Les traces les plus anciennes de la fonte du cuivre remontent, dans l’Asie antérieure, aux 5e-4e millénaires avant notre ère ; dans l’Europe méridionale et centrale, aux 3e-2e millénaires. Les premiers vestiges du bronze datent en Mésopotamie du 4e millénaire avant notre ère.

    Les traces les plus anciennes de la fonte du fer ont été découvertes en Égypte et en Mésopotamie et se situent 2 000 ans avant notre ère. En Europe occidentale, l’âge du fer commence environ 1 000 ans avant notre ère.

    L’invention de l’arc et des flèches marqua une importante étape dans l’histoire du perfectionnement des instruments de travail. Désormais la chasse fournit en quantités accrues les moyens d’existence indispensables. Les progrès de la chasse donnèrent naissance à l’élevage primitif. Les chasseurs se mirent à domestiquer les animaux : le chien d’abord, puis la chèvre, les bovidés, le porc et le cheval.

    L’agriculture primitive constitua un nouveau progrès considérable dans le développement des forces productives de la société. En récoltant les fruits et les racines, les hommes primitifs avaient remarqué des milliers de fois, sans comprendre pourquoi, que les graines tombées à terre se mettaient à germer. Mais un jour arriva où leur esprit établit un rapport entre ces faits, et ils commencèrent à cultiver les plantes. Ce fut le début de l’agriculture. Longtemps les procédés de culture restèrent des plus primitifs. On ameublissait le sol au moyen d’un simple bâton, et plus tard, d’un bâton à bout recourbé : la houe. Dans les vallées des cours d’eau, on jetait les semences sur le limon déposé par les crues. La domestication des animaux permit d’utiliser le bétail comme force de trait. Par la suite, quand les hommes apprirent à fondre les métaux, l’emploi d’outils en métal rendit le travail agricole plus productif. L’agriculture reçut une base plus solide. Les tribus primitives devinrent progressivement sédentaires.

    1.3. Les rapports de production dans la société primitive. La division naturelle du travail.

    Les rapports de production sont déterminés par le caractère, l’état des forces productives. Dans la communauté primitive, la propriété commune des moyens de production constitue la base des rapports de production. La propriété commune correspond alors au caractère des forces productives, les instruments de travail étant trop primitifs pour permettre aux hommes de lutter isolément contre les forces de la nature et les bêtes féroces.

    Ce type primitif de la production collective ou coopérative, écrit Marx, fut, bien entendu, le résultat de la faiblesse de l’individu isolé,
    et non de la socialisation des moyens de production.

    ( « Brouillon d’une lettre de Marx à Véra Zassoulitch » dans K. Marx et F. Engels Œuvres, t. 27, p. 681 (éd. russe). )

    D’où la nécessité du travail collectif, de la propriété commune de la terre et des autres moyens de production, ainsi que des produits du travail. Les hommes primitifs n’avaient pas la notion de la propriété privée des moyens de production. Seuls quelques instruments de production, qui constituaient en même temps des moyens de défense contre les bêtes féroces, étaient leur propriété individuelle et étaient utilisés par certains membres de la communauté.

    Le travail de l’homme primitif ne créait aucun excédent par rapport au strict nécessaire, autrement dit aucun produit supplémentaire ou surproduit. Il ne pouvait donc exister ni classes ni exploitation de l’homme par l’homme. La propriété sociale ne s’étendait qu’à de petites communautés plus ou moins isolées les unes des autres. Ainsi que l’a fait observer Lénine, le caractère social de la production n’englobait que les membres d’une même communauté. Le travail, dans la société primitive, reposait sur la coopération simple. La coopération simple, c’est l’emploi simultané d’une quantité plus ou moins grande de force de travail pour exécuter des travaux du même genre. La coopération simple permettait déjà aux hommes primitifs de s’acquitter de tâches qu’il aurait été impossible à un homme seul d’accomplir (par exemple, la chasse aux grands fauves).

    Le niveau extrêmement bas des forces productives imposait la division d’une maigre nourriture en parts égales. Toute autre méthode de partage était impossible, les produits du travail suffisant à peine à satisfaire les besoins les plus pressants : si un membre de la communauté avait reçu une part supérieure à celle de chacun, un autre aurait été condamné à mourir de faim. Ainsi la répartition égalitaire des produits du travail commun était une nécessité.

    L’habitude de tout diviser en parts égales était profondément ancrée chez les peuples primitifs. Les voyageurs qui ont séjourné dans les tribus se trouvant encore à un stade inférieur du développement social ont pu le constater. Il y a plus d’un siècle le grand naturaliste Darwin, accomplissant un voyage autour du monde, rapportait le fait suivant : on avait fait cadeau d’un morceau de toile à des indigènes de la Terre de Feu ; ils le déchirèrent en parties absolument égales pour que chacun en eût autant.

    La loi économique fondamentale du régime de la communauté primitive consiste à assurer aux hommes les moyens d’existence nécessaires à l’aide d’instruments de production primitifs, sur la base de la propriété communautaire des moyens de production, par le travail collectif et par la répartition égalitaire des produits. Le développement des instruments de production entraîne la division du travail dont la forme la plus simple est la division naturelle du travail d’après le sexe et l’âge : entre les hommes et les femmes, entre les adultes, les enfants et les vieillards.

    Le célèbre explorateur russe Mikloukho-Maklaï, qui a étudié la vie des Papous de la nouvelle-Guinée dans la seconde moitié du 19e siècle, décrit ainsi le travail collectif dans l’agriculture. Quelques hommes alignés enfoncent profondément des bâtons pointus dans le sol, puis d’un seul coup soulèvent un bloc de terre. Derrière eux, des femmes s’avancent à genoux et émiettent à l’aide de bâtons la terre retournée par les hommes. Viennent ensuite les enfants de tout âge qui triturent la terre avec leurs mains. Quand le sol a été ameubli, les femmes pratiquent des trous à l’aide de bâtonnets et y enfouissent les graines ou les racines des plantes. Le travail a donc un caractère collectif et est divisé d’après le sexe et l’âge.

    Avec le développement des forces productives, la division naturelle du travail s’affermit et se stabilise. La chasse est devenue la spécialité des hommes, la récolte des aliments végétaux et le ménage celle des femmes, d’où un certain accroissement de la productivité du travail.

    1.4. Le régime de la « gens ». Le droit maternel. Le droit paternel.

    Tant que l’humanité ne s’était pas entièrement détachée du règne animal, les hommes vivaient en troupeaux, en hordes, comme leurs ancêtres immédiats. Par la suite, quand une économie primitive se fut constituée et que la population eut augmenté peu à peu, la société s’organisa en « gentes » 1.

    Seuls des hommes unis par les liens du sang pouvaient, à cette époque, se grouper pour travailler ensemble. Le caractère primitif des instruments de production ne permettait au travail collectif de s’exercer que dans le cadre restreint d’un groupe d’individus liés entre eux par la consanguinité et la vie en commun. L’homme primitif considérait d’ordinaire comme un ennemi quiconque n’était pas lié à lui par la parenté consanguine et la vie en commun au sein de la gens. La gens s’est d’abord composée de quelques dizaines d’individus unis par les liens du sang. Chacune de ces gentes vivait repliée sur elle-même. Avec le temps, l’effectif du groupe augmenta et atteignit plusieurs centaines d’individus ; l’habitude de la vie en commun se développa ; les avantages du travail collectif incitèrent de plus en plus les hommes à rester ensemble.

    Morgan qui a étudié la vie des primitifs, décrit le régime gentilice encore en vigueur chez les Indiens Iroquois au milieu du siècle dernier. Les principales occupations des Iroquois étaient la chasse, la pêche, la cueillette des fruits et la culture. Le travail était divisé entre les hommes et les femmes. La chasse et la pêche, la fabrication des armes et des outils, le défrichement, la construction des cases et les travaux de fortification étaient le lot des hommes. Les femmes s’acquittaient des principaux travaux des champs, levaient et rentraient la récolte, cuisaient la nourriture, confectionnaient les vêtements et les ustensiles d’argile, cueillaient les fruits sauvages, les baies et les noisettes, récoltaient les tubercules. La terre était la propriété de la gens. Les gros travaux : coupe du bois, essouchage, grandes chasses, étaient exécutés en commun. Les Iroquois vivaient dans ce qu’ils appelaient de « grandes maisons » pouvant abriter vingt familles et plus. Chaque groupe de ce genre avait ses entrepôts communs où étaient déposées les provisions. La femme qui se trouvait à la tête du groupe distribuait la nourriture entre les familles. En cas de guerre, la gens élisait un chef militaire qui ne bénéficiait d’aucun avantage matériel et dont le pouvoir prenait fin en même temps que les hostilités.

    Au premier stade du régime gentilice, la femme occupait une situation prépondérante, ce qui découlait des conditions de la vie matérielle d’alors. La chasse à l’aide d’instruments des plus primitifs, qui était alors l’affaire des hommes, ne pouvait assurer entièrement l’existence de la communauté, ses résultats étant plus ou moins aléatoires. Dans ces conditions, les formes même embryonnaires de la culture du sol et de l’élevage (domestication des animaux) acquéraient une grande importance économique. Elles étaient une source de subsistance plus sûre et plus régulière que la chasse. Or, la culture et l’élevage primitifs étaient surtout le lot des femmes restées au foyer pendant que les hommes allaient à la chasse. La femme joua pendant une longue période le rôle prépondérant dans la société gentilice. C’est par la mère que s’établissait la filiation. C’était la gens matriarcale, la prédominance du droit maternel.

    Avec le développement des forces productives, quand l’élevage nomade (pâturage) et l’agriculture plus évoluée (culture des céréales), qui étaient l’affaire des hommes, commencèrent à jouer un rôle déterminant dans la vie de la communauté primitive, la gens matriarcale fut remplacée par la gens patriarcale. La prépondérance passa à l’homme qui prit la tête de la communauté. C’est par le père que s’établit désormais la filiation. La gens patriarcale a existé au dernier stade de la communauté primitive.

    L’absence de propriété privée, de division en classes et d’exploitation de l’homme par l’homme rendait impossible l’existence de l’État.

    Dans la société primitive […], on n’observe pas d’indices d’existence de l’État. On y voit régner les coutumes, l’autorité, le respect, le
    pouvoir dont jouissaient les anciens du clan ; ce pouvoir était parfois dévolu aux femmes — la situation de la femme ne ressemblait pas alors à ce qu’elle est aujourd’hui, privée de droits, opprimée ; mais nulle part une catégorie spéciale d’hommes ne se différencie pour gouverner les autres et mettre en œuvre d’une façon systématique, constante, à des fins de gouvernement, cet appareil de coercition, cet appareil de violence […]

    ( V. Lénine, « De l’État », Œuvres, t. 29, p. 478. )
    Notes
     1. Nom latin de la communauté réunissant des membres unis par les liens du sang. Au pluriel : « gentes » ; de là l’adjectif : gentilice. (N. d. T.)

    1.5. Les débuts de la division sociale du travail et de l’échange.

    Avec le passage à l’élevage et à la culture du sol apparut la division sociale du travail : diverses communautés, puis les différents membres d’une même communauté commencèrent à exercer des activités productrices distinctes. La formation de tribus de pasteurs a marqué la première grande division sociale du travail.

    En se livrant à l’élevage, les tribus de pasteurs réalisèrent d’importants progrès. Elles apprirent à soigner le bétail de manière à obtenir plus de viande, de laine, de lait. Cette première grande division sociale du travail entraîna à elle seule une élévation sensible pour l’époque de la productivité du travail.

    Toute base d’échange fit longtemps défaut entre les membres de la communauté primitive : le produit était tout entier créé et consommé en commun. L’échange naquit et se développa d’abord entre les gentes et garda durant une longue période un caractère accidentel.

    La première grande division sociale du travail modifia cette situation. Les tribus de pasteurs disposaient de certains excédents de bétail, de produits laitiers, de viande, de peaux, de laine. Mais elles avaient aussi besoin de produits agricoles. À leur tour, les tribus qui cultivaient le sol réalisèrent avec le temps des progrès dans la production des denrées agricoles. Agriculteurs et pasteurs avaient besoin d’objets qu’ils ne pouvaient produire dans leur propre exploitation. D’où le développement des échanges.

    À côté de l’agriculture et de l’élevage, d’autres activités productrices prenaient leur essor. Les hommes avaient appris à fabriquer des récipients en argile dès l’âge de la pierre. Puis apparut le tissage à la main. Enfin, avec la fonte du fer, il fut possible de fabriquer en métal des instruments de travail (araire à soc de fer, hache de fer) et des armes (épées de fer). Il s’avérait de plus en plus difficile de cumuler ces formes de travail avec la culture ou l’élevage. Peu à peu se constitua au sein de la communauté une catégorie d’hommes exerçait des métiers. Les articles produits par les artisans : forgerons, armuriers, potiers, etc., devenaient de plus en plus des objets d’échange. Les échanges prirent de l’extension.

    1.6. Apparition de la propriété privée et des classes. La désagrégation de la communauté primitive.

    Le régime de la communauté primitive atteignit son apogée à l’époque du droit maternel ; la gens patriarcale renfermait déjà les germes de la désagrégation de la communauté primitive.

    Les rapports de production, dans la communauté primitive, correspondirent jusqu’à une certaine époque au niveau de développement des forces productives. Il n’en fut plus de même au dernier stade de la gens patriarcale, après l’apparition d’outils plus perfectionnés (âge du fer). Le cadre trop étroit de la propriété commune, la répartition égalitaire des produits du travail commencèrent à freiner le développement des nouvelles forces productives.

    Jusque là, l’effort collectif de quelques dizaines d’individus permettait seul de cultiver un champ. Dans ces conditions, le travail en commun était une nécessité. Avec le perfectionnement des instruments de production et l’élévation de la productivité du travail, une famille à elle seule était déjà capable de cultiver un terrain et de s’assurer les moyens d’existence dont elle avait besoin. L’amélioration de l’outillage permit donc de passer à l’exploitation individuelle, plus productive dans les nouvelles conditions historiques. La nécessité du travail en commun, de l’économie communautaire se faisait de moins en moins sentir. Si le travail en commun entraînait nécessairement la propriété commune des moyens de production, le travail individuel requérait la propriété privée.

    L’apparition de la propriété privée est inséparable de la division sociale du travail et du progrès des échanges. Ceux-ci se firent au début par l’entremise des chefs des communautés gentilices (anciens, patriarches) au nom de la communauté qu’ils représentaient. Ce qu’ils
    échangeaient appartenait à la communauté. Mais avec le développement de la division sociale du travail et l’extension des échanges, les chefs des gentes en vinrent peu à peu à considérer le bien de la communauté comme leur propriété.

    Le principal article d’échange fut d’abord le bétail. Les communautés de pasteurs possédaient de grands troupeaux de moutons, de chèvres, de bovins. Les anciens et les patriarches, qui jouissaient déjà d’un pouvoir étendu dans la société, s’habituèrent à disposer de ces troupeaux comme s’ils étaient à eux. Leur droit effectif de disposer des troupeaux était reconnu par les autres membres de la communauté. De la sorte le bétail, puis peu à peu tous les instruments de production devinrent propriété privée. C’est la propriété commune du sol qui se maintint le plus longtemps.

    Le développement des forces productives et la naissance de la propriété privée entraîna la désagrégation de la gens. Celle-ci se décomposa en un certain nombre de grandes familles patriarcales. Du sein de ces dernières se dégagèrent par la suite certaines cellules familiales qui firent des instruments de production, des ustensiles de ménage et du bétail leur propriété privée. Avec les progrès de la propriété privée les liens de la gens se relâchaient. La communauté rurale, ou territoriale, se substitua à la gens. À la différence de celle-ci, elle se composait d’individus qui n’étaient pas forcément liés par la consanguinité. L’habitation, l’exploitation domestique, le bétail étaient la propriété privée de chaque famille. Les forêts, les prairies, les eaux et d’autres biens restèrent propriété commune, de même que, pendant une certaine période, les terres arables. Celles-ci, d’abord périodiquement redistribuées entre les membres de la communauté, devinrent à leur tour propriété privée.

     L’apparition de la propriété privée et de l’échange marqua le début d’un bouleversement profond de toute la structure de la société primitive. Les progrès de la propriété privée et de l’inégalité des biens déterminèrent chez les divers groupes de la communauté des intérêts différents. Les individus qui exerçaient les fonctions d’anciens, de chefs militaires, de prêtres mirent leur situation à profit pour s’enrichir. Ils s’approprièrent une partie considérable de la propriété commune. Les hommes qui avaient été investis de ces fonctions sociales, se détachaient de plus en plus de la grande masse des membres et formaient une aristocratie dont le pouvoir se transmettait de plus en plus par hérédité. Les familles aristocratiques devenaient aussi les plus riches, et la grande masse des membres de la communauté tombait peu à peu, d’une manière ou d’une autre, sous leur dépendance économique.

    Grâce à l’essor des forces productives, le travail de l’homme, dans l’élevage et l’agriculture, lui procura plus de moyens d’existence qu’il n’en fallait pour son entretien. Il devint possible de s’approprier le surtravail ou travail supplémentaire et le surproduit ou produit supplémentaire, c’est-à-dire la partie du travail et du produit qui excédait les besoins du producteur. Il était donc profitable de ne pas mettre à mort les prisonniers de guerre, comme auparavant, mais de les faire travailler, d’en faire des esclaves. Les esclaves étaient accaparés par les familles les plus puissantes et les plus riches. À son tour, le travail servile aggrava l’inégalité existante, car les exploitations utilisant des esclaves s’enrichissaient rapidement. Avec les progrès de l’inégalité des fortunes, les riches se mirent à réduire en esclavage non seulement les prisonniers de guerre, mais aussi les membres de leur propre tribu appauvris et endettés. Ainsi naquit la première division de la société en classes : la division en maîtres et en esclaves. Ce fut le début de l’exploitation de l’home par l’homme, c’est-à-dire de l’appropriation sans contre-partie par certains individus des produits du travail d’autres individus.

    Peu à peu les rapports de production propres au régime de la communauté primitive se désagrégeaient et étaient remplacés par des rapports nouveaux, qui correspondaient au caractère des nouvelles forces productives. Le travail en commun fit place au travail individuel, la propriété sociale à la propriété privée, la société gentilice à la société de classes. Désormais l’histoire de l’humanité sera, jusqu’à l’édification de la société socialiste, l’ histoire de la lutte des classes.

    Les idéologues de la bourgeoisie prétendent que la propriété privée a toujours existé. L’histoire dément cette assertion ; elle atteste que tous les peuples ont passé par le stade de la communauté primitive, qui est fondée sur la propriété commune et ignore la propriété privée.

    Les représentations sociales à l’époque primitive.

    À l’origine, l’homme primitif, accablé par le besoin et les difficultés de la lutte pour l’existence, ne s’était pas encore entièrement détaché de la nature environnante. Il n’eut pendant longtemps aucune notion cohérente ni de lui-même, ni des conditions naturelles de son existence.

    Ce n’est que peu à peu qu’apparaissent chez lui des
    représentations très limitées et primitives sur lui-même et sur les conditions de sa vie. Il ne pouvait encore être question de conceptions religieuses, que les défenseurs de la religion prétendent inhérentes de toute éternité à la conscience humaine. C’est seulement par la suite que l’homme primitif, incapable de comprendre et d’expliquer les phénomènes de la nature et de la vie sociale, se mit à peupler le monde d’êtres surnaturels, d’esprits, de forces magiques. Il animait les forces de la nature. C’est ce qu’on a appelé l’animisme (du latin animus : âme). De ces notions confuses sur l’homme et la nature naquirent les mythes primitifs et la religion primitive où l’on retrouvait l’égalitarisme du régime social. L’homme, qui ignorait la division en classes et l’inégalité des fortunes dans la vie réelle, ne hiérarchisait pas non plus le monde imaginaire des esprits. Il divisait ceux-ci en esprits familiers et étrangers, favorables et hostiles. La hiérarchisation des esprits date de l’époque de la désagrégation de la communauté primitive.

    L’homme se sentait intimement lié à la gens ; il ne se concevait pas en dehors de celle-ci. Le culte des ancêtres communs était le reflet idéologique de cet état de choses. Il est significatif que les mots « moi » et « mon » n’apparaissent qu’assez tard dans la langue. La gens exerçait sur chacun de ses membres un pouvoir extraordinairement étendu. La désagrégation de la communauté primitive s’accompagna de la naissance et de la diffusion de notions centrées sur la propriété privée, ce dont témoignent éloquemment les mythes et les idées religieuses. À l’époque où s’établirent les rapports de propriété privée et où l’inégalité des fortunes commença à s’affirmer, on prit l’habitude dans de nombreuses tribus, de conférer un caractère sacré (« tabou ») aux biens que s’étaient attribués les chefs des familles riches (dans les îles du Pacifique le mot « tabou » s’applique à tout ce qui est frappé d’interdiction, soustrait à l’usage général). Avec la désagrégation de la communauté primitive et l’apparition de la propriété privée, l’interdit religieux consacra les nouveaux rapports économiques et l’inégalité des fortunes.

    Résumé du chapitre 1

    1. C’est grâce au travail que les hommes se sont dégagés du règne animal et que la société humaine a pu se constituer. Le travail humain est avant tout caractérisé par la confection d’instruments de production.

    2. Les forces productives de la société primitive se trouvaient à un niveau extrêmement bas, les instruments de production étaient extrêmement primitifs. D’où la nécessité du travail collectif, de la propriété sociale des moyens de production et de la répartition égalitaire. Sous le régime de la communauté primitive, l’inégalité des fortunes, la propriété privée des moyens de production, les classes et l’exploitation de l’homme par l’homme étaient inconnues. La propriété sociale des moyens de production était limitée au cadre restreint de petites communautés plus ou moins isolées les unes des autres.

    3. La loi économique fondamentale du régime de la communauté primitive consiste à assurer aux hommes les moyens d’existence nécessaires à l’aide d’instruments de production primitifs, sur la base de la propriété communautaire des moyens de production, par le travail collectif et par la répartition égalitaire des produits.

    4. Pendant longtemps les hommes, qui travaillaient en commun, accomplirent le même genre de travail. L’amélioration progressive des instruments de production contribua à l’établissement de la division naturelle du travail selon le sexe et l’âge. Le perfectionnement ultérieur des instruments de production et du mode d’obtention des moyens d’existence, le développement de l’élevage et de l’agriculture firent apparaître la division sociale du travail et l’échange, la propriété privée et l’inégalité des fortunes, entraînèrent la division de la société en classes et l’exploitation de l’homme par l’homme. Ainsi, les forces productives accrues entrèrent en conflit avec les rapports de production ; en conséquence, le régime de la communauté primitive fit place à un autre type de rapports de production, à la société esclavagiste.

     


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  • "L’Humour est la politesse du désespoir..."Encore un suicide lié aux conditions de travail Le salarié de France Telecom qui s’est suicidé le 26 mars, dans un centre du groupe à Mérignac, près de Bordeaux renvoie à la liste des suicides survenus sur le lieu de travail et qui avait permis de mettre en place un Observatoire du stress et des mobilités forcées. Les syndicats en effet dénonçaient les mobilités forcées génératrices de drames humains avec des suicides directement liés aux conditions de travail.

    Des syndicats qui ont porté plainte conte l’entreprise ont amené l’inspection du travail à déclarer « que France Télécom-Orange assume en conséquence la responsabilité des risques psychosociaux engendrés par l’entassement des télés conseillers et la dégradation de leurs conditions de travail ».

    La revue « santé et travail» du mois d’avril, revue éditée par des mutualistes s’intéressait à la prévention des risques psychosociaux au travail,
    (RPS) en matière de prévention au travail. On y apprend que les accords signés dans un tiers des entreprises de plus de 1000 salariés laissent à désirer. On y apprend également que le ministre du Travail, Xavier Bertrand se doit effectuer un bilan de ces accords, dont la négociation est obligatoire dans les grandes entreprises depuis 2009. Cependant malgré cette obligation seulement 230 entreprises ont rédigé ce rapport sur les 1300 sociétés concernées, selon la revue. De plus ces accords occultent l’articulation entre le stress et le travail. En effet « Au lieu de mettre en avant le fait que l’organisation du travail ne donne plus aux salariés les moyens dont ils ont besoin pour faire un travail de qualité, elle fait reposer sur les personnes la responsabilité de leur stress. » le stress pour les salariés serait la conséquence « d’un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face » En d’autres termes ON FAIT REPOSER SUR LE salarié LA RESPONSABILITÉ DE son STRESS. Le salarié stressé ne peut s’en prendre qu’à lui-même. En conclusion, « la personne doit se soigner alors qu’elle fait justement une maladie de ne pas pouvoir soigner son travail, de réaliser un travail bien fait un travail de qualité.

    Les actions mises en œuvre sont dans cette logique ’un soutien individuel avec un numéro vert» Renault « a été une des premières entreprises à
    installer en son sein, dès les années 1990, un observatoire du stress ». Cependant on note des suicides en 2006 et 2007 au Technocentrede Guyancourt (Yvelines).

    Pour réaliser un travail bien fait et de qualité il faut une organisation de proximité tout en évitant le taylorisme. Or de nos jours c’est l’inverse qui se passe et dans de nombreux secteurs Alors ces accords On peut douter de leur efficacité

    Martine Lozano militante associative

     


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